Un peu avant la naissance de Tsiky, début juin, Xav avait été convoqué d'urgence à Paris pour ce j'appelais à l'époque une mission secrète. Deux mots que j'avais glissés dans un post (ici), mais dont je ne pouvais dire grand chose tant le sujet était important !
En fait voilà : après nos deux mois en Australie l'an passé, été 2010, le virus de la bougeotte nous a frappé ! Je crois que j'évoquais pas mal de choses dans ce post "retour choc" qui pourrait faire comprendre un peu le pourquoi du comment. Le déclic. Il ne s'agissait pas de n'importe quel virus, des "petites bougeottes" de vacances où tu boucles ton sac à dos vite fait et dis crotte à ton train train quotidien le temps de te ressourcer... il s'agissait d'un violent virus qui nous a donné envie de déménager dans un autre bout du monde et de changer complètement de vie... l'appel de l'ailleurs... la soif de vivre autre chose... d'expérimenter du neuf... la vie si courte pour s'encrouter et rester fermé dans ce qui est déjà connu...
On n'a pas perdu notre temps. A notre retour d'Australie, on se monte un dossier pour des postes d'expatriés. On y croit ! Le dossier est vraiment béton pour au moins se faire appeler à l'entretien fin janvier ! Miracle des hasards, dans la liste proposée il y avait le Vanuatu... le Vanuatu qui répond parfaitement aux critères de ce qui pourrait être un "quotidien de rêve" à nos yeux... et puis le Vanuatu... il y a toute une histoire entre le Vanuatu et nous... certains s'en souviennent peut-être : l'année où on avait quitté la Guyane, en 2007, on avait postulé pour le Vanuatu et Mada ! Mada, on avait tenté comme-ça-pourquoi-pas... Mais le Vanuatu, c'était un véritable rêve... malheureusement le destin avait prévu autre chose pour nous : on avait déccroché à notre grande surprise Tamatave ! Post sur nos "choix de vie" important ici... Septembre 2010, 3 ans plus tard, nous y sommes toujours à Tamatave... et les perles d'îles sauvages et paumées dans le pacifique, le Vanuatu refait surface dans nos rêves ! On tente à nouveau notre chance, et on y croit à ne plus en dormir la nuit (ou presque...) ! Ca sera notre seul voeu d'ailleurs dans notre dossier... L'attente des appels à l'entretien nous parait terriblement long ! Courant Janvier, rien ! Pas de nouvelles : mauvaise nouvelle ! On était très trèèès trèèèèèèèès déçus ! Et ceux de nos proches qui connaissaient le fonctionnement de "la maison qui embauche" n'avaient pas compris... on avait objectivement vraiment tous les atouts pour qu'on ait ce poste ! (un peu trop prétentieux ?) ! Peut-être aussi qu'on avait paru un peu trop exigents à n'émettre qu'un seul voeu ? C'est ce qu'on s'était dit... trop bête !
Au moment où on commençait à s'en remettre, vers avril/mai, une nouvelle liste de postes d'expat' non pourvus est parue... et le Vanuatu était de nouveau proposé ! Xav ne voulait plus trop s'investir... psychologiquement c'était mortel (lol) ! Titine y croit : ça fait trop de signes à la fois, c'était pour nous, cette fois c'est sûr ! On réexpédie le dossier, avec d'autres voeux bidons pour pas paraître trop exigents et éventuellement attirer l'attention pour un entretien... Début juin, à quelques jours de mon accouchement : coup de fil : xav est convoqué à Paris pour un entretien de 30 minutes pour 4 postes (!!!) : Le Vanuatu, Istamboul, le ghana et le Nigéria ! Dans nos têtes, c'était gagné : on en aurait forcément un sur les 4 ! On croise les doigts pour Vanuatu. On allait quitter Mada pour de nouvelles aventures. Xav s'achète costard chaussures et tout et tout... ensuite, zouuu dans l'avion en espérant fort fort que j'accoucherai pas pendant ce temps. Aller-retour Tana Paris en trois jours pour trente minutes... trente minutes qui allaient bouleverser nos vies... Tsiky nait quelques jours après le retour de son papoun'. Fin juin : l'attente. On reste scotché au téléphone. C'est dur d'attendre surtout que c'était peut-être pour ne rien avoir du tout ! Dans les même temps, le débat était lancé même si on ne voulait pas y songer : et si on n'obtenait pas le Vanuatu, mais autre chose ?!! On songe au speed du déménagement qu'on allait se taper avec bébé tout neuf. Enfin arriva ce qui devait arriver : téléphone. Vous avez obtenu un poste d'expatrié pour... le Lagos, Nigéria ! Vous avez une semaine pour accepter... ou refuser ! La tension avait atteint son paroxysme.
Le Vanuatu, c'était foutu... un rêve qu'on avait frôlé de très très près... mais il n'était décidément vraiment pas pour nous ! Déception sans plus de commentaires. Le Lagos à la place !
Voici le tableau peint : pêle mêle de clichés-réalité-exagéré :
- le Lagos, c'est l'enfer africain !
- une des villes les plus craignos du monde... reccord d'attaques, de braquages, d'agressions, de viols et de tout ce que tu peux imaginer... insécurité... instabilité... problèmes politiques...
- une des villes les plus polluées et embouteillagées du monde... complètement l'opposé de ce qu'on aurait souhaité comme quotidien de rêve
- Le lycée en question est barbelé barricadé par des gardes (militaires ?) armés !
- la plupart des profs habitent à l'intérieur du dit lycée gardé ! Tout se passe dans le lycée ! Ton quotidien, ta vie, ton boulot, tout ! tu vis en cercle fermé !
- il y en a qui ne sortent (même pour faire leurs courses) qu'avec des gardes du corps...
Très caricatural sans doute, mais avec sa part de vérité... tout ça à vivre pendant 6 ans ! On s'est renseigné avec des gens qui connaissaient ou qui étaient sur place, et on nous avait dit : "bah on n'est pas malheureux..." "on s'habitue" (que nous ce qu'on veut c'est d'être heureux et bien, non pas de "faire avec") ou encore : "célibataire, à la limite pourquoi pas ? mais avec des gamins je n'irai pas"...
Finalement, le seul argument "pour" qui revenait constamment, évidemment, c'était la carotte. Enorme ! Un salaire d'au moins 13000 euros / mois (treize mille euros par mois, oui, il y a des gens qui gagnent ça !!), un billet d'avion aller retour pour la france offert pour toute la famille chaque année, le déménagement pris en charge et des tonnes d'autres bonus ! Le jackpot quoi ! Certaines de nos connaissances nous avaient surpris en sortant leur calculette : le contrat dure 6 ans, tu en baves mais après tu peux partir à la retraite en faisant le tour du monde si tu veux et assurer le doigt dans le nez l'avenir de tes enfants ! L'argent l'argent l'argent ! D'autres nous avaient suggéré "xav pourrait partir seul - 6 ans -, il ferait des aller-retours, les enfants et moi continuerions à vivre tranquilles à tamatave"... (quelle drôle de conception de ce qu'on appelle "vie familiale" je trouve) Tout ça pour l'argent l'argent et encore l'argent !
Et pendant ce temps bah c'est quand même toute l'enfance de tes loulous qui est en jeu... le quotidien que tu offres à tes enfants pour les 6 premières années et quelques de leur vie !
Ce n'était pas évident, mais résultat : on a refusé ! On a refusé un poste d'expat'. On a tourné le dos à l'opportunité pour xav de changer de statut et expérimenter autre chose point de vue taff. On a dit non à 13 000 euros par mois... Certaines personnes n'avaient pas compris notre choix... On n'était pas prêt à toucher au jackpot en échange de 6 ans dans l'enfer africain pour notre petite (grande) famille ! Il y a des choses plus importantes dans la vie... et on est bien à Tamatave, même si on ne gagne pas grand chose à côté de ces 13000 euros... s'il fallait partir, pour assouvir la soif d'expérimenter l'ailleurs, ça aurait été partout mais pas là où on sait d'avance qu'on ne serait pas heureux !
Aujourd'hui, reste une déception un peu amère quand même... on avait tellement envie de partir... surtout pour le Vanuatu... le Lagos ça va, aucun regret, c'est oublié... quand on pense que fin aout il y eut un attentat au Nigéria... Désormais, on est parti pour d'autres trip... des horizons complètement différents... les nouveaux postes à pourvoir dans le monde l'année scolaire prochaine ont été publiés récemment... on va retenter notre chance bien évidemment... même si on craint que d'avoir refuser un poste cette année ne soit une barrière ! On lorgne grave sur trois endroits... on peut toujours rêver...