La coupe du monde vécue en Guyane...
Pour tout vous dire, nous ne sommes pas des fanatiques du jeu de ballon, nous n'avons ni loué ni acheté une télévision pour l'occasion (pour ceux qui ne le savaient pas, nous n'avons jamais eu la télé !!) . Mais en Guyane, on a beau essayé de faire les sourds et de continuer notre vie l'air de rien, on a du mal à échapper aux échos du mondial de foot. Le petit écran est branché un peu partout, "au chinois" (épicerie) du coin, dans les bars, et même dans les cars-à-sanwich ou sur le marché entre les légumes ... Les rassemblements ne manquent pas, ainsi que les hurlements dans les rues ! Ambiance joviale : de partout, ça crie, ça klaxonne, on se serre dans les bras les uns les autres toutes origines et toutes couleurs confondues, les drapeaux s'agitent, pétards et feux d'artifice explosent, c'est la folie, c'est la fête !
En ce qui nous concerne, nous avons en plus des voisins brésiliens, pour qui le foot fait partie intégrante de leur culture. Etant donné les différentes origines de la population dans notre quartier, l'animation ne manque pas !!
Des drapeaux sont hissés partout dans la ville de Kourou. Au début de la coupe du monde, les couleurs jaunes et vertes engloutissaient complètement les rares bleu blanc rouge. L'Europe ne semblait pas vraiment être dans les favoris d'une majorité de la population, surtout quand le continent sud-américain jouait. Même si la Guyane est française, sa situation géographique et la composition de sa population compliquent les donnes. Par contre, lorsque la France joue contre un pays autre que sud-américain, elle reste au premier rang de la liste des favoris. Un "pays" à plusieurs maillots donc.
Dimanche 18 juin. L'après-midi était plutôt chargé !
Lisez seulement...
13 heures : Brésil - Australie
16 heures : France - Corée
Aux premières explosions de cris, on se doute qu'il y a affaire ! C'est un but, et on sait de qui ! Les trompettes se déchaînent et on entend des feux d'artifice éclater dans toute la ville ! Nous sommes pourtant en plein après-midi, mais ne croyez pas que les supporters expriment moins de ferveur ici ! Que nenni ! On commence la bière le matin, voilà tout !
Pour nous la vie continue tranquillement. Nous faisons nos affaires tout en vivant les temps forts du match à travers la frénésie des voisins. La télé est à fond, et les commentaires (en brésilien évidemment) ne manquent pas ! Une nouvelle détonnation éclate plus fort que jamais : GOOOOOOOOOOOOL !!!
Les klaxons se déchaînent et on entend les voitures passer en trombe, certains 4x4 ont même été équipés de sono comme les brésiliens et une voix à effet résonne de basse ! Pour couronner le tout, les oies du quartier jacassent de tout leur bec pour participer au bruit et à la joie Guyanaise. Un vrai spectacle sonore. Et ce n'est que le premier tour de la messe.
Rebelotte quelques heures plus tard, mais avec une variation d'intonation : il y eut une déflagration où toutes les bouches se réunirent en un "oooh" dépité.
Aaah... la Corée a dû égaliser ! Dimanche 18 juin donc, la Guyane ne gagnera pas deux fois ! On y a pourtant cru ! Heureusement que la Guyane est aussi brésilienne, car si elle devait compter sur la France sur ce coup là...
1er Juillet : Un grand jour pour la Guyane car le match oppose la France et Brésil !!
Y a d'la tension dans l'air !! Les voitures sont habillées de leurs couleurs favorites, les uns et les autres ont sortis leurs maillots préférés, les drapeaux sont hissés avec cette fois moins de timidité pour les bleus ! Certains visages se sont maquillés d'un côté de bleu, de l'autre de jaune. Ce soir là, la Guyane est de toute façon gagnante ! Et la fête sera longue, qui que soient les vainqueurs !
Coup d'envoi.
Dans notre quartier, silence, pendant un long moment. Depuis la maison, sans aucun support médiatique, nous comprenons l'évolution du jeu. Quand les voisins d'en face s'excitent, il y a avantage pour la France. Au même moment quasimment, les voisins de gauche (qui sont donc brésiliens) poussent des gémissements de déception ou des "houula, nonnn" ! Et vice versa quand la situation change. Les oies sont toujours de la partie, mais elles n'ont pas de favoris !
Puis vinrent les fameux hurlements des haïtiens ! Alors là ! On aurait pu croire à une transe vaudou tellement les cris sont sridents. Les chiens se sont mis aussi à aboyer de toute leur gueule ! Pétards et klaxons enchainent aussitôt. Vive la France, se mettent à crier les jeunes coulis (indiens) un peu plus loin dans la rue. Voisin de gauche : silence radio !
Fin du match, c'est l'hystérie totale. Nous finissons par succomber et allons faire un tour en ville, histoire de palper l'ambiance. Une brésilienne passe en vélo les larmes aux yeux. Les couleurs de la France s'agitent dans un coucher de soleil radieux. Tout kourou est dans la rue pour fêter la victoire française. Et malgré la déception nettement affichée sur leur visage, certains Brésiliens ont baissé leur drapeaux et applaudissent ou sortent même les couleurs de la France.
Pour le jour de la finale, nous n'avons malheureusement pas d'anecdotes à raconter. Nous étions à l'hopital : c'était la période où Meva est venue au monde... pas de télé, pas d'animations... silence total... c'était étrange... dehors Xav raconte que la ville de Kourou est morte... tout le monde devant le petit écran ? non ! C'est que la France avait perdu. Il paraîtrait que la Guyane était comme en deuil !!