Saison des litchis (3)
Ils égayent les arbres, parfument les marchés, exotisent les centres commerciaux. C'est l'or rouge de nombreuses familles malgaches, le fruit de noël, le festin des mouches bleues, l'inspiration actuelle des vadrouilleurs.
Un petit tas pour le gouter. Quelques kilos pour le rhum arrangé. Il y en a qui le font sécher. Que d'autres ne peuvent digérer. Une fois la saison passée, les bocaux renferment précieusement les fruits sirotés.
Le litchi se love au creux de toute main. D'une simple morsure, sa robe se déchire, dévoilant un fruit juteux et parfumé. Quelques gouttes perlent, ennivrant tous les sens. Une pression sur sa peau rouge et rugueuse fait glisser sa chair douce et blanche entre les lèvres. Son suc se répand dans la bouche. Il est sucré. Il sent bon. Quand on a commencé à en manger, il est difficile de s'arrêter.
Et pour nous, ça y est, on s'en est bien gavé, nos bocaux sont parfumés et on en a mis à sécher pour faire durer encore et encore le plaisir !
Caméléon
Nouvelles de fin d'année...
Nous avons enfin reçu nos cantines de déménagement. Il aura fallu presque cinq mois pour que nos affaires de Guyane arrivent à Madagascar ! Cinq mois à vivre en mode attente, en campant à moitié. Maintenant on peut dire que nous sommes dans la phase finale de notre installation. En déballant nos cartons, c'était marrant d'imaginer ces bouquins, ces peintures, et ces souvenirs en train de naviguer d'océan en océan. Puis réflexion faite, après toutes ces aventures des cartons weberandria, on se dit que pour le prochain grand déménagement (oui, oui, vous avez bien lu : on n'exclut pas le fait de repartir pour un autre bout du monde...) on va laisser tout ce qu'on pourra ici : en tout cas, c'est choisi, mada sera notre pied-à-terre : on trouvera bien une cabane dans un arbre sur nos hectares de brousse au domaine du Tanalaha pour stocker nos mètres cubes !!
Pour revenir à la réalité actuelle, nous sommes donc un peu débordés en ce moment (vous l'avez sans doute remarqué en surfant dans nos « escapades »).
A part ça, nous avons monté notre sapin samedi dernier ! Véritables moments de bonheur familial. Ca va nous laisser quelques jours pour profiter des guirlandes et tout le tralala car tout juste après noël, on s'en va pour l'île de Sainte Marie... Et on ne reviendra que la veille de la rentrée... Préparez-vous au silence ces jours à venir !
Virée à Foulpointe
Côté route, c'est une succession de cases-boutiques-restau mi bois mi falafa (à base de feuilles de ravinala), où l'on peut trouver de tout : bonbon pecto, biscuit socobis, thb (bière locale), poissons frais, pepsi, maillots de bain faux boss, coqs vivant, bouées, fruits et légumes, chapeaux, betsa betsa, poulet coco, beignet de banane, marteau et tralala ! En fait, on peut s'y achalander en cas de besoin et y venir pour manger bon marché par rapport aux restau côté plage (forcément !). Autrement, c'est une partie du village qui sert surtout à ceux qui passent, partant ou venant du nord-est du pays.
Côté mer : nombreux restau, hotels, bungalows (impressionnante évolution en 10 ans) ont poussé, incrustés entre villas résidences secondaires et cases en végétaux des villageois, qui, pour beaucoup, sont des familles de gardien. Et s'il y a encore un peu de place entre tout ça, on peut toujours dégoter quelques étals de bananes, de mofo gasy, de thé ou de café chaussette !
Un endroit que l'on ne présente plus à ceux qui connaissent Tamatave : on en entend forcément parler ! Cocotiers, sable blanc, lagon bleu vert transparents, fonds colorés : c'est incontestablement beau ! En plus, la mer y est plate avec la barrière de corail au large... donc idéale pour barboter sans danger !
Pour Meva, la mer, plate agitée bleue ou orange, c'est toujours SON élément ; mais pour ses parents, Foulpointe change tout : par rapport au courant de la mer à proximité de Tamatave (qui ne fait pas du tout peur à bébé), on a moins à courir après elle et surtout on peut en profiter vraiment en même temps ! Purs moments de bonheur en famille...
Cette facette paradisiaque, en plus de sa proximité de Tamatave où les plages sont globalement sales (en ville particulièrement) et la mer agitée, a forcément un revers moins plaisant : Foulpointe attire du monde !
Des tamataviens bien évidemment (des chics chics très souvent), et des vacanciers de Tana qui débarquent en tribus entières essentiellement pour les jours fériés, les vacances ou les week-end... Les chemins de sable bouchonnent alors pendant ces périodes-là. Des 4x4 s'exhibent. Des quads pétaradent (une nouvelle mode dans la région apparemment !). Des villageois vont et viennent, mais jamais pour rien ! Quelques jeunes femmes bébé au dos passent pour vendre des paniers des chapeaux ou des nattes. Des papis ridés par l'âge et le soleil marin proposent des cocos du poisson ou des crustacés. Une vieille vante ses dons pour les massages (ne sait-on jamais si on se sent trop tendu dans ce décor de rêve). De jeunes enfants palabrent pour des colliers de graines en souvenirs. Un ado pour des plantes (un jour il faut les arroser tous les jours, trois semaines plus tard il dit qu'il faut les arroser une seule fois par semaine mais de toute manière le résultat est le même, les plantes ne donnent rien du tout) ou des tortues ("alors celles-là, elles portent bonheur, et repoussent les voleurs et les mauvais esprits !"). Deux ou trois malins proposent même un service de grillade de langoustes (poissons ou autres) sortis tout fraîchement de la mer, le tout à côté de son « campement » (béééé oui, il y en a qui tripent pour un tit apéro-hamac sous les cocotiers en humant ses langoustes se faire griller devant un tableau paradisiaque bien réel !).
Pour nous, c'est simple : soit on y va une journée et on pique-nique là-bas en achetant du poisson au village qu'on prépare nous-même, soit on y va deux trois jours et on se restaure... au resto ! Mais on aura sûrement l'occasion un jour de voir fumer nos langoustes sous nos yeux pendant une pause coco entre deux baignades...
Top des tops des nouveautés (ça m'a marqué point de vue rapprochement des manières de faire de tout endroit balnéaire dans le monde), c'est la location de parasols et/ou de nattes (qui, il faut le savoir, coûtent plus cher que le prix de base d'une natte au marché à Tamatave). Au bord de la mer, passent aussi des pêcheurs pour la traditionnelle ballade en pirogue de foulpointe, avec la nouvelle subtilité de plusieurs options (aquarium, grand bassin, etc...) !
Le tout reste fort heureusement soft, et les villageois sont toujours gentils souriants ouverts au bavardage tout en passant leur chemin la plupart du temps quand on sait leur dire non fermement (ce qui ne les empêchent cependant pas de repasser plusieurs fois dans la journée au cas où on changerait d'avis). Disons que ce qui nous fait le plus peur, c'est qu'une fois installés (sur la plage, à l'hotel), on ne peut plus faire un pas (et même sans faire de pas, on n'y échappe pas) sans qu'on ne se fasse accoster dans un but commercial : un peu énervant à la longue surtout quand on est dans l'eau en train de blup blup bluper...
Point de vue ambiance sur la plage, lors des moments de pointe, on est encore bien bien loin de ce qui peut se passer sur certaines plages brésiliennes (musique à fond tous les dix mètres, marchands ambulants à gogo, foot, saucisses grillées, crèmes bronzantes, beignets gluants etc...), bien bien loin des quinze serviettes au mètre carré sur la côte d'Azur, et même de l'ambiance du côté de la Manche au printemps ! Mais bon, c'était surtout pour vous parler de l'évolution de ce petit village de pêcheurs si paisible d'antan ! Bah ouiii ! Si je vous dis qu'il paraît même qu'à certains moments de l'année (genre Pâques, Noël...) il faut payer un droit de parking ou un droit d'entrée au village (quelque chose dans le genre)... ceux qui connaissaient Foulpointe avant seraient probablement aussi étonnés que nous !
Mais quoi qu'il en soit, la simple vision de ce bout du monde efface tout ! C'est tellement beau ce bleu ! En plus, en semaine, hors vacances, le village garde son caractère paisible. Mardi dernier par exemple, nous y étions pour deux jours, et ce fut tip-top : un vrai petit week-end de rêve en pleine semaine à une heure de Tamatave !