Dans les souvenirs de nos premières années en Guyane...
10/03/2002
Ce jour est un de ces dimanches ensoleillés pendant la saison des pluies : il faut donc profiter ! Maillots, casse-croûte, fil pour pêcher, coup de tél pour la réservation d'un canoë, et hop, direction route de l'est via la nationale. Au carrefour du Galion, juste à l'angle vers la route de Montsinéry, on s'arrête au Emerald Jungle Village.
Le proprio hollandais nous explique avec son gentil accent, comment s'y prendre : "madame à l'avant, monsieur à l'arrière" "entrer un par un" "pas gigoter" , etc... Après toute l'initiation au fixage de la barque sur le toit de notre petite 106, il nous conseille, comme c'est notre première fois, d'aller sur la crique Gabrielle, et surtout de faire attention au courant et au retour avant la tombée de la nuit.
L'excitation de la découverte d'une nouvelle expérience monte en nous. Mais il faut rouler prudemment. Direction donc la route de Roura. Comme tous les dimanches, au niveau du pont, de nombreuses voitures avec remorques sont garées sur le parking de l'embarcadère. Descendre le canoë de la voiture n'était pas trop compliqué, à peine un peu lourd...
A l'eau, le plastique fait très, très léger. Et maintenant ? On bourre la touque de nos petites affaires, et honneur à la femme ! Un pieds dedans : la barque tremblote : j'ai l'air d'un clown équilibriste ! Deuxième secousse vertigineuse quand l'autre pieds vient essayer de stabiliser l'ensemble. On ne peut s'empêcher d'éclater de rire. On en a fait de la pirogue jusque là ! Mais le canoë n'a rien à voir !!! Le réflexe, c'est évidemment de s'asseoir...
Une fois bien installés, on laisse nos instincts diriger l'engin. La pagaye commence. Allonger. Tirer. Pagayer. Pagayer. On va vers la mer. Au large, le soleil éblouit. Mais très vite, on quitte cette impression de grandeur, de vaste et de liberté pour pénétrer sur notre droite dans un couloir végétal, qui au fur et à mesure se rétrécit. Pour une première fois, on ne se débrouille pas si mal que ça !
Les efforts deviennent plus rudes quand le courant va contre nous. De petits tourbillons venus des profondeurs, nous font parfois dévier, ou stagner alors que nous ramons ! Là encore fous rires ! On se retrouve à zigzaguer, à tourner en rond, ou pire, coincés sur les bas-côtés, entre les racines des palétuviers, après être parti à la dérive, happé par le courant pendant 20 mètres ! Il faut alors pagayer fort.
Puis, plus rien. Le génie de l'eau fait le mort ! Calme plat. On ralentit notre rythme et glisse alors tranquillement. C'est le moment de mettre à l'eau notre fil à pêche. On s'habitue et prend goût au canoë. On fait quelques pauses, histoire de goûter au bonheur d'être là, scruter les singes dans la jungle environnante, bouquiner un peu, surveiller le bout de scoubidou bricolé qui sert de bouchon à la pêche...
La fameuse crique Gabrielle est effectivement belle. Sauvage et paisible à la fois. C'est un réel plaisir de la découvrir de cette manière. Mais... car il y en a un....
Aujourd'hui c'est dimanche, et comme la jolie crique est une des plus proches de Cayenne, des moteurs de jet-ski ou de coques alu motorisées viennent souvent interrompre le silence de la nature sauvage, et nous compliquer la tâche en créant des vagues et des remous ! C'est que la "route" est étroite !!!
Ainsi se passe notre journée. Sportivement tranquille ! On doit parfois passer sous des troncs d'arbre tombés, mais rien de bien périlleux. On se demande où est le bout. Les plaisanciers rencontrés nous disaient que c'était encore assez loin. C'est que pour une première, on y est allé doucement ! Apparemment, on n'a pas atteint la savane inondée ! Et le temps passe. Il ne faut pas se laisser prendre par la nuit alors on décide de faire demi-tour.
Dans le sens inverse, aucune difficulté, aucun effort : un vrai régal ! Il n'y avait qu'à se laisser emporter par le courant qui nous ramenait vers le Mahury, diriger le canoë, écouter les oiseaux et le doux clapotis de l'eau.... On y replonge en le racontant !