Voici notre frigidaire, vu de dehors et vu de dedans.
Rien de plus banal dans les foyers occidentaux, et même un peu partout dans le monde... Sur la porte, on y a accroché des photos, des petits penses bêtes, des cartes postales, etc... Dedans, on y trouve des choses classiques... On vous imagine bien en train de détailler la photo !! Yaourts, pains, boîtes, casserole, fruits, légumes, etc...
Il y a pourtant, dans ce frigidaire, quelque chose qui sort vraiment de l'ordinaire... c'est ce qu'il y a dans le sac bleu ! Car vous n'avez pas rêvé, si vous avez été observateurs, il s'agit bien d'un sac poubelle. Ca fait trois jours qu'il est là, depuis la naissance de Meva. La "chose" attend la sortie de la maman et de bébé de l'hopital. D'ailleurs, la "chose" vient de l'hopital.
11 septembre 2006. La maman et son bébé sont bien rentrés à la maison. Avant que la "chose" ne pourrisse, il est temps de la sortir du frigo. Récit illustré de ce qu'on en a fait :
Alors que le soleil enterre ses derniers rayons, la pleine lune se lève, éclairant de toute sa paleur la nuit tombante. C'est à ce moment d'aurevoir du jour qu'il se passe, rue Dali, un rituel d'après naissance à la malgache. Le papa creuse un énorme trou au pieds des bananiers du jardin, avec une bêche empruntée aux voisins. "Non, non, ce n'est pas pour enterrer vif notre chat !! (ni le bébé d'ailleurs, pour les mauvaises langues...) " Le papa dégouline de sueur... il ne craint rien, c'est juste qu'il fait chaud. Il agit avec détermination. Creuse. Creuse. Une fois le trou jugé assez profond, il perce le fameux sac poubelle sorti du frigidaire, avec un coupe coupe (prudence, ça risque d'éclabousser). Une odeur acide de sang s'en dégage. A partir de là, il n'a pas droit à l'erreur. Il faut agir sans dévier le regard durant toute l'opération (une des exigences du rituel). Le contenu du sac est balancé dans le trou. Par dessus la chair fraiche, un énorme caillou est posé, puis, commence l'enterrement, symbole de la fin d'une vie, et du début d'une autre vie.
Avez-vous une idée ?
La chose enterrée n'est autre que le placenta. Le nombril coupé à l'hopital, est la première séparation physique entre le bébé et sa maman. L'enterrement du placenta par le père est l'adieu à la vie antérieure qui reliait la femme enceinte et le foeutus. D'autre part, le placenta enterré là, au pied des bananiers du jardin de notre maison rue Dali, est une signature, sous la terre kouroucienne, de la naissance de Meva ici.
Le même jour, maman s'est fait, comme rituel de naissance (mais à la Guyanaise cette fois-ci), un lavement de plantes diverses. Ambiance en image :