Nous avons profité d’une semaine de vacances pour partir quelques jours sur l’Approuague et dans la forêt environnante ! Pour une fois, nous nous sommes rapprochés d'une agence histoire d'expérimenter le bien organisé pendant trois jours ! L’excursion commence à Régina, où le boss, Gérard, "vieil" aventurier expérimenté, nous attendait avec un piroguier brésilien…Le groupe avec qui nous étions était composé d’un couple de profs avec leurs deux enfants et cousins quinquagénaires venus de métropole, ainsi qu’un couple de retraités, bien blanchis par l’hiver de la France !
11/02 /2002
Après deux heures de ronronnement de moteur, le défilé à gauche et à droite de la forêt impénétrable s’interrompt brusquement par la vision paradisiaque du campement : un bon bout de terre défriché soigneusement, un jardin suspendu décoré de quelques hibiscus colorés, bungalows et carbets surplombant le fleuve, au milieu de la jungle !
La jeune compagne de Gérard nous sert le ti' punch de bienvenue ! Pour les enfants et titine, ce sera de la citronnade fait maison. On fait un peu connaissance tout en prenant soin de nous mettre à l’aise. Madagascar était un sujet de conversation qui revenait souvent, la grande île ayant fait rêver et déplacer plus d’un, et blablabli et blablabla !!! Le rhum chauffant les cerveaux, les uns et les autres parlant de leur vie, l'atmosphère se détend et en peu de temps, on pouvait ne plus trop avoir l’impression d’être de simples clients dans une excursion organisée et montée de toute pièce.
Le premier jour était considéré comme entièrement libre : une sorte d'adaptation à la vie broussarde dans ce bout de paradis entre forêt et fleuve sauvage ! Sieste, pêche, visite de ferme, ramassage d'œufs des poules, on pouvait aussi donner le biberon aux bébés biquettes.... En fin d’après-midi, une balade était proposée, comme écrit dans les brochures, avec une baignade sur la petite « plage » derrière le saut, pour ceux qui ne craignent ni la pluie ni le courant ; certains, notamment ceux qui arrivent de Métropole, ne sont guère rassurés de l’eau noire, et préfèrent regarder avec étonnement les habitués ….
Le soir venu, après une bonne douche et un petit repos, tout le monde se rejoint dans le carbet d’accueil où l’apéro est déjà prêt ! Tandis que Gérard jongle entre les bouteilles, les graines de Jacquots (comme des amandes) grillées et les CD, sa compagne finit de concocter le dîner, et tout le monde se met à danser sur des zouks carnavalesques (c'est la période !) et du vieux rock des années 60 (c'est leur jeunesse !). Ambiance chaleureuse. Ouai, on pourrait à ce stade avoir l'impression de vivre quelque chose de spécial ! Mais ça fait toujours bizarre de relire ce passage à l'identique dans tout bouquin parlant d’excursions à Athanase : même feeling, même musique… ! Tant pis, il faut vite oublier et se laisser vivre, sinon on passe à côté du simple plaisir d’être là ! On écoute alors attentivement Gérard nous parler de son combat pour garder le terrain qu’il a travaillé, nous raconter sa Guyane, nous expliquer la ruse des brésiliens qui rongent petit à petit le territoire français… Sur l'Approuague, il y aurait enfoui quelque part, une ville clandestine d'orpailleurs brésiliens où tout fonctionne comme dans un far west : trocs en pépites, loi du plus fort, règlements de compte au fusil ou à la machette, bordels... Il semble bien connaitre le moindre recoin du pays, son peuple, sa forêt, ses fleuves et ses problèmes !
Après un gros festin (comme ce fut le cas pour tous les repas du séjour), on nous distribuait nos couvertures, et chacun pouvait choisir son coin pour dormir : en hamacs ou lits dépliables dans un des deux carbets collectifs, ou en bungalow individuel, ce pour quoi les amoureux ont opté !!!
12/02/2002
Clou du programme : on allait partir en forêt et y passer la nuit (un peu banal quand on en a l'habitude) ! Évidemment, on donnait la possibilité, à ceux qui le voulaient, de rester au campement, mais tout le monde voulait participer à l’expédition ! Tout au long du parcours, on avait droit aux commentaires sur différentes sortes de géants de l’Amazonie (comprendre la forêt et ses cycles, reconnaître les arbres et leur particularité) ainsi que sur les animaux rencontrés ! Nous avions eu la chance de croiser (sans que ça ne tourne au drame) un serpent (dangereux celui-ci) et des dendrobates (ce sont de jolies grenouilles jaunes et noires vénimeuses, elles aussi) !
La marche était difficile : à cause de la pluie (c'est la grosse saison), il y avait de la boue jusqu'à mi-jambes ! Têtus et «anti-joujoux-de-vahaza» que nous sommes, nous nous sommes contentés d’y aller en scoubidou (tongs) et sandalettes ! Xav a eu beaucoup de mal, mais s’en est tiré fièrement ! Quant aux autres, ils devaient se préparer à l’idée de devoir jeter leurs supers godasses à la fin du séjour ! Le circuit très pentu n'arrangeait pas les choses ! Les chutes sur les sièges (malgré les super godasses) ne manquaient pas de faire rire certains et "ronchonner" d'autres (ça dépend du point de vue !)... Pantalons et tee-shirts blancs ont vite fait de virer au marron ; vient ettouffer la douce odeur d'assouplissant et de parfum au coeur des tissus, un mélange âcre de sueurs, de forêt, de terre et de pluie !
.
.
Au bout de 2h30 de marche, un grondement énorme et incessant nous annonçait notre arrivée ! Les efforts étaient récompensés par un super spot au milieu de nulle part. Forêt sauvage. Impressionnantes et belles cascades. Un carbet a été construit là, au bord de la crique Angèle. On s'installe, puis chacun s'occupe comme il veut. Sieste, pêche, baignade, glissades sur des rochers (sur plus de 5m), ou pour les plus courageux, balade encore et encore dans les alentours ! Puis vint la nuit fraîche. On dort en hamac mais rien que s'allonger fait du bien au dos, fesses, mollets et pieds !
.
13/02/2002
.
Le troisième et dernier jour sentait surtout la fin de l’excursion ! Tout le monde était rassasié des aventures qu’il venait de vivre, et ne pensait plus qu’à la joie de retrouver le peu de confort : douche, toilettes, habits propres, etc.… les plus chochottes se font désinfecter ou mettre un pansement… les autres vont se reposer en réhabituant peu à peu leurs yeux à la lumière dégagée ! Satisfait de nous voir fatigués, Gérard ne pense déjà plus qu’aux prochains clients qu’il va recevoir d’ici quelques heures … On s’échange des adresses (on ne sait jamais), se dit au revoir après une dernière super bouffe, et reprend silencieusement la pirogue direction retour à la civilisation !