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Carnet de vadrouilleurs
1 avril 2006

Quatre jours sur la crique Bagot

PS : n'oubliez pas qu'on peut agrandir toutes les photos en cliquant dessus !!

Jeudi 2 mars.

Pour profiter des quelques jours de vacances que nous avons, après de longues indécisions, notre choix s'arrête sur l'exploration de la crique Bagot, un affluent de La Comté.... Nous partons jusqu'au dimanche 5 mars au soir. Il faut donc prévoir une réserve de vie pour 4 ou 5 jours d'expédition. Notre politique : ne manquer de rien, en y allant le plus léger possible ! Toute une organisation ! Au cas où il n'y aurait pas de carbets, nous sommes prêts à bivouaquer (construire sommairement notre "chez nous" en pleine jungle, entre les arbres, avec bâche, cordes, hamacs etc...) . Titine est en pleine forme ! Et "petit coeur" dans son ventre est aussi bien content de partir à l'aventure ! Je rassure de suite nos chers proches : pas d'efforts pour la future maman, qui ne se contente que de faire les plus petites tâches, de profiter, et de photographier ! La mise l'eau se fait au village de Cacao, après deux interminables heures de route :  bien que celle-ci soit goudronnée, elle est tortueuse et cabossée, et le vert déborde sauvagement sur les bas-côté, ce qui permet parfois de voir des animaux en bord de route. Cette fois, nous avons eu droit au coucou bref d'un tamanoir (un beau fourmilier au pelage beige clair et qui a une sorte de trompe).

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Le début de la matinée est un peu gris. Nous commençons la navigation sous de crachins de pluie qui fait miauler le chat (qui lui aussi fait partie de l'expédition) pendant un bon bout de temps. Rien à dire sur La Comté : c'est beau, et c'est paisible. Encore un paysage qui change de ce qu'on connait. Les Hmongs de Cacao (peuple d'Asie du Sud Est qui ont fui la guerre d'Indochine et reconstitué dans ce petit bout de Guyane leur mode de vie comme là-bas) ont exploité la forêt par ici. La vue fait donc dégagée. A quelques kilomètres du village, en bordure de rivière, on rencontre même des buffles, pour dire le dépaysement !

Notre petit moteur de 3,5 chevaux ronronne des heures durant. La pluie a cessé de tomber, le soleil tape désormais fort. Assis sagement sur les genoux de Titine, le chat flaire en silence les folles odeurs de la forêt. Nous croisons deux coques alu qui reviennent sur Cacao. Notre canoë tangue sous les vagues causées par la puissance de leur moteur ! En quelques minutes de causettes, on apprend qu'ils ont un des rares carbets sur Bagot, nous autorise à les squatter, et qu'il y a un saut à passer quelques kilomètres plus loin !!!!

Un saut (dans d'autres pays, on parle de rapides...) !!!! Pour vous expliquer, en gros les sauts sont des passages avec des gros rochers (à la surface et sous l'eau) et un courant plus ou moins fort . Nous en avions déjà pris, des sauts, 391avec des piroguiers professionnels (sur le Maroni, l'Oyapock, et l'Approuague) qui connaissent les fleuves comme leur poche, et qui pourtant ratent parfois leur coup et font renverser et briser leur embarcation !! Comment allions nous passer un saut, tout seuls, sans guide, sans aucune connaissance des lieux, et sans aucune expérience en matière de "pilotage-guidage" dans des sauts, avec notre petit canoë et moteur 3,5ch ?!!! Sans se douter de ce qui nous attend vraiment, on continue, en silence. On verra bien.

45Au détour d'un virage, surgissent donc à la surface de l'eau, saillants et menaçants, plusieurs rochers impressionnants. Et comme prévu, en même temps, le débit de l'eau accélère. Nous sommes dans le sens du courant. Plusieurs risques se présentent à nous : un rocher sous l'eau qui éclaterait le moteur ; la force du courant incontrolé menant à la projection sur un rocher (au pire soit la barque se brise, soit elle se renverse...). Par sécurité, on met le chat dans sa boîte. Comme d'habitude, à l'avant du Canoë, Titine zieute et guide. Elle doit plisser ses yeux déjà bridés, se concentrer un maximum pour deviner 35des rochers sous l'eau, calculer la logique de la nature selon le sens des remous de la rivière, et indiquer rapidement au pilote situé à l'arrière, par où, au centimètre près, il doit diriger l'embarcation. On fait avancer très lentement le moteur. Sur un "coup raté", Xav doit réagir très rapidement : parfois couper et soulever le moteur, laisser le courant guider le canoë, tantôt, mettre un coup d'accélérateur pour forcer sur le courant. Sur plusieurs kilomètres, on traverse ainsi nos premiers sauts, seuls, à deux, avec notre canoë. Ca va très vite. Pas le temps de méditer sur ce qui nous arrive. Nous nous débrouillons bien pour une première fois. Il y avait plusieurs passages, jusqu'à un endroit ultime, où notre stress avait atteint son paroxisme... Après quoi, la rivière a repris son cours normal, calme et tranquille. Mais nous stressons déjà à l'idée de devoir repasser par là au retour, avec cette fois, le courant contre nous !!!

Le chemin est long. Nous sommes seuls dans le secteur (et on est loin loin loin de la civilisation). Quand enfin nous arrivons à notre bifurcation, quelle ne fut pas notre surprise à la vue de la couleur des eaux... une séparation bien distincte entre une eau claire et une eau sombre, comme sur l'Amazone, à Manaus (Brésil).

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Nous voilà donc enfin sur la crique Bagot. Quelques mètres après la rencontre des eaux, se trouve un carbet (c'est le premier qu'on voit depuis le départ). Il appartient à un des mecs que nous avons croisé. C'est donc là que nous décidons de nous installer, pour les jours à venir. La vue y est surplombante, et sur la Comté, et sur Bagot. Le carbet est très bien conçu, fonctionnel, on dira même de luxe ! Pour l'eau : pas besoin d'aller à la rivière, un système de "robinetterie" fonctionne avec l'eau de pluie reccueilli dans un énorme bidon placé en hauteur. Pour les toilettes : pas besoin de s'éccroupir entre les hautes herbes, une petite cabane a été conçue spécialement pour (avec douche et wc). Et top du top, il y a même un évier pour la vaisselle... Avec les murs de forêt, ça fait un peu surréaliste, mais on n'a jamais trouvé un tel confort dans un carbet !

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Les journées se passent tranquille. Au carbet, on se repose, bouquine, se repose encore, joue aux échecs, et passons le temps au rythme des éléments de la nature. Le matin, les cris des singes hurleurs nous réveillent. Nous avons pu observer toute une colonie un jour (une quinzaine de singes faire des bonds dans les hauteurs des géants de la forêt). A chaque nuit tombée, une volée de perruches commencent les chants orchestral suivi de tous les insectes et autres bébêtes réels ou imaginaires.... riche spectacle visuel et auditif !

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Dans la journée, nous nous promenons sur la crique : pagayes, baignades, découvertes, pêche et autres plaisirs de la nature... C'est souvent l'occasion de rencontres avec des loutres... Que du bonheur ! En tout cas, pour nous, c'est la révélation : nombre de criques ont à leur façon un charme particulier et certain, mais Bagot, c'est probablement la plus belle crique de Guyane !!!

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A toutes heures de la journée, les eaux sont toujours basses et transparentes, aux couleurs aux milles reflets ocres, entre jaunes, orangées et rouges, sur du sable aux formes abstraites (le fond fait penser à des déserts).

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S'il y a un petit coin paradisiaque en pleine Amazonie où emmener notre "Petit Coeur" quand il sera avec nous, ce serait sûrement ici. Des îlots dorés surgissent par ci par là dans un paysage exubérant de vert, intact et sauvage... en bordure de la jungle les "plages" paraissent surréels.

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Plus on s'enfonce vers les sources, plus la rivière est obstruée de troncs tombés à l'eau. Par endroit, ce sont des rochers qui affleurent. Mais le courant reste doux. Et le sable n'est jamais loin. Ce qui permet de varier les plaisirs en se posant aux alentours des rochers.

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Un jour, nous décidons de pique niquer au niveau des rochers. Au menu, du couscous en boîte ! Nous avons avec nous camping gaz et tout le nécessaire, sauf... sauf... l'ouvre-boîte !!! Nous n'avions pas non plus de couteau et nous étions bien loin du carbet. Recours au système D avec le coupe-coupe (sabre d'abatti) qui ne quitte jamais le canoë !

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La veille de notre départ, nous sommes retournés au niveau des sauts, explorer les lieux avec plus de profondeur, histoire de se préparer un peu à ce qui nous attend pour le retour... Ca permet d'affronter en partie notre stress, et de le dominer en abordant les lieux dans un contexte de détente : baignade, marche sur les îlots, etc...

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Un retour plein d'émotions...

Nous prenons le chemin de retour sous une averse qui donne une impression encore plus mystérieuse à la nature. La forêt fait sombre, et la pluie empêche une bonne visibilité sur la rivière devenue une nappe de milliers de gouttelettes. Titine tente tant bien que mal de guider Xav à l'arrière. Mais le courant, dans le sens duquel nous avençons, paraît un peu plus fort. Heureusement que de temps à autre, la pluie cesse. Nous vivons des moments d'émotions intenses au niveau le plus dangereux du saut. Le moteur a cogné un rocher sous l'eau. Xav a donc dû remonter le moteur le plus vite possible pour éviter un choc fatal. Les deux secondes nécessaires à la manipulation ont suffi au courant à dévier violemment l'embarcation sous un énorme tronc de travers. Seule chose à faire dans ce cas là, être hyper rapide en s'allongeant pour esquiver "le poignard" : des accidents mortels ont déjà eu lieu ainsi, en pleine rivière, à cause d'un tronc passé au travers de personnes. Ouf, il ne nous est rien arrivé ! Mais pas le temps de respirer car le courant est toujours fort, et nous porte. Il faut reprendre le contrôle en remettant le moteur. Nouveau choc sur un rocher sous l'eau. Nouvelle manipulation. Nouvelle déviation violente, mais cette fois, c'est sur un gros rocher hors de l'eau que le courant nous projette. Ouf, la barque est solide ! A taton sur les rochers, nous sortons du canoë pour le remettre sur "le droit chemin", en faisant attention de ne pas se faire une fois de plus emporter par le courant vraiment fort. Après quoi, nous contrôlons la situation. Quelle fin ! Arrivée à Cacao en fin d'après midi du dimanche.

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Commentaires
H
Merci pour votre commentaire et pour votre intérêt pour le blog, les propriétaires ! <br /> <br /> <br /> <br /> Ca ne changera rien sans doute à votre légitime colère (bien sûr que je comprends que ça peut enrager de voir des photos de son chez soi sur le net, avec en plus des gens qui squattent dedans et y prennent du bon temps !!), mais <br /> <br /> je suppose que si vous aviez laissé ce message, c'est que vous n'aviez pas vraiment lu le post... <br /> <br /> <br /> <br /> Je voudrais juste attirer l'attention sur ce passage : "Nous croisons deux coques alu qui reviennent sur Cacao. En quelques minutes de causettes, on apprend qu'ils ont un des rares carbets sur Bagot, et nous autorise à le squatter..." (à condition avaient-ils bien précisé que vous laissiez tout bien propre et à l'état ! - ce que nous fîmes avec précaution !) Ils nous avaient décrit le carbet en question, c'était celui là... L'un d'eux nous avait même donné son nom, si jamais on nous embêtait... mais bien entendu, une dizaine d'années après, je ne me rappelle plus ! Pas de dame à bord par contre... tout se serait passé sans doute différemment si c'était le cas... <br /> <br /> <br /> <br /> L'homme a surement oublié maintenant, mais on l'avait remercié de tout coeur... et même si c'était il y a bien longtemps de cela, on le remercie encore parcequ'on se souviendra toujours de Bagot, sa crique, ses sauts, et par dessus tout, de votre superbe carbet !
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A
Bonsoir, nous (les propriétaires) sommes ravis que notre carbet vous ait plu. Cependant, nous vous rappelons que les carbets sont privés, que leurs entretiens occasionnent un coût et qu'il est irrespectueux de squatter la maison des autres sans autorisation car, me semble-t-il, vous n'iriez pas vous incruster dans une maison de campagne. Ici, c'est le même principe, il faut demander une autorisation pour y loger. Nous sommes excédés par les dégradations et incivilités. Ce message s'adresse à tous ceux qui croient que en Guyane, la tradition est de squatter.<br /> <br /> <br /> <br /> Les propriétaires.
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G
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> je suis intéressé par la Bagotte moi aussi, est-ce que vous pourrez me donner plus d'infos ? Points GPS (idéalement évidement..), période à laquelle vous l'avez-fait par rapport au niveau des eaux pour la passage du saut etc ?
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B
Bonjour, <br /> Article en ligne ^^<br /> <br /> http://www.bontikote.com/?p=607
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B
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre accord.<br /> Je vous informerai de la mise en ligne du billet.<br /> <br /> Bonne journée.
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Carnet de vadrouilleurs
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