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Carnet de vadrouilleurs
30 mai 2008

Fin d'après-midi d'hiver sous les tropiques...

Une brume légère voilait le port de la ville éclairé par une luminosité fantomatique. Le ciel d'un gris profondément sombre commençait à éteindre la visibilité. Aucune étoile ne brillait en échange. Il n'était que 17 heures 30. La plage était étrangement déserte. Habituellement à cette heure, les cris des pêcheurs attiraient une multitude de curieux. Aujourdhui et depuis quelques jours, tout est silencieux sur cette plage. Il n'y a que ce vent, un souffle qui fait frissonner la surface agitée de l'océan, un souffle qui fait frissonner nos peaux hérissées. Un nuage de sable balaye à ras le sol nos pieds et picote aux jambes. Xav et Titine se blotissent pour se réchauffer un peu, tandis que leur petite merveille court après des bouts de polistyrènes déchets soufflés par le vent. Un rideau de pluie dansait au milieu de l'océan. On entendait sa musique de très loin. La masse informe avançait à grande vitesse vers l'île. Les premières gouttes nous sont tombées dessus très rapidement. Une vague de silhouettes humaines tournent le dos à la mer, courent précipitamment et s'enfoncent dans le noir de la ville où aucun éclairage public n'est encore allumé. C'est la je ne sais quellième averse de la journée. Il fait bien meilleur dans la voiture. 18° sur le thermomètre, soit 10° de moins que les mois préciédent. On a du mal à s'y faire ! Le bruit des gouttes de pluie sur la carosserie est assourdissant. Dans le sillon des phares les gouttelettes scintillent par milliers. Xav actionne la vitesse 4x4, et nous roulons sur la plage en plein centre, tout au bord de la mer dans la presque nuit sous une pluie battante. Ambiance quelque peu surréaliste ! Il n'y avait personne. Dans notre vaisseau ambulant nos rires résonnaient ! Le port flotte dans le flou entre la mer et l'averse, dans une lumière encore plus pâle. On remonte vers le quartier musulman. Meva imite le chant du muezzin. C'est l'appel des 18 heures, qui est devenu pour nous l'heure du tsaky tsaky.

Sur le trottoir d'une ruelle sombre et inondée, une bache a été tendue à l'improviste entre quelques piquets de bois. "Mandrosoa ooo..." nous invite-t-on ! Il nous faut nous baisser pour pénétrer dans un miniscule espace sombre aux sensations saisissantes. Il y a d'abord ce groupe de gens attrouppés autour d'une table quelque peu bringueballante. L'odeur des sueurs, des parfums mélangés, de l'humidité de la bache dont il est facile de deviner les oréoles abstraites des moisissures sur la toile, l'odeur de la pluie, des beignets salés sucrés mêlés... L'atmosphère enfumée picote aux yeux. Les braises du charbon éteincellent sous les brochettes. Il faut se serrer pour s'asseoir sur les bancs. Seules deux bougies éclairent le tout. Les ombres dansent langoureusement avec les parties éclairées . Il se dégage de cette scène toute simple  quelque chose de vraiment paisible. D'intime peut-être. Les uns et les autres parlent tout bas. On rit. On se regarde. On se sert de quelques catless, de quelques pétisses sous le regard attentif de la grosse mama patronne. Elle compte. Jette les assiettes en plastique sales dans des seaux. Surveille la bonne qui s'active au coin du fatapera. Le fracas de la pluie sur la bache ettouffe même le bruit du scooter qui passe en éclaboussant. Seul ses phares nous renvoie au contexte de la rue. Le rideau de pluie nous fait tout oublier. Puis vinrent nos maskita, avec de l'achard papaye (20 brochettes pour cette fois !). Nous dégustons en silence. Contents d'être là. Contents de la pluie. Contents de la vie.

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Commentaires
H
ah zala ! comme tu donnes envie, maskita lasary papay katlesy ouuuuu comme j'aimerais en manger, ça fait si longtemps !
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Carnet de vadrouilleurs
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