Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnet de vadrouilleurs
16 octobre 2005

Miss Tuning Cayenne

Nous rentrions de Rochambeau après une session de Salsa. Arrivés au croisement Kourou Cayenne, on se dit, tiens pourquoi ne pas profiter de la proximité de la capitale pour assister à la fin de la fête patronale cayennaise. Cela fait longtemps que nous n'étions pas allé à cette fête ! Vers 9 heures du soir, les rues de Cayenne animées un dimanche, en dehors du carnaval, c'est pas tous les jours ! 

On se fraye un chemin jusqu'à l'épicentre, la place des Palmistes, cernée de palmiers centenaires, est le haut lieu de l'animation. C'est pourquoi les animateurs n'hésitent pas à scander à intervalles réguliers : vous êtes dans la place, phrase que j'accueille d'une moue dubitative, en effet je trouve "sur" la place plus approprié.

La scène est occupée par un groupe guyanais qui sert un zouk propre et efficace, qui peine cependant à enflammer le public et à faire onduler les corps. La raison ? Un périmètre de 100 mètres autour de la scène est inaccessible aux spectateurs repoussés derrière des barrières métalliques. Compte tenu que c'est le dernier jour de la fête, on ne peut pas dire que c'est l'ambiance des grands soirs, mais c'est une donnée récurrente des soirées place des Palmistes ! Ce n'est qu'un peu plus tard qu'on comprend : un "show" super original va se dérouler devant la scène, une première en Guyane, Miss Tuning !

Pour ceux qui s'attendraient à un défilé de jeunes personnes ayant customisé leurs corps, arrangé une partie défaillante, ou redressé une forme bizarre, vous n'y êtes pas. Le principe est simple : des voitures, des "filles", un jury, chargé d'évaluer l'esthétique de la voiture et de sa représentante...

Ne soyez pas rabat-joie, à vous dire, qu'est-ce que c'est que ces épreuves nazes servis aux pauvres guyanais, il faut essayer de percer l'intérêt et l'engouement populaires autour de cette activité. Car le public s'est approché, la foule s'est densifiée sur la place, seulement, il n'y a pas de voiture, et le speaker nous invite à la patience : il ne pensait pas qu'il y aurait tant de monde ce soir, les voitures ont du mal à tracer leur route, avec les embouteillages, il va falloir meubler un peu ! Nous nous regardons Heritina et moi : héhé, toujours pareil, jamais capable d'enchaîner les "artistes". Ok ! On n'est pas pressé, c'est dimanche ! Alors on va écouter quelques rappeurs mâtinés de rastamen. Ok ! Un groupe de danseuses pré-pubères, que je nomme filles fesses, dans la mesure où leur chorégraphie se résume à comment mettre en valeur la susdite partie du corps. Autre groupe de danseuses, choré RNB un peu plus sophistiqué, tennis montantes jusqu'aux genoux, comme ça on est pas autant obnubilé par les fesses, même si elles bougent autant ! Ok ! Un petit hommage à un jeune du pays mort pendant les vacances dans un accident de voiture, avec un petit discours lu par ses amis. Très bien, très consensuel, surtout le message final : le tuning c'est bien, la vitesse ça tue.

Et enfin le spectacle commence. Deux motos ouvrent le convoi et escortent une voiture rouge virile. Elle a trois pots d’échappement, d’une taille impressionnante, d’une brillance éblouissante. Sa carrosserie est celle d’une navette spatiale, sa couleur celle d’une toile de Lichentsein. A une allure modérée (il y 60 mètres de piste), ce qui ne l’empêche pas de vrombir d’excitation, la voiture vitres teintées défile sur la place et s’immobilise devant la table du jury. Le chauffeur descend et ouvre la porte de la passagère. Le spectacle commence là.

La jeune fille qui en sort, en tenue légère, très légère, se lance dans une chorégraphie, dont la tonalité était connue d’avance, par l’entremise du speaker ayant déjà vanté la sensualité de la danse des Miss et insisté sur la dimension « expression corporelle » de la dite danse. On  était fixé. On n’allait pas être déçu. Après avoir fait le tour de sa voiture sur des hauts talons, le faire-valoir de la voiture se lance dans une série de déhanchements, dont l’intention perceptible est de simuler une manœuvre sexuelle et d’y inciter en même temps. Alors qu’elle imitait la pause d’une personne jouant à saute-mouton et qu’elle ondulait le bas du dos, elle adopta soudain la pose du poirier, agitant ses jambes bottées au ciel, les ouvrant aux étoiles, les cuisses secouées de saccades comme des gigots bringuebalés dans un camion frigorifique. Ses jambes passent derrière sa tête, et la voilà en appui sur ses pieds et ses bras, dans un mouvement d’avant et d’arrière frétillant.

Et la voiture ? Vous vous demandez peut-être pourquoi Miss « Tuning » ? Détrompez vous si vous croyez que la jeune femme fera une démonstration de conduite sur la piste. Ou qu’elle mettra les mains dans le moteur et manipulera les pistons. La voiture devient l’accessoire de la chorégraphie de la bacchante. Inutile, je pense, que je développe les figures possibles, assise sur un capot dans une figure évocatrice, la jambe abandonnée en travers d’une fenêtre ouverte, ou utilisant le pare-choc comme piédestal. Quelques poses saillantes, les mains posées avec habileté sur le toit du véhicule, et la Miss n°1 allait laisser place à la Miss n°2. Un peu plus ou un peu moins décente que la précédente, et il y en eut six ainsi, variant la chorégraphie selon qu’elle sût faire le grand écart ou non, qu’elle fût capable d’être suggestive ou de n’être que vulgaire. Le public est alors invité à vociférer à proportion de son excitation, pour marquer son attirance pour telle ou telle candidate, et la voiture, qu’on l’encourage à applaudir. La jeune femme remonte et la tunnée quitte le centre de la piste, accompagnée de son escorte, et retourne se garer, pendant que l’autre candidate….

Le croirez-vous ? Nous avons vu les six ! Mais nous n’avons pas vociféré.

Nous quittâmes Cayenne à 23h45, pendant la seconde manche, où les jeunes femmes devaient défiler en « tenue élégante », sans « l’expression corporelle » précédente. Pas la patience d’attendre le groupe cubain qui devait nous faire danser la salsa, oui, sur la piste, où les barrières auraient été enlevées.

Inutile de vous dire que le lendemain, nous n’achetâmes pas « France Guyane », ni n’écoutâmes les informations à la radio pour savoir qui était élue Miss Tuning de Guyane.

mis_tuning1  mis_tuning2

Ps : vous aurez deviné (j'espère) que celles-là ne sont  pas de Guyane... c'était juste pour vous donner une idée de l'esprit de "miss tunning"...

Pps : ne cliquez pas sur les images, elles ne s'agrandiront pas...

Publicité
Publicité
Commentaires
M
je veux voir les machine
Répondre
Carnet de vadrouilleurs
Publicité
Publicité