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Carnet de vadrouilleurs
16 décembre 2005

Début de la saison des pluies

Avec toutes ces histoires d’insécurité, de cambriolage, et aussi de nos « évènements boulot », nous n’avons pas encore pu vous parler du retour de la saison des pluies. Depuis un mois environ, les eaux du ciel guyanais se sont versés sur nos toits. Tout doucement mais sûrement.

Je crois que je me souviens de la première vraie tombée de cette année. C’était quelques jours après le vernissage. Nous étions au village Saramaca, quelque part en plein cœur de la ville spatiale, « chez Dizou » : c’est un petit restau boui-boui, que nous aimons bien. Sous une case basse, en bois, avec une extension à moitié sous tôle, à moitié sous bâche, on fait la queue pour des brochettes (les « maskita » comme on dit à Mada). On y trinque la « Parbo » (bière du Surinam). Les toiles cirées kitch sur les tables, les bancs en bois à moitié déglingués directement posés à même la terre non cimentée, la langue prédominante des noir-marrons « dans le village » évoquent forcément des souvenirs d’Afrique. C’est pour cette impression dépaysante d’être ailleurs, tout en étant en plein cœur de Kourou que tout le monde apprécie « chez Dizou ». Ce soir là, nous y étions avec Eliane, notre amie de Martinique, et deux amis péruviens. Les brochettes sont comme d’habitude bien bonnes. Spectacle de rue : un groupe de gars dont on ne distingue que les vêtements tout blancs tout propres dans la nuit s’évanouissent dans un sentier à travers des cases en tôle bois ou ciment anarchiquement disposées. Il faut savoir que quelques bars bien typiques sont enfouis dans le quartier. Quand on va un peu hors des sentiers battus, parfois « chez Dizou » on peut avoir l’impression d’être « à l’usine », surtout quand on voit la file d’attente qu’il peut y avoir. C’est le côté qu’on aime moins, personnellement. Ce soir là, il n’y avait pas beaucoup de monde. Pour dire, on n’avait pas à attendre pour s’attabler. L’atmosphère était lourde. En plein milieu de la soirée, brusquement, un vent hurlant soulevait et remuait la poussière dans la rue. Les feuilles des arbres faisaient virevolter leurs ombres dans la nuit. Les passants se précipitaient. Puis, une odeur de pluie qui ne trompe personne (qui la connaît du moins) s’élève de la terre comme pour faire signe au ciel. Aussitôt, on l’entend au loin, avancer à une vitesse incroyable vers nous. En quelques secondes une averse gifle la tôle au dessus de nos têtes. A travers les trous rongés par la rouille, des minces filets d’eau se déversent autour des clients. Agitation générale « chez Dizou ». Les employés accourent pour transformer une bâche en une façade protégeant un minimum. Les clients se serrent ou se déplacent. Mais les brochettes sont toujours servies. La rue s’est vidée, ne laissant place qu’au spectacle fascinant de cette infinité  d’énormes gouttes, parfois éblouissants dans le faisceau conique de l’éclairage des poteaux électriques. Personne ne dit rien. Impossible de s’entendre tellement le débit est puissant sur la tôle. L’air humide se rafraîchit. Il doit faire minimum 28°C mais nos poils se dressent. L’averse se calme au bout d’une bonne dizaine de minutes. Restent alors des crachins qui ne quitteront pas le ciel avant au moins une ou deux heure. Le brouhaha « chez Dizou » se fait à nouveau entendre, avec évidemment comme sujet de conversation principale de tous, la saison des pluies bien entamée.

La saison des pluies en Guyane c’est comme ça. Les premières semaines de la saison, il y a deux minutes de grosses averses impressionnantes une fois dans la journée ou dans la nuit (mais pas forcément tous les jours). Cette durée de deux minutes s’allonge avec le temps et se déroule, deux, trois, voire plusieurs fois dans une journée, pourtant hyper ensoleillée. Actuellement, nous en sommes à ce stade là. Bientôt, le ciel se grisera de plus en plus. Et un jour, il pleuvra toute une matinée d’affilée (ou une après-midi, ou une nuit entière). Et encore plus tard, il pleuvra, toute une journée d’affilée. Le soleil pointera son nez de temps à autre, quelques fois par semaine, mais heureusement, l’air restera « chaud ». Le pire nous attend toujours vers le mois de mai/juin, où là il peut pleuvoir une semaine d’affilée, non stop, avec un débit variant (parfois de longues heures d’averses, parfois, des crachins mais sans jamais cesser)… Là, ça peut être impressionnant.

Jugez par vous-même... (ces photos datent de juin dernier). La rue devant chez nous, complètement inondée.

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D'autres photos que vous avez peut-être déjà vues, à la fin de la petite note souvenir ici ...

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