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Carnet de vadrouilleurs
1 juin 2012

La fameuse pluie et l'hiver de Tamatave... Rétrospective et bilan...

Nous allons quitter Tamatave sous le froid et la pluie, en plein hiver tropical. Comme nous sommes arrivés sous le froid et la pluie (quand il était sensé être le début de la saison chaude), 5 ans auparavant (je le racontais , au 12 oct 2007, c'était mon premier post dans cette rubrique "tamatave au quotidien" et c'était limite la déprime, lol)... Le départ va être bien plus facile que n'a été l'arrivée ! Aujourd'hui, ça sera sans doute la dernière fois que je vais parler de ce froid et de cette pluie tamatavienne (pour ceux qui n'ont pas suivi, on va quitter mada !). En relisant mes anciens posts, j'avais envie de faire une rétrospective : chaque année, le sujet revenait, mais toujours vu et raconté sous une sensibilité autre... saudade...

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Ces temps ci, pour aller à l'école, il faut sortir manches longues et pantalons, gilets, impair, bottes et parapluie... Les filles adorent. Il faut aussi prendre la voiture pour s'en servir comme pirogue pour naviguer de f-lac en f-lac sur les quelques centaines de mètres entre chez nous et l'école (bon, ok, ce ne sont pas encore des lacs, pour la vague actuelle de pluie, mais c'est pas loin, et surtout j'ai peur de couler s'il faut marcher en portant Mirana sur certains passages chauds - je ne parle même pas des éclaboussures des voitures qui s'en fichent de rouler à fond parcequ'ils sont en retard !)...Tiens, dans ce lien qui parle bien de tous les points à savoir sur l'hiver à Tamatave, il y a une photo de notre rue quand il a bien plu (petit clin d'oeil à une lectrice d'Asie, future tamatavienne) !

Ci dessous là (dans une rue qui n'est pas le chemin qui mène à l'école), ça fait Tamatave - Venise tropicale... Sauf que même les gondoles-pousses ne s'y aventurent pas ! Pour que les rues soient comme ça, ce n'est pas difficile d'imaginer les seaux de pluie tombés du ciel !

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Ce qui m'a toujours fait marrer (et je me répète sans doute tout le temps sur ça), c'est de voir les gens en bonnet, d'autres qui ont sorti l'écharpe, ou d'autres qui affichent une grosse fierté de pouvoir mettre blousons, et autres manteaux... Il fait 22°. C'est l'hiver à tamatave. Mamie frileuse ne quitte plus son polaire depuis quelques jours. Et la nuit, ça y est, pyjamas chauds et couvertures sont de sortie annuelle et camoufflent les sous vêtements habituels dont on peut se contenter pour dormir le reste de l'année...

Va trouver le lien avec ces photos prises du côté de l'alliance française (lol) !

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Je disais plus haut que j'ai déjà eu l'occasion de parler maintes et maintes fois de l'hiver à Tamatave... et que j'avais envie de revenir sur certains posts qui m'ont marqués et qui correspondent tout à fait à ce que l'on vit actuellement. Comme illustrations (du début à la fin de ce post), je vais profiter de toute cette pluie qui tombe pour publier une méga série de photos inédites de Tamatave quand il a plu beaucoup (vraiment beaucoup !)... Des photos prises au mois de février dernier...

Quartier Anjoma : c'est du sérieux !

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En plus quelque part dedans, il y a d'énormes trous... Les cyclo pousses préfèrent pousser (plutot que de pédaler) pour éviter le naufrage, lol...

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il n'y a que des tarés pour s'aventurer par là en voiture ! Tu comprends pourquoi ça fait vide (et pourquoi nous y avions été - en voiture, lol !)...

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Le 16 juillet 2009, j'avais écrit ceci : "Des flaques. Les toles qui claquent. L'odeur de pailles moisies dans les pousses. Les feuilles vernies. Les scoubidous qui collent aux pieds mouillés. Les polaires. La couverture. Début de soirée sous une bache, enfumés de brochettes, éclairés à la bougie, à écouter la pluie tomber... rester tranquille à la maison... ou fuir à la moindre éclaircie... on court à la plage, en vadrouille... on ose à peine se baigner... mais on finit toujours arrosé..." (pour voir à quoi ressemblait tamatave quand j'avais écrit ça, c'est ici)

Photos ci dessous : Boulevard Augagneur (à gauche) et Boulevard de l'oua (à droite) : ce n'est pas "profond" comme dans le quartier Anjoma mais c'est surprenant parcequ'on est en plein centre ville !

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Dans quelques ruelles perpandiculaires aux deux boulevards :

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 "Le soleil a changé de trajectoire. Il fait nuit noire à 17h30. Température a pas mal chuté. (...) J'ai troqué mon grand verre de jus de corossol glacé contre une tasse de chocolat chaud. La première de la saison en terrasse boulevard Joffre. Et bientôt les premières paires de chaussettes sur mes pieds de sauvages après presque heuuu douze mois que je traine en tongues et pieds nus !" C'était le 18 mai 2009.

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Et le 30 mai 2008, il y a 4 ans jour pour jour exactement, j'avais écrit :

Une brume légère voilait le port de la ville éclairé par une luminosité fantomatique. Le ciel d'un gris profondément sombre commençait à éteindre la visibilité. Aucune étoile ne brillait en échange. Il n'était que 17 heures 30. La plage était étrangement déserte. Habituellement à cette heure, les cris des pêcheurs attiraient une multitude de curieux. Aujourdhui et depuis quelques jours, tout est silencieux sur cette plage. Il n'y a que ce vent, un souffle qui fait frissonner la surface agitée de l'océan, un souffle qui fait frissonner nos peaux hérissées. Un nuage de sable balaye à ras le sol nos pieds et picote aux jambes. Xav et Titine se blotissent pour se réchauffer un peu, tandis que leur petite merveille (il n'y avait que Meva à cette époque) court après des bouts de polistyrènes déchets soufflés par le vent. Un rideau de pluie dansait au milieu de l'océan . On entendait sa musique de très loin. La masse informe avançait à grande vitesse vers l'île. Les premières gouttes nous sont tombées dessus très rapidement. Une vague de silhouettes humaines tournent le dos à la mer, courent précipitamment et s'enfoncent dans le noir de la ville où aucun éclairage public n'est encore allumé. C'est la je ne sais quellième averse de la journée. Il fait bien meilleur dans la voiture. 18° sur le thermomètre, soit 10° de moins que les mois préciédent. On a du mal à s'y faire ! Le bruit des gouttes de pluie sur la carosserie est assourdissant. Dans le sillon des phares les gouttelettes scintillent par milliers. Xav actionne la vitesse 4x4, et nous roulons sur la plage en plein centre, tout au bord de la mer dans la presque nuit sous une pluie battante. Ambiance quelque peu surréaliste ! Il n'y avait personne. Dans notre vaisseau ambulant nos éclats de rires résonnaient ! Le port flotte dans le flou entre la mer et l'averse, dans une lumière encore plus pâle. On remonte vers le quartier musulman. Meva imite le chant du muezzin. C'est l'appel des 18 heures, qui est devenu pour nous l'heure du tsaky tsaky.

Petite pause photo (suite de la série) : c'est la rue de la clinique où Mirana et Tsiky sont nés (lol) !

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Dans le quartier de la clinique, toujours...

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Sur le trottoir d'une ruelle sombre et inondée, une bache a été tendue à l'improviste entre quelques piquets de bois. "Mandrosoa ooo..." nous invite-t-on ! Il nous faut nous baisser pour pénétrer dans un miniscule espace sombre aux sensations saisissantes. Il y a d'abord ce groupe de gens attrouppés autour d'une table quelque peu bringueballante. L'odeur des sueurs, des parfums mélangés, de l'humidité de la bache dont il est facile de deviner les oréoles abstraites des moisissures sur la toile, l'odeur de la pluie, des beignets salés sucrés mêlés... L'atmosphère enfumée picote aux yeux. Les braises du charbon éteincellent sous les brochettes. Il faut se serrer pour s'asseoir sur les bancs. Seules deux bougies éclairent le tout. Les ombres dansent langoureusement avec les parties éclairées . Il se dégage de cette scène toute simple  quelque chose de vraiment paisible. D'intime peut-être. Les uns et les autres parlent tout bas. On rit. On se regarde. On se sert de quelques catless, de quelques pétisses sous le regard attentif de la grosse mama patronne. Elle compte. Jette les assiettes en plastique sales dans des seaux. Surveille la bonne qui s'active au coin du fatapera. Le fracas de la pluie sur la bache ettouffe même le bruit du scooter qui passe en éclaboussant. Seul ses phares nous renvoie au contexte de la rue. Le rideau de pluie nous fait tout oublier. Puis vinrent nos maskita, avec de l'achard papaye (20 brochettes pour cette fois !). Nous dégustons en silence. Contents d'être là. Contents de la pluie. Contents de la vie.

(Ci dessous, photos au bout de la route de la plage, après l'hopital bé, après le phare.)

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J'ai dégoté dans mes archives un autre post poignant sur la pluie et les orages tamataviens ici, et dont je voulais garder une trace dans cette rétrospective... finalement je ne peux rien y extraire, tellement je le trouve entier, texte et photos mêlés... je renvoie donc directement au lien (à relire encore ici)

Bon et pour finir, je voulais ajouter, que oui, bien entendu, l'hiver et toussa, pour tamatave, c'est relatif, mais quand on connait les longs mois de bonnes saisons chaudes, on a vraiment froid... et puis, il pleut, il caille, mais il y a aussi de bonnes parenthèses d'éclaircis et de ciel bleu, comme quand je parlais ici d'un hiver plutot cool alors qu'on était un 9 juin !

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Commentaires
M
Cher propriétaire du blog ! Je tiens à vous remercier pour fournir autant d'informations utiles. j'ajoute votre blog à mes favoris. A bientôt.
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H
J'ai vérifié chaque photo : il n'y a pas de souci normalement, tout est agrandissable... à part un problème de connexion, je ne vois pas d'où ça pourrait venir... en tout cas, merci de votre intérêt !
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H
je rencontre des soucis pour lire les images... J'ai vraiment apprecié de lire cette article. bonne continuation.
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