Magnifique région des betsileo.
La nationale 7 promène au coeur du pays Betsileo et déploye de très beaux paysages de rizières en terrasse, travaillées à la main, au zébu, et pieds nus, sur des collines qui gondolent à perte de vue, avec en arrière plan, de blancs nuages moutonneux gracieusement suspendus dans l'immense bleu du ciel. L'atmosphère est fraiche, mais il fait beau et ça sent bon les vacances ! Au milieu de nulle part, des petites mains d'enfants nous saluent. Ils sont assis cachés dans de hautes herbes. Et on ne voit que ces mains ! Ou debout en garde à vous, légèrement en hauteur, en prolongement de la terre rouge, la peau noire et craquelante, vêtements usés, chapeaux carrés, visages morveux, les bras raidement tendus, sourires généreux, les yeux pétillants espérant un retour même très brefs à leurs salutations. Un village n'est peut-être pas loin. Des étals colorés de fruits et légumes probablement aussi. A moins qu'ils aient couru longtemps, sur des petits sentiers à travers les plaines, les collines, les rizières, rien que pour guetter le passage de nos voitures, qui sont peut-être à leurs yeux de bien curieuses charettes métalliques qui roulent si vite sans aucun zébu !
Au détour d'un virage, on a traversé un tout petit village étonnamment fourmillant de monde, au milieu de nulle part. Cette foule rencontrée en bordure de route nous a donné brusquement l'impression d'avoir changé de pays.Leur langue parait différente, c'est pourtant la même langue mais beaucoup plus chantante. Tous portent une couverture bariolée de couleur emmitoufflant le minimum, un inséparable chapeau sur la tête, et un baton à bout de bras. Pour tout un village, le choc visuel fait effet. Après des kilomètres et des kilomètres de paysage de brousses paumées et silencieux, c'est d'autant plus impressionnant. Ils sont debout, là, sans bouger, nous regardant passer, presque étonnés. De leur regard, comme au bout de nos lèvres, le temps du passage de la voiture, nous nous échangions la réciproque question « d'où ils sortent comme ça » !
La route respire, elle vit, même quand tout parait silencieux. De temps à autre, on croise des charrues lentement tirées par des zébus. Des gens qui marchent deux trois soubiques sur la tête. Des pieds de bébés qui ballottent au rythme des pas des mamans sur le dos desquelles ils sont accrochés. Parfois, une rivière suit notre course. Pendant longtemps à droite. Sous un pont puis brusquement à gauche, sur des kilomètres. Lavant des linges. Abreuvant la riche terre en contre bas de hameaux couleur rouge brique. Disparaissant derrière des rochers. Quand la route se met à grimper et tournoyer, les vues sont époustouflantes. Les rizières se superposent ingénieusement comme d'énormes marches qui semblent mener au ciel. Il y a par endroit d'énormes plan d'eau, des lacs peut-être, immenses miroirs reflétant le ciel au milieu de plaines où toute une gamme de vert ondule en harmonie sous le souffle léger du vent. C'est vraiment beau !
Après Fianarantsoa, la route nous paraît encore plus sauvage, plus beau. Nous dûmes couper le contact de la voiture au beau milieu de la nationale, quand la route fut envahie par tout un troupeau de zébus. Ils marchent, innombrables. Leurs cornes défilent, leurs bosses se bousculent, leurs pattes claquent sur le goudron, lentement, si près, si loin, si nombreux, comme un roulement de tambours chuchotant, silencieux et pourtant si fort. Ils marchent face à nous, à gauche, à droite, derrière, de toute part. Le rouge métallisé de la terrano est englouti au milieu de zébus, noirs, marrons, blancs, bouseux, poussiéreux. Le troupeau est compact sur des kilomètres et des kilomètres, à perte de vue. Toute une culture défile dans cet infini couloir bovin. Impressionnante sensation que d'être au coeur de tout ça.
A suivre....