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Carnet de vadrouilleurs
12 juin 2005

Dernier jour sur l'Orapu

La troisième journée de l’expédition découverte de l’Orapu est assez classique et assez similaire à la veille, sans bien sûr le coup du kangoupoissonchat ! Mais d’autres surprises nous attendent !! Comme c’est la dernière journée, nous profitons un maximum de la rivière. D’abord des parties de baignade folles dès le réveil. De même après le petit déjeuner. Puis, nous partons en ballade, mais sans pagayer, histoire de faire tourner un peu le moteur. Pas de chance, ça ronfle à vide. Il y a un problème. Xav essaye de bidouiller une première fois dans la machine, mais rien, ça n’avance pas. Contrairement au Kourou ou à l’Inini, nous avons remarqué depuis hier que l’Orapu ne change pas le sens de son courant ! Heureusement ! Ca nous arrange car celui-ci est favorable à notre direction, pour le retour au bivouac et le retour dans l’après-midi au dégrad, si le moteur ne fonctionne pas d’ici là... Nous prenons conscience du risque qu’on prend à être parti ainsi et tomber en panne ! C’est vrai qu’un des buts de l’expédition c’est la pagaye, le canoë, mais le moteur est toujours nécessaire au départ et au retour d’un dégrad, quand on a beaucoup de chemin à faire avec tout l’équipement, et pour lutter contre le courant qui peut parfois être très violent. Si le courant n’allait pas dans notre sens, nous aurions sûrement eu du mal à revenir à la voiture ! Et personne n’aurait eu l’idée de venir nous chercher ici car nous sommes un peu partis sur un coup de tête, sans en avoir parlé autour de nous. Belle leçon ! Mais pour cette fois, nous avons de la chance !

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Sans trop soucier, nous continuons donc notre ballade sportivement, à la pagaye à contre courant. Les kilomètres de l’Orapu de part et d’autre du bivouac nous deviennent familier. Nous commençons à bien connaître la position des troncs dans l’eau, leur situations, les courbes de la rivière, les types d’arbres aux alentours… De ce fait, un sentiment de confiance par rapport à l’environnement s’instaure en nous. La ballade est toujours aussi belle. Et les bouts de rochers plantés dans la glaise à un endroit précis n’arrête pas de nous surprendre ! A croire que quelqu’un est venu les poser là !

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La journée continue tranquillement. Canoë suspendu à une corde, nous pêchons sérieusement. Il fait chaud. Dans les murmures de l’amazonie, le bruit légèrement serpentin du nylon du fil à pêche au lancer, et le bruit sec de la tombée du hameçon à l’eau passionnent Titine. Récurrence infatigable des gestes. Les poissons mordillent et jouent à tirer sur les appâts. Le fil se met alors à vibrer dans la main. Provocations. On tire doucement, par léger à coup, puis d’un geste sec. Sous l’eau il y a toujours du répondant. Le fil se tend parfois, mais quand le hameçon refait surface, le poisson a déjà pêché l’appât et disparu on ne sait où !  Nous n’avons jamais su pêcher, mais le bonheur se découle dans les heures qui passent là, en contact direct avec la forêt. Moments magiques. Entre temps, xav réussit à réparer le moteur. La pièce la plus fragile de l’appareil nécessitait un changement. Et comme par hasard, c’était la seule pièce de rechange que nous avions sur nous !!

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Après le déjeuner, nous décidons de défaire petit à petit le bivouac. Il ne faut pas trop tarder car en plus du retour en canoë, on aura encore de la route à faire. C’est vrai que l’Orapu est loin de tout !! Heureusement que le rangement est toujours plus simple que l’installation ! En un moins de temps, tout est d’ailleurs défait. Les lieux sont propres et vide de nos traces. Nous sommes prêts à partir, sauf que… Uyuni n’est pas là !! Le gros matou a dû partir pour son moment de sieste !!!!! Il a bien mangé à midi, et dans ces cas là, il ne veut rien entendre, il ronfle ! Il est quinze heures. Le canoë est chargé, et nous nous retrouvons là, dans la jungle, au bord de l’Orapu, à attendre notre chat qui se lèche complètement la queue de nos appels. Après avoir tourné une heure dans la forêt, à crier son nom, et à se faire répondre uniquement par des cris d’oiseaux, nous nous résignons. Quelques nuages d’inquiétude dans nos têtes ne peuvent s’empêcher de flottiller … « et s’il lui est arrivé quelque chose ? » « et s’il s’est perdu ? » « et s’il ne revenait pas avant la tombée de la nuit ? » « et s’il ne revenait pas demain ? »… nous restons silencieux à attendre, un hamac à nouveau accroché, et un tabouret déplié. Seize heures, toujours rien. Nous crions de temps à autres ses petits noms. Sifflements, secousses de croquettes dans sa boîte, tout y passe, en vain ! Quand nous commençons à calculer nos restes de réserve, et réfléchir au moment où on laissera tomber l’attente le lendemain, voilà notre chat qui ressurgit tranquillement de son petit coin de la forêt, s’étirant d’abord les pattes arrières, ensuite le postérieur en hauteur, s’étirant les pattes avant, le tout accompagné d’un long bâillement qui s’achève par un miaulement d’étonnement ! C’est bien notre Uyuni, ça !!! Seize heures trente, dix-sept heures, nous nous précipitons pour remballer ce qui reste, mettre le chat dans sa boîte et quitter les lieux avant la tombée de la nuit !

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Le soleil tombe sur l’Orapu. La rivière et la forêt deviennent une palette luxuriante de vert et de jaune. La lumière est rase mais éblouissante. Vibration dans l’atmosphère. La jungle entière s’agite. C’est l’heure aussi pour les animaux. Comme un signe d’au revoir, la nature déploie toute sa beauté sauvage à notre passage. C’est dans ces images inoubliables et un pincement au cœur que nous cheminons vers le retour à la civilisation.

Dernière surprise du jour, au dégrad : on aurait dit que le niveau de l’eau a baissé ! Un impressionnant tas de feuillages s’est accumulé sur quelques mètres avant l’accès au sol ! Heureusement que nous sommes légers car sous l’épaisseurs du feuillage impénétrable par le canoë, l’eau est encore profonde. Titine ouvre la crise de fou rire ! Les deux premiers pas, elle échappe à la nage dans l’épais tas de feuilles pourries. Mais juste après, l’épaisseur rétrécit, et c’est dans la boue qu’elle se retrouve jusqu’au niveau du genou ! Chplok ! chplok ! A part éclater de rire et espérer n epas se faire mordre par une bébête dans la boue, il n’y a rien d’autre à faire ! Nous devons tripler d’effort pour tirer dans ces conditions le canoë chargé, sous les yeux boudeurs du chat qui doit patienter dans sa boîte ! Quelle expédition !!

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