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Carnet de vadrouilleurs
4 novembre 2004

Toussaint sauvage sur l'Inini

L'Inini ? Drôle de nom ! Un arbre ? Une plante endémique ? Un inselberg ? Un camp d'orpailleurs ? Une mission secrète ? Non, rien de tout ça ! Les spécialistes de l'histoire de la Guyane savent sûrement que c'est le nom de la partie intérieure de la Guyane avant qu'elle ne soit un département, mais de nos jours, c'est surtout le nom d'une crique, d'une petite rivière qui s'enfonce petit à petit dans la sombre forêt guyanaise habitée par des myriades d'insectes et des théories de fauves !

Pour nous, c'est surtout un de nos lieux de repos d'élection ! Nous connaissons bien cette petite crique pour y avoir souvent pagayé et pour y avoir déjà passé des nuits. Un jour, un week-end, une semaine de dispo, on ne sait comment, on finit souvent là ! Nous avons dû être ensorcelés par le génie de ces lieux... Son royaume est un havre de paix, où règne la nature. Nous y apprécions le calme : la rivière est étroite et parfois si peu profonde que les grandes embarcations ne peuvent y accéder facilement. La plupart du temps, nous y sommes donc seuls.

Sauvageons

Malgré les quelques carbets qui ont été construits, nous préférons nous installer en pleine nature entre les arbres, sur un terre plein surélevé qui domine la crique. Nous étendons notre bâche qui va nous protéger d’une bonne pluie le premier jour, accrochons nos hamacs qui nous servira de lit pendant une semaine, disposons nos touques, - grosses barriques de plastique qui permettent de ranger nos effets à l'abri de la pluie, et le tour est joué !

Les journées s’écoulent et se déroulent au rythme du soleil, au gré du temps qu’il fait et surtout de la marée, - car même si l'Inini est à l'intérieur des terres, elle est soumise au régime des marées.

Ici, à marée basse, des bancs de sable affleurent et forment des sites de baignade attractifs. Plage de petits cailloux colorés, îlots de sable ou de plantes aquatiques qui surgissent de nulle part, eaux claires et limpides, au milieu de la verdure amazonienne. Il y a bien des rabat-joie qui incitent à la méfiance : attention, des raies venimeuses se cacheraient sous ces bans de sable... Fi ! Notre plaisir est de barboter dans ces eaux transparentes à peine remuées par le courant.

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A marée haute, le génie des lieux change d’humeur et couvre l’Amazonie de sa voile mystérieuse. La crique devient si plate et si noire, qu’on se demande quel genre de monstre hante ses fonds. A ces moments là, on préfère alors pagayer. La barque glisse lentement sur un miroir interminable, d’où l’on voit défiler la majestueuse forêt dans ses moindres détails. De temps en temps des feuilles mortes décomposées en liquide blanchâtre, des nuées de moucherons, un poisson volant, le bleu profond des ailes fragiles du  fameux papillon morpho viennent éveiller notre esprit aspiré par l’Inini. 

La végétation qui borde la crique est classique : mangrove qui déploie ses racines aériennes, grands arbres qui s'éffondrent parfois et obstruent le cours. Ce n'est pas grave : notre embarcation est si légère qu'il suffit de descendre et de la soulever ! Seul le chat est inquiet lors de l'opération.

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Tarzan, Jane, et bien sûr, Chita !!

Oui, depuis que notre famille s’est agrandie avec Uyuni, le chat, nous avons pris l’habitude de partir à trois en forêt sur les fleuves de Guyane ! Pour cette expédition, il a donc évidemment été de la partie ! L’occasion pour lui de retrouver ses instincts de fauves…. de changer des poufs malgaches, pour se prélasser à la place sur des nids de fourmis… de chasser encore plus que dans le jardin, bien qu’il ne se limite qu’aux lézards et aux insectes… La nuit, il sert de fourrure à xav, qui n’a pas la chance comme titine d’avoir un sac de couchage contre les frissons de la fraîcheur sylvestre au petit matin.

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Quand la lumière baisse, assez tôt vu l'épaisseur de la forêt, on allume une bougie et nous écoutons le concert qui commence. Il y a moins de vent alors de nombreux insectes rivalisent de sonorités pour s'aérer. Ils doivent appartenir à la famille des cigales, mais il y a beaucoup de cousins ! Des milliers d’êtres minuscules dansent à la surface de nos peaux en sortant du bain frais et revigorant de la crique. Il faut lutter contre les taons qui en ont spécialement contre la chair tendre de titine, enfiler pantalons et se protéger des moustiques coriaces. Quelques chauve-souris rasent notre campement, des lucioles clignotent autour sans que le chat n'arrive à les attraper, et des centaines d'insectes viennent se tuer dans la flamme vacillante de notre bougie. Ce n'est pas un pogrom, tous les soirs il y en avait autant ! Nous pouvons alors commencer à grignoter, et préparer le dîner. Quand la bougie est finie, les singes se mettent à hurler, c'est alors signe pour nous qu'il faut rejoindre le hamac, d'autant qu'à l'est, on voit la lune veilleuse qui point à travers la canopée...

Rêveries en hamac, défilés de pages de livres, plaisirs simples de la vie et de la nature, les nuits et les jours se succèdent ainsi pendant une semaine, loin de la civilisation et du monde. De quoi bien se ressourcer avant la reprise demain !!!!

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