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Carnet de vadrouilleurs
26 février 2012

Quand le cyclone Giovanni était à Tamatave

Lundi 13 février

Meva et Mirana étaient encore à l'école dans la matinée. A midi, on a reçu les premières alertes du consul. Et quand on apprend que le lycée français ferme ses portes l'après-midi, j'annule aussi les cours à l'atelier. Après c'était la grosse course pour transférer à la maison tout le matos et surtout les travaux (depuis début octobre) des 25 gamins qui viennent créer avec moi (il y avait du pain sur la planche !!). De gros arbres tronent au dessus de mes cases (bureau et local) presque sans mur et en toit végétal : je préfère prendre mes précautions. Entre temps, xav se rend compte qu'on a oublié de faire le plein d'essence (pour la voiture et le groupe électrogène qu'on comptait utiliser pour une fois pour la conservation de la bouffe dans le frigo)... C'était la folie en ville : en début d'aprème, il n'y avait plus qu'une seule station d'ouverte et une queue interminable ! Idem pour les médocs : plus d'homéopharma, juste une pharmacie d'ouverte ! Xav trouve encore des bricoles pour compléter la réserve pour être prêts à affronter plusieurs jours de pénurie (sait-on jamais !)... Il a même fait le plein en dominos-gateau-haricot-chinois qu'on adore... lol ! On a achevé de boucler tous les volets en toute fin d'aprème. On ne l'avait pas fait depuis le cyclone Ivan en 2009 (oui, chez nous, les volets sont tout le temps ouverts... sauf en cas de cyclone grave !). Ca n'aura pas du tout été le moment d'une quelconque blague de blocage, lol ! Aux alentours des 18h, le vent a commencé à souffler vraiment sérieusement. On eut tout juste le temps de finir de dégager la terrasse, les canapés, la table, les nattes... de rentrer la voiture dans le garage et de parquer la moto dans le petit coin bureau, en prolongation du salon (on s'était pris au dernier moment, c'était le bordel dans le garage, avec le scooter, les vélos et toussa, c'était impossible de caser la moto, lol !) et hop clic clac ! La vie dans le sous-marin a pu commencer... coupé de tout... au coeur d'une tempête... au milieu d'un océan de rafale de pluie et de vent... l'électricité était définitivement coupée alors que la nuit tombait. Plus de réseau non plus (orange). Bain, diners et tous les préparatifs de la nuit des loulous éclairés à la bougie... L'eau n'était coupée qu'un peu plus tard ! On a réussi à installer deux matelas sous un seul moustiquaires pour nous mettre tous les 5 ensemble ! Ca faisait bulle-cocon-rassurant-un-minimum, ou quelque chose dans le genre... Les enfants ont adoré, je ne vous raconte pas l'ambiance qu'il y avait dedans avant l'extinction des feux ! La nuit a été beaucoup plus difficile pour les adultes ! On eut l'impression à plusieurs moment que le toit était en train de se faire aspirer... Les souvenirs opressant des mégas cyclones que Titine a vécu enfant ont refait surface. Honorine... Géralda... il y avait d'autres tas de bruits tous aussi inquiétants les uns que les autres... des craquements... des claquements... des projections... On avait pas mal stressé aussi par peur des voleurs ! Parce que nous avons libéré notre gardien ce soir-là ! Et puis, à en croire tous les bruits qui courent sur l'insécurité à tamatave en ce moment, ils seraient capable de tout, même (ou plutôt surtout) un soir de cyclone ! Xav a dû sortir deux fois dans la nuit dehors, parce que le portail et la chaine qui le boucle avaient laché... la seconde fois, c'était pour un bris de verre suspect ! Ca faisait un peu comme dans les films : une silhouette noire qui a du mal à se déplacer dans une bourrasque de pluie et de vent en pleine nuit de cyclone, et les bruits d'une chaine qui claque sur un portail qui grince... et c'est là qu'apparurent les brigands !

Bref... on n'a à peine fermé l'oeil !

Mardi 14 février

Au réveil, plus rien ! Juste encore un peu de vent et quelques gouttes de pluie... ça paraissait incroyabe ! comme si tout n'était que mauvais rêve... en plus, habituellement, quand il y a un gros cyclone, on est enfermé deux jours... là, au petit matin, tout faisait si calme qu'on avait poussé sans hésiter tous les volets ! Fenêtres grande ouvertes pour laisser le sous-marin se faire inonder par la lumière grise du lendemain de cyclone. Petit tour dans le jardin dans un post futur dans une autre rubrique... en attendant, petit tour dans le quartier :

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Ce n'est peut-être pas très net ci dessous, mais en rouge c'est bien une personne qui porte un vélo qui veut passer au dessus de l'arbre tombé...et au premier plan, c'est une partie d'un fil électrique qui pendouillait d'un poto !

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La traditionnelle promenade d'après cyclone pour mesurer le degré des dégats en ville :

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Les photos les plus parlantes que j'ai faites se résument à toutes celles publiées ici... Et je vais peut-être choquer (peut-être pas...), mais par rapport à tous les cyclones que tamatave a connu, il n'y avait rien de mémorable à noter on dirait... Pas d'innondation. Pas de débordement de mer. Pas de gros dégats... Mais "du banal" avec des tas de branches cassées un peu partout, quelques portails pliés, des fefy tombés par ci par là, quelques gros panneaux publicitaires bringuebalants, quelques petites cabines de points de recharge téléphonique effondrées, quelques fils de poteaux électriques trainant dans les rues... et puis voilà pour tout ce qu'on a sillonné ! Chez nos parents, rien ! La vieille barraque a encore tenu le coup, ouf ! Ha si une anecdote : le toit en tôle d'un voisin s'est envolé et a attéri dans la cour de nos parents en brisant une vitre de leur voiture (papa était sorti genre à 2h du mat' pour voir ce que c'était...) !

P1090064

Donc en bref, au sujet du cyclone Giovanni : pas vraiment de gros dégats à Tamatave ! A une centaine de kilomètre de chez nous par contre, à Brickaville, ou un peu plus loin, à Vatomandry et Moramanga, il paraitrait que les villes ont été détruites à 80% ! On raconte d'ailleurs que Giovanni était aussi puissant que Géralda, mais qu'il serait passé à côté, au dessus (?!?!) ou a tout simplement dévié Tamatave ! Dans notre quartier, en 24h, l'électricité était revenue (ceci dit, ce n'était pas le cas dans d'autres quartiers apparemment !)... il y eut aussi quelques coupures d'eau, mais là non plus, rien de vraiment conséquent dans notre quotidien !

Les jours suivants

Ciel bleu, soleil de plomb, méga chaleur et pas un pêt de vent... au rendez-vous !

Le mercredi (deux jours après le cyclone), le lycée français était encore fermé aux élèves (ça faisait 3 jours d'introduction aux vacances attendues à la fin de semaine !). Xav a cependant été de service, en compagnie de tout le personnel (profs, administratifs, gardiens etc) pour faire en sorte que tout soit fonctionnel ! Je suis allée au marché. Il faisait lourd !  Tsiky dégoulinait de sueur, accroché à l'écharpe. Boutiques, étals, couleurs, odeurs, tout était là, comme si rien n'avait bougé... à part les prix... bien entendu ! Déjà avant le cyclone, tout a augmenté... tout est encore plus cher cette fois ! Ceci dit, au moins, les produits sont frais ! La route entre Tana la capitale et Tamatave est apparemment praticable (malgré les habituelles histoires d'éboulements et énormes arbres obstruant la nationale après les cyclones) ! Comme la vie a repris son cours normal, on s'était tous activé à la maison pour que je puisse réouvrir les portes de l'atelier... j'ai fait cours, mais j'avais peu de gamins, comme le réseau ne passait pas encore sur certaines lignes, et aussi parceque certains en ont profité pour partir déjà en vacances, et encore aussi parceque certaines familles avaient été évacuées de force de la ville juste avant le cyclone (si ! sérieux !)...

Le jeudi (trois jours après),  les filles ont repris le chemin de l'école. A part une montagne de branches cassées entassées au milieu du terrain de foot, aucun autre signe. Après l'école en fin d'aprème, Meva est allée à son cours de natation au club nautique... le maitre était là... et la piscine nickelle (pas de sable dedans, ni des vagues, ni des poissons, lol) ! Quelques personnes buvaient un coup, cosy sur les canapés sous la terrasse, face au port... et les terrains de tennis, presque tous occupés (oui, déjà...) ! Tout normal quoi... il y avait juste ces deux paillottes au toit végétal arrachées par le vent pour rappeler mais ça allait être vite réglé réparé...

Le vendredi... c'était difficile d'imaginer que quatre jours avant, le lundi soir, un cyclone était passé par chez nous ! On ne pense déjà plus qu'aux vacances, parce que oui, ça y est, on y est, et bien contents à l'idée d'aller farnienter les jours à venir à la playa et toussa !

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Commentaires
H
Je suis "tombée" tout à fait par hasard sur ce blog : magnifique. Ayant moi même grandi à Tamatave, ça m'a rappelée pas mal de chose. J'y ai vécu toute mon enfance mais n'ai jamais vécu un cyclone. Honorine a eu lieu juste après mon départ. Je ne sais pas si vous y êtes toujours mais en tout cas vous avez l'air d'y avoir eu une belle vie.
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M
on s'y croirait ! mais c'est vrai que le vent était impressionnant. la fenêtre de la chambre de Maya était mal fermée, ça s'est ouvert d'un coup à 2 heures du matin. J'ai fini la nuit dans sa chambre (je me demande pourquoi je le mets vu que c'est une habitude) j'ai eu beaucoup de mal à me rendormir en entendant tous ces bruits ... David et Diego ronflaient comme des bienheureux.
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B
Ben dis donc! <br /> <br /> Quel récit! J'ai été tenue en haleine du début à la fin!<br /> <br /> Contente que finalement les dégâts soient minimes.<br /> <br /> Bonnes vacances!
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