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Carnet de vadrouilleurs
30 janvier 2005

Rivière des cascades (suite et fin)

Place au soleil ! Ca c’est magique en Guyane ! Quelques minutes avant c’était tout gris et il a plu en trombe, quelques minutes après, le ciel est bleu et ensoleillé !

La rivière des cascades est charmante, relativement petite mais suffisamment large pour être assez dégagée et laisser les rayons du soleil nous dorer. Couloirs d’embranchements par-ci par-là. Passages (au fur et à mesure que l’on s’enfonce) d’abord noirs, puis couleur saumon, et « au bout » transparents.  Plagettes et bans de sable propice à de bonnes baignades dans les profondeurs de la forêt. Ici, aucun carbet et aucune embarcation !! Décor. Cris d’oiseaux au loin. Légers battements d’ailes bleues des papillons morphos dansantes. Froissements de verdure (des singes ?) dans les hauteurs des arbres géants de la forêt. Luxe, calme et volupté. On est bien ici !! On se demande où sont les cascades à l’origine du nom de cette rivière… Peut-être sont-ce tous ces petits écoulements d’eaux qui viennent des terres argileuses de part et d’autre de la rivière ? C’est vrai que c’est tout à fait particulier, et qu’en laissant bien planer son imagination à l’écoute du bruit que ça fait, on pourrait penser à des cascades en miniature…

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Fin d’après-midi. La marée est bien basse. Oui, oui, on ne l’a pas encore évoqué… A cause de l’immensité du fleuve Amazone, la marée, basse ou haute, est très intense dans la région, et se fait donc ressentir en profondeur des terres, jusqu’à des centaines de kilomètres de la mer, dans les fleuves et rivières au fin fond de la forêt… étrange, mais vrai ! La marée est donc bien basse. De la surface de l’eau, des troncs et des branches surgissent. A certains endroits, il n’y a presque plus d’eau. Se forment alors des îlots caillouteux colorés de quelques touffes d’herbes. Le paysage est plus ou moins similaire sur la crique Inini (pas très loin d’ici) en marée basse. On a donc l’habitude.

Mais un méga gag nous attend au dégrad où l’on a mouillé la pirogue (et où il faudra donc la remonter sur la voiture). La marée basse a retiré avec elle une bonne partie de la rivière, ne laissant à cet endroit-là que quelques bons mètres d’argile noire bien gluante et grouillant de crabes !!!!!!! Comment tirer la pirogue jusqu’au chemin sans trop patouiller dans la boue, mais surtout sans se faire pincer par les milliers de crabes qui se promènent par là ?!! Crise de fous rire pendant quelques bonnes minutes !!! On n’a que nos tongues, et pas beaucoup de choix. Je propose « un plan d’enfer » à Xavier. Lancer jusqu’au chemin une extra longue corde bien solidement attachée à la pirogue. Se débrouiller en sautant sur les restes de pirogues kapoutes parquées un peu plus loin sur le côté pour éviter au mieux la vase et les crabes… Passer dans la broussaille folle où l’on peut imaginer dix mille autres sortes de bébètes un peu plus gentilles que les crabes… Puis tirer la pirogue (une soixantaine de kilo seulement…) de la boue (ça par contre ça alourdit plus…), avec la longue corde !! J’ai vraiment vu trop de Mac Gyver dans mon enfance, d’après xav.

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Il préfère juste compter sur les herbes folles sur le côté. Crises de fous rire à nouveau !! Car au sol, sous les herbes, il n’y a rien que de la vase… et des crabes !!!! Au premier pas, il perd sa savate après un bon schhplooocht qui l’enduit de gris foncé jusqu’au genou !!! Le reste du chemin se fera pour lui sans trop réfléchir (au point où il en est) dans la boue, droit devant ! Un vrai commando !! Il atteint le chemin avec de nouvelles bottes grises assorties avec son maillot de bain, et de supers gants (drôle d’idée sous cette chaleur…) (« collé dans la boue », perdant l’équilibre, il a dû aussi y plonger la main) (sans parler des maintes tentatives de pêche des savates englouties par la vase)… La chance dans cette histoire, c’est de n’avoir pas été pincé du tout !! Une fois le sol dur atteint, il récupère la corde que je lui lance depuis la pirogue et à mon tour...

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Hésitant des minutes durant, la peur au ventre et pourtant le rire toujours aux lèvres (tellement comique la situation !!), à mes risques et périls, je bondis de tout mon élan, en plongeant sur plusieurs mètres contre les pirogues kapoutes. Si je rate, je pique le nez dans la boue, c’est sûr, et c’est une séance de beauté gratuite à l’argile noire et de laideur aux pinces de crabes à laquelle j’aurai droit !! … Ouf ! Je m’en sors avec un seul pied dans la boue jusqu’au niveau de la cheville. La suite n’est alors plus qu’un jeu d’enfant. Equilibre sur ce qui reste de deux vieilles pirogues en bois suffisamment longues à elles-deux pour atteindre sans difficulté le sol dur. Après, c’est un passage dans la broussaille folle et haute, peut-être plein de pous d’agoutis, de fourmis rouges et autres bébètes, mais en tout cas bien c’est de loin bien plus rassurant que la vase noire grouillant de crabes…

Première étape difficile mentalement mais passée plus ou moins bien. Deuxième étape plus rude physiquement. On tire avec peine la pirogue au ho-hisse… il y a le poids, il y a la boue qui ralentit tout, il y a les « gants » à xav qui noircissent et font glisser la corde, et il y a en plus le ridicule de la situation qui nous fait toujours rire. Au bout d’au moins une bonne demi-heure, la pirogue est sur le toit de la voiture. Le plan a marché. Merci Mac Gyver.

Belle exploration, belle aventure… Une journée pleine d’émotion !!

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