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Carnet de vadrouilleurs
29 mai 2005

surprises au rythme de la pluie...

Le week-end dernier était un classique : canoë sur le Kourou, deux jours en carbet, avec le chat et la guitare !! Très sympa ! Au programme, baignades dans le fleuve parfois sous des torrents de pluie (impressionnant, et que du bonheur !), un peu de gratte et de chant (mais ce n'est pas pour ça qu'il a plu !!), bouquinage, jeux, longs repos en hamac, pagayes dans des petits couloirs étroits cachés du fleuve, silencieux et sauvages (moment magique).

La saison des pluies retient un peu les gens chez eux... déjà que ce n'est pas vraiment la grande affluence en temps "normal" sur les fleuves, en cette période, on se retrouve très souvent seuls en tête à tête avec la jungle, à notre grand bonheur !! De quoi apprécier encore plus le calme.

Mais la saison des pluies n'apporte pas que ça. On raconte que l’indice de pluviométrie n’a jamais atteint un tel niveau depuis cinquante ans. Des lacs se forment un peu partout par-ci par-là, notamment sur des terrains vagues sauvages, à proximité de forêt. C’est ainsi que le dimanche 17 avril 2005, gris mais sans pluie , nous décidions avec notre petit canoë d’explorer une savane inondée, à quelques kilomètres de Kourou. Nous n’étions pas déçus de la ballade. Originale, dépaysante, et tout simplement belle !

Avec toute la pluie qui est tombée, nous avons pu faire sans la moindre difficulté la mise à l’eau sur les bas-côtés de la nationale. Seul petit souci, les atroces fourmis rouges qui déchiquètent nos pieds. De quoi laisser à Titine (allergique aux piqûres) des séquelles horriblement irritantes des semaines durant !! Nous n’oublions surtout pas notre coupe-coupe : les lieux sont connus pour la présence d’animaux sauvages, notamment les jaguars. Sic !

Nous laissons derrière nous la nationale, en pénétrant dans ce que seul auparavant notre regard essayait d’imaginer. En temps habituel, c’est une grande étendue d’herbes hautes sauvages où personne n’oserait s’aventurer sans fusil… Au lieu de l’infini vert, un énorme lac miroir gris foncé dont on ne distingue ni le commencement, ni la fin. Impossible de résister à l’appel du mystère. Le canoë  trouble la surface plane en laissant derrière lui un sillon éphémère. Des piques d’herbes tranchent parfois la surface lisse de l’eau. Sans doute que le sol y est plus élevé. Par endroit, ce sont des feuillages d’arbres qui forment des îlots, sans terre. Difficile de se frayer un chemin même avec le coupe-coupe : c’est trop touffu ! Nous ne nous contentons donc que d’en faire les tours. L’idée de pagayer dans les hauteurs de ces arbres nous amuse !  Dedans, ça grouille de vie, c’est incontestable : des animaux n’ont pas pu échapper à la montée des eaux et tentent de survivre là. Nos regards s’aiguisent pour analyser la moindre vibration. Singe ? Serpent ? Félin ? Au détour d’un îlot, surprise… très surprenante ! Au loin, surplombe majestueusement l’énorme fusée maquette de l’entrée du centre spatial. Décor complètement surréel !! Le lac est extrêmement grand. D’ailleurs à force de ramer, on se demande s’il n’aboutirait pas à la mer !! Avec les îlots, nous devons faire attention à ne pas nous perdre. De temps à autre, nous nous amusons à tâter le sol en enfonçant nos rames. Rien. Ca paraît très profond. Dire que toute cette eau vient du ciel ! Par dessous le canoë, au delà des reflets de nos visages, nous apercevons parfois ces jolies fleurs sauvages oranges, les Heliconias, englouties dans les profondeurs sombres et translucides à la fois. Drôle d’effet. 

Dans la série des choses délirantes, des troncs de palmiers d’une vingtaine de mètres surgissent par ci par là au milieu du lac. Et nous voilà en train de nous amuser à slalomer autour de ces géants sortis de nulle part. Il faut le faire ! La promenade est vraiment très belle. Mais le clou du spectacle, nous l’aurons à la fin, vers la « pagaye du retour ». En lisière de jungle, à un endroit où il n’y a pas d’eau, Titine repère un groupe d’environ cinq énormes capybaras (connus aussi sousle nom de cabiaïs). Ce sont les plus grands rongeurs au monde (environ 1m de long et peut atteindre jusqu’à 70kg), très appréciés des estomacs guyanais (quand on pense à tous ces chasseurs qui auraient été jaloux de nous…) (de tant plus que nous ne chassons pas !!). Nous en avons déjà vus dans le Pantanal, au Brésil, mais d’assez loin. Cette fois, nous réussissons à nous en approcher jusqu’à deux mètres. Impressionnantes les bêtes ! Surprises, elles poussent d’énormes cris de panique (comme des grouins aigus), et en une demi seconde, plongent dans le lac. Bien qu’il est évident qu’elles ont plus peur de nous que l’inverse, Titine n’est pas très rassurée. On ne sait jamais, ces monstres vont peut-être nous cogner, à la vitesse où ils ont disparu ?!! Au rythme de nos cœurs qui battent à la chamade, nous ramons vite vite vite vers la nationale et ses automobilistes fous qui nous regardent avec étonnement… le soleil se couche… le niveau de l’eau a bien baissé depuis le départ… il est temps de remettre le canoë sur notre petite 106… et de partir avec toutes ces images inoubliables en tête…

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12 février 2005

On se fait tit carbet !

Quand on a du temps, en vacances ou non, pour profiter de la Guyane, on se retrouve forcément à un moment ou à un autre dans la forêt et sur un fleuve (c’est vrai qu’il n'y a pas beaucoup d'autres choix...) ! Même ceux qui n'ont pas d'embarcation trouvent toujours le moyen pour s'enfoncer plus ou moins dans la jungle... Pour notre part, en cette dizaine sans bouger de la Guyane, une tite virée verte est évidemment incontournable.

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Nous avions deux jours devant nous (jeudi 10 et vendredi 11) : avant ça, on a fêté le carnaval à fond (on va y venir dans nos prochains récits, histoire de garder le meilleur pour la fin...), et après ça, un repas avec des amis est programmé... pour la semaine prochaine, on verra bien !! Deux jours, c'est l'occasion idéale pour notre escapade rituelle dans les profondeurs des charmes de dame Amazonie. Avant le départ : vérification des touques (pour éviter que nos affaires ne soient mouillées, on les met dans des touques, sorte de bidons en plastique étanche), hamacs, cordes, moustiquaire, bougies, allumettes, camping-gaz, vaisselle, boîtes de conserve, effets personnels de Môsieur le chat… Puis du jardin, on hisse la pirogue, zigzague entre les plantes, on ajuste les tringles en bois sur le toit de la voiture et le sport peut commencer : on tire, on soulève, on porte, on retire, on reporte, on fixe le tout. L’agitation inquiète un peu le chat, mais le tour est joué une fois qu’il est dans la voiture. Il ne reste plus qu’à supporter pendant quelques kilomètres ses miaulements. Ca tombe mal, on n’a pas d’autoradio !!!

On a traîné un peu pour les préparations. Et on ne sait pas encore où aller. Le choix des rivières avec leurs multiples embranchements est très très très large. Et même si en gros on peut avoir l'impression que c'est toujours la même chose (y a qu'à voir les photos qui ont l'air répétitives), dans le vécu, c'est différent : chaque lieu et chaque moment a sa particularité. D'ailleurs, une même crique (petite rivière) montre d'un jour à l'autre une facette différente, toujours belle et encore plus mystérieuse. On ne peut jamais se lasser de réexplorer des endroits maintes et maintes fois parcourus. Comme il est bientôt midi, pour ne pas faire trop de route et se retrouver rapidement sur l'eau, on décide vite fait bien fait d'aller sur notre cher fleuve Kourou. Celui-là, c'est toujours soit quand on n'a pas beaucoup d'inspiration, soit quand on a peu de temps qu'on s'y retrouve !!!

Mise à l'eau habituelle. Tit chaton devenu un gros matou doit accepter quelques minutes la cage (son collier ne lui va plus, donc impossible de lui mettre la laisse) le temps d’être paré pour l’embarquement... Vous l’aurez entendu… on aurait dit un singe torturé à mort !!!! Pour la suite, pas de palabres… activités que vous devinez sympathiques autour du carbet (case en bois entièrement ouverte, où l’on pose nos hamacs et installe nos affaires) que l’on a squatté : zen, nature, baignade, rames, concert d’animaux sauvages (moment de musique intense quand dans le concert des oiseaux et des insectes, les singes hurleurs sont entrés en scène !! ) etc… que du bonheur, du pur bonheur !!

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30 janvier 2005

Rivière des cascades (suite et fin)

Place au soleil ! Ca c’est magique en Guyane ! Quelques minutes avant c’était tout gris et il a plu en trombe, quelques minutes après, le ciel est bleu et ensoleillé !

La rivière des cascades est charmante, relativement petite mais suffisamment large pour être assez dégagée et laisser les rayons du soleil nous dorer. Couloirs d’embranchements par-ci par-là. Passages (au fur et à mesure que l’on s’enfonce) d’abord noirs, puis couleur saumon, et « au bout » transparents.  Plagettes et bans de sable propice à de bonnes baignades dans les profondeurs de la forêt. Ici, aucun carbet et aucune embarcation !! Décor. Cris d’oiseaux au loin. Légers battements d’ailes bleues des papillons morphos dansantes. Froissements de verdure (des singes ?) dans les hauteurs des arbres géants de la forêt. Luxe, calme et volupté. On est bien ici !! On se demande où sont les cascades à l’origine du nom de cette rivière… Peut-être sont-ce tous ces petits écoulements d’eaux qui viennent des terres argileuses de part et d’autre de la rivière ? C’est vrai que c’est tout à fait particulier, et qu’en laissant bien planer son imagination à l’écoute du bruit que ça fait, on pourrait penser à des cascades en miniature…

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Fin d’après-midi. La marée est bien basse. Oui, oui, on ne l’a pas encore évoqué… A cause de l’immensité du fleuve Amazone, la marée, basse ou haute, est très intense dans la région, et se fait donc ressentir en profondeur des terres, jusqu’à des centaines de kilomètres de la mer, dans les fleuves et rivières au fin fond de la forêt… étrange, mais vrai ! La marée est donc bien basse. De la surface de l’eau, des troncs et des branches surgissent. A certains endroits, il n’y a presque plus d’eau. Se forment alors des îlots caillouteux colorés de quelques touffes d’herbes. Le paysage est plus ou moins similaire sur la crique Inini (pas très loin d’ici) en marée basse. On a donc l’habitude.

Mais un méga gag nous attend au dégrad où l’on a mouillé la pirogue (et où il faudra donc la remonter sur la voiture). La marée basse a retiré avec elle une bonne partie de la rivière, ne laissant à cet endroit-là que quelques bons mètres d’argile noire bien gluante et grouillant de crabes !!!!!!! Comment tirer la pirogue jusqu’au chemin sans trop patouiller dans la boue, mais surtout sans se faire pincer par les milliers de crabes qui se promènent par là ?!! Crise de fous rire pendant quelques bonnes minutes !!! On n’a que nos tongues, et pas beaucoup de choix. Je propose « un plan d’enfer » à Xavier. Lancer jusqu’au chemin une extra longue corde bien solidement attachée à la pirogue. Se débrouiller en sautant sur les restes de pirogues kapoutes parquées un peu plus loin sur le côté pour éviter au mieux la vase et les crabes… Passer dans la broussaille folle où l’on peut imaginer dix mille autres sortes de bébètes un peu plus gentilles que les crabes… Puis tirer la pirogue (une soixantaine de kilo seulement…) de la boue (ça par contre ça alourdit plus…), avec la longue corde !! J’ai vraiment vu trop de Mac Gyver dans mon enfance, d’après xav.

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Il préfère juste compter sur les herbes folles sur le côté. Crises de fous rire à nouveau !! Car au sol, sous les herbes, il n’y a rien que de la vase… et des crabes !!!! Au premier pas, il perd sa savate après un bon schhplooocht qui l’enduit de gris foncé jusqu’au genou !!! Le reste du chemin se fera pour lui sans trop réfléchir (au point où il en est) dans la boue, droit devant ! Un vrai commando !! Il atteint le chemin avec de nouvelles bottes grises assorties avec son maillot de bain, et de supers gants (drôle d’idée sous cette chaleur…) (« collé dans la boue », perdant l’équilibre, il a dû aussi y plonger la main) (sans parler des maintes tentatives de pêche des savates englouties par la vase)… La chance dans cette histoire, c’est de n’avoir pas été pincé du tout !! Une fois le sol dur atteint, il récupère la corde que je lui lance depuis la pirogue et à mon tour...

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Hésitant des minutes durant, la peur au ventre et pourtant le rire toujours aux lèvres (tellement comique la situation !!), à mes risques et périls, je bondis de tout mon élan, en plongeant sur plusieurs mètres contre les pirogues kapoutes. Si je rate, je pique le nez dans la boue, c’est sûr, et c’est une séance de beauté gratuite à l’argile noire et de laideur aux pinces de crabes à laquelle j’aurai droit !! … Ouf ! Je m’en sors avec un seul pied dans la boue jusqu’au niveau de la cheville. La suite n’est alors plus qu’un jeu d’enfant. Equilibre sur ce qui reste de deux vieilles pirogues en bois suffisamment longues à elles-deux pour atteindre sans difficulté le sol dur. Après, c’est un passage dans la broussaille folle et haute, peut-être plein de pous d’agoutis, de fourmis rouges et autres bébètes, mais en tout cas bien c’est de loin bien plus rassurant que la vase noire grouillant de crabes…

Première étape difficile mentalement mais passée plus ou moins bien. Deuxième étape plus rude physiquement. On tire avec peine la pirogue au ho-hisse… il y a le poids, il y a la boue qui ralentit tout, il y a les « gants » à xav qui noircissent et font glisser la corde, et il y a en plus le ridicule de la situation qui nous fait toujours rire. Au bout d’au moins une bonne demi-heure, la pirogue est sur le toit de la voiture. Le plan a marché. Merci Mac Gyver.

Belle exploration, belle aventure… Une journée pleine d’émotion !!

30 janvier 2005

Exploration de la rivière des cascades(première partie)

Ce dimanche est un grand jour : nous décidons d’explorer une nouvelle crique pas trop loin de Kourou !! Canoë sur le toit de la voiture, léger picnic et parapluie, et c’est parti pour une belle journée !! Le temps est chargé, mais c’est toujours un plaisir une escapade comme ça. Direction route de Montsinery. Un long « raccourci » en goudron étroit et défoncé qui va de Macouria à la route de l’Est s’entortille à travers la forêt. Quatre ou cinq criques (dont l’une de nos préférées « l’Inini ») traversent cette route. Ce qui déterminera rapidement notre choix du jour, c’est le niveau de difficulté de mise à l’eau de la pirogue. Toutes les rivières ne sont pas accessibles : pas de piste jusqu’à l’eau ou s’il y en a, la forêt y a repris ses marques !!!

En contrebas du pont de la rivière des cascades, un étroit chemin de terre rouge de quelques mètres est tout juste accessible en voiture. Le choix est fait !! On ne va pas trop loin avec la 106 car avec la pluie qui a dû tomber par ici et avec le phénomène de marais, la sol est très mou. On préfère donc porter ou pousser sur plusieurs mètres la soixantaine de kilo que fait notre ‘tite pirogue. C'est toujours avec une grande excitation qu'on mouille pour la première fois sur un dégrad (nom local qu'on donne aux embarcadères) encore inconnu. Dans la précipitation, au niveau de l’eau, voilà que nos tongues restent coincées dans cinq centimètres de vase grise bien gluante !! Moue de dégoût mais toujours sourires au visage, on saute sur le canoë, et on gratte durant quelques bonnes minutes nos semelles et nos pieds suspendus dans l’eau. Quelques coups de pagaies et on oublie déjà tout ! Le temps menace. Déchirement dans le ciel bas et lourd. On quitte à peine le bord que de grosses gouttes de pluie nous tombent dessus. Très vite c’est le seau d’eau. On rame rapidement pour s’abriter sous le pont. L’activité nous échauffe. Pluie et sueurs nous collent à la peau. Nous sommes trempés et tout émus d’être là, sous la ferraille rouillée du pont, où l’écho de la pluie résonne et vient teinter d’une note originale le brouhaha alentour de chaque goutte sur la rivière et dans la forêt de part et d’autre. Le tableau est magnifique : infinies ficelles d’eau qui tombent du ciel pour finir auréolées dans le sillon de la rivière. Mais chaque chose a son temps et ce n’est pas plus mal : la pluie cesse et on veut la découvrir cette rivière !!! 

(à suivre)

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12 décembre 2004

Avortement de "la crique des pères"

Ces derniers temps, les semaines étaient plutôt difficiles, entre les réunions, les conseils de classes, le top chrono pour la restauration des peintures, etc... vlà un week-end bien mérité ! Ce n'est pas que les autres fois on ne le mérite pas, mais là, on est vraiment saturé!! Sans parler du taux de chlorophylle dans nos sang qui a atteint un niveau très critique !

Samedi matin : la question des week-ends est souvent le « où aller ? »  !! Il y a tellement à faire ici !! Une fois de plus, la hâte nous a mené sur le fleuve Kourou : objectif : faire le moins de voiture possible et se retrouver au milieu du vert à flairer le fleuve au plus vite… mhhh… vous savez, cette odeur d’évaporation blanchâtre indescriptible qui s’émane du goudron noir brûlé par le soleil et  rafraîchi par de grosses gouttes de pluie qui commencent par tomber une à une avant de se transformer en seau d’eau… ça se rapproche de ça l’odeur du fleuve… cette odeur même mixée à une enivrante odeur de forêt… mhhhh…

Pour changer de nos petites habitudes, nous décidâmes d’aller à la "crique des pères", une ramification du fleuve Kourou. Car en effet, oui, le fleuve Kourou a beaucoup d'embranchements, ce qui le rend entre autres toujours attirant. Ca faisait un moment que nous n'y sommes pas allés. Le "chemin d'eau" qui y mène est long, il faut faire pas mal de pirogue, mais le lieu est beau ! Le rempart de forêt est large de part et d’autre. Le fleuve est donc assez dégagé,  mais le plus marquant, c’est sa couleur saumon, très clair, presque laiteuse… le tout donne une sensation d’assurance et de confiance. On est là, l’eau nous appelle pour un bain jovial, on est tout simplement bien et on ne pense même plus aux bébêtes louches et chatouilleuses qu’il pourrait avoir… De plus, aucun carbet (case en bois) n'y est implanté !! Calme et solitude garantie au fin fond de la nature !

Au PK17 de la petite route de bitume un peu cahoteuse qui pénètre dans la jungle, un bout de forêt qui s'arrête dans le fleuve a été rasé pour servir de dégrad : c'est là qu'il faut mouiller l'embarcation. La piste rouge est sèche et poussiéreuse, et des sillons tracés par la pluie et par le temps se sont creusés. Il n'y a que quelques mètres pour atteindre le fleuve de la route goudronnée, mais il faut conduire très prudemment. De tant plus que les week-end, c'est un peu la cohue au dégrad. Les grosses voitures défilent à la queue-leu-leu avec leur remorque. On rit toujours de ceux qui avec leur 4/4 tout propret patinent et ont du mal à mettre à l’eau leur coque alu au gros moteur. Avec notre petite 106 un peu pourrie, notre petite pirogue en « plastique », on les nargue en deux trois mouvements !! Une fois à l’eau, nous oublions vite cette dernière agitation au bout de la route. La ballade peut alors commencer.

On s’enfonce, bercés par le ronronnement de notre mini moteur, et ivres des caresses folles de l’air environnant. Au niveau de croisements, il faut vérifier de temps à autre « le chemin » à prendre sur une carte précieusement gardée dans une touque (bidon range-tout en plastique). Au bout d’une bonne heure de pirogue, manque de chance, on tombe en panne d’essence et notre bouteille de réserve est déjà bien entamée. Il serait fou, inconscient et irresponsable de continuer plus loin. Modification donc du plan de départ : on décide de s’accrocher à un arbre et de se poser là, au milieu de nulle part et loin du monde. On ne verra pas les eaux saumons de la « crique des pères », mais on profitera à merveille du coin. Moteur éteint. Nous voilà cette fois vraiment seuls, avec les doux chuchotements de dame nature. Baignade. On plonge et remonte de la pirogue. Il faut être très vigilent à cause du courant. Notre système débrouille pour une baignade cool, c’est une longue corde bien attachée à la pirogue et sur laquelle on se hisse et on reste bien accrochés. Après avoir bien fait les fous, on déjeune, toujours sur la pirogue. Une banquette nous sert de table, et de part et d’autre, en tête à tête, seuls dans la nature, balancés par le courant, le tableau est romantique. Dommage qu’on avait oublié les bougies, hihi ! Après une petite sieste (toujours dans notre pirogue « sert tout »), une nouvelle partie de baignade, un semblant de pêche, et la journée s’achève doucement, à nouveau dans le ronronnement du moteur direction le dégrad avec les dernières gouttes d’essence.

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8 décembre 2004

Serions-nous drogués ?

Ces derniers temps, les héros du blog petit à petit ont un peu mis de côté leur chère jungle. De temps en temps, on doit oublier son côté sauvageon, et se plier aux obligations ennuyeuses du monde civilisé. De temps en temps aussi, on se fait plaisir à vivre pleinement et profiter de ce monde dans lequel on vit, n'est-ce pas ??

Ces derniers week-ends se sont déroulés pour nous sans vert. Au programme, culture et société. Vernissages par-ci par-là, concerts, on invite à bouffer ou on se fait inviter, soirées cacahuètes / dvd, auto-tamponneuses de la fête de Kourou, etc... De quoi se distraire, quoi !! On en a profité pour mettre le moteur de notre tite pirogue à réviser.

Aujourd'hui, on dirait que le sang coule moins fluide dans nos chairs. On est en manque de chlorophylle. On a beau marcher tous les jours à la plage, respirer la forêt omniprésente, mais la jungle et ses criques, sombres et mystérieuses, celles-là même qui nous enivrent et nous ramènent à notre état pur, proches de ceux de nos ancêtres vieux de plus de 3000ans, nous manquent ! A croire que nous sommes drogués… par la nature !!!

En attendant d’y aller, là-bas, pourtant pas si loin, nous pompons de tous nos poumons l'air amazonien qui plane autour de nous, inspiration, expiration, et nous nourrissons nos yeux de photos gravées dans l'ordinateur...

14 novembre 2004

Verte ivresse

Aux parkings, situés pourtant à quelques mètres des routes, nous sommes déjà plongés dans un autre monde, oubliant loin derrière les bruits des voitures à fond la caisse.

Un couloir végétal, d'abord assez large, nous invite à pénétrer dans la pénombre de la jungle. Au niveau d'un panneau indicateur souvent illisible, quand il y en a, on sait que la balade commence vraiment. Tous nos sens s'éveillent alors. A commencer par les narines qui s'élargissent, et nos cages thoraciques qui semblent avoir triplé de volume (de l'intérieur, je vous rassure...) ! Le couloir ne devient qu'un simple sillon de verdure. Une légère brise de fraîcheur resserre nos pores. C'est que la marche a à peine commencé. Le sol est camouflé d'un tapis de feuilles mortes, serpenté par une infinité d'entrelacs de racines, parfois énormes, dont on ne retrouve même plus l'arbre mère...

Au dessus de nos têtes, des géants percent la foufoune verte et élancent leurs ramures pour défier le ciel, dominer l'Amazonie et les milliards de vies qui y fourmillent.   Les rayons du soleil, qu'on sait pourtant bien éblouissants au delà, n'arrivent à percer que dans des trouées qui forment alors de surprenants tableaux abstraits de hachures, zébrures, et tâches, entre les jeux d'ombres et de lumière, les couleurs sobres, et les formes luxuriantes de la forêt. Nos yeux , depuis un moment habitués au sombre, ne peuvent que s'écarquiller devant un tel spectacle.

On s'enfonce dans la forêt, drue. Ce mur chlorophyllien qui paraît impénétrable nous avale dans son gouffre interminable, nous réduisant alors à un moins que rien. Nos pas sont rythmés par le monde environnant. La puissance et la vitesse de chacune de nos foulées doivent être précis. Ne pas trébucher sur une racine, écarter des torsades de lianes gênantes, enjamber des trous suspects, éviter la queue leu leu de colonies de fourmis rouges portant sur leur dos des bouts de feuilles...  Nos oreilles, tendues plus que jamais, nous arrêtent pour des remuements au dessus de nos têtes : il faut scruter... mais déjà on ne distingue plus que  les queues d'un petit groupe de singes... On profite des hasards des rencontres pour faire une pause : une odeur spéciale, douce et épicée, une bébête quelconque, inconnue ou étrange, une plante originale, et parfois de sacrées surprises !

Ca doit faire une heure qu'on marche, ou, deux, ou trois ? Nos fronts ruissellent, nos tee-shirts collent à nos peaux trempées. Notre corps entier est en symbiose avec la nature. Échanges invisibles  entre les profondeurs des veines des arbres et nos cœurs. On perd toute notion de temps. On croit que les oiseaux nous parlent. On répond à leurs cris. Et sourit au bonheur d'être là.

Mais voilà que le sentier s'élargit et s'illumine, nos yeux brusquement éblouis, nos oreilles surpris d'un vrombissement de moteur pourtant loin : la boucle est bouclée, la balade s'achève là !

4 novembre 2004

Toussaint sauvage sur l'Inini

L'Inini ? Drôle de nom ! Un arbre ? Une plante endémique ? Un inselberg ? Un camp d'orpailleurs ? Une mission secrète ? Non, rien de tout ça ! Les spécialistes de l'histoire de la Guyane savent sûrement que c'est le nom de la partie intérieure de la Guyane avant qu'elle ne soit un département, mais de nos jours, c'est surtout le nom d'une crique, d'une petite rivière qui s'enfonce petit à petit dans la sombre forêt guyanaise habitée par des myriades d'insectes et des théories de fauves !

Pour nous, c'est surtout un de nos lieux de repos d'élection ! Nous connaissons bien cette petite crique pour y avoir souvent pagayé et pour y avoir déjà passé des nuits. Un jour, un week-end, une semaine de dispo, on ne sait comment, on finit souvent là ! Nous avons dû être ensorcelés par le génie de ces lieux... Son royaume est un havre de paix, où règne la nature. Nous y apprécions le calme : la rivière est étroite et parfois si peu profonde que les grandes embarcations ne peuvent y accéder facilement. La plupart du temps, nous y sommes donc seuls.

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Malgré les quelques carbets qui ont été construits, nous préférons nous installer en pleine nature entre les arbres, sur un terre plein surélevé qui domine la crique. Nous étendons notre bâche qui va nous protéger d’une bonne pluie le premier jour, accrochons nos hamacs qui nous servira de lit pendant une semaine, disposons nos touques, - grosses barriques de plastique qui permettent de ranger nos effets à l'abri de la pluie, et le tour est joué !

Les journées s’écoulent et se déroulent au rythme du soleil, au gré du temps qu’il fait et surtout de la marée, - car même si l'Inini est à l'intérieur des terres, elle est soumise au régime des marées.

Ici, à marée basse, des bancs de sable affleurent et forment des sites de baignade attractifs. Plage de petits cailloux colorés, îlots de sable ou de plantes aquatiques qui surgissent de nulle part, eaux claires et limpides, au milieu de la verdure amazonienne. Il y a bien des rabat-joie qui incitent à la méfiance : attention, des raies venimeuses se cacheraient sous ces bans de sable... Fi ! Notre plaisir est de barboter dans ces eaux transparentes à peine remuées par le courant.

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A marée haute, le génie des lieux change d’humeur et couvre l’Amazonie de sa voile mystérieuse. La crique devient si plate et si noire, qu’on se demande quel genre de monstre hante ses fonds. A ces moments là, on préfère alors pagayer. La barque glisse lentement sur un miroir interminable, d’où l’on voit défiler la majestueuse forêt dans ses moindres détails. De temps en temps des feuilles mortes décomposées en liquide blanchâtre, des nuées de moucherons, un poisson volant, le bleu profond des ailes fragiles du  fameux papillon morpho viennent éveiller notre esprit aspiré par l’Inini. 

La végétation qui borde la crique est classique : mangrove qui déploie ses racines aériennes, grands arbres qui s'éffondrent parfois et obstruent le cours. Ce n'est pas grave : notre embarcation est si légère qu'il suffit de descendre et de la soulever ! Seul le chat est inquiet lors de l'opération.

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Tarzan, Jane, et bien sûr, Chita !!

Oui, depuis que notre famille s’est agrandie avec Uyuni, le chat, nous avons pris l’habitude de partir à trois en forêt sur les fleuves de Guyane ! Pour cette expédition, il a donc évidemment été de la partie ! L’occasion pour lui de retrouver ses instincts de fauves…. de changer des poufs malgaches, pour se prélasser à la place sur des nids de fourmis… de chasser encore plus que dans le jardin, bien qu’il ne se limite qu’aux lézards et aux insectes… La nuit, il sert de fourrure à xav, qui n’a pas la chance comme titine d’avoir un sac de couchage contre les frissons de la fraîcheur sylvestre au petit matin.

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Quand la lumière baisse, assez tôt vu l'épaisseur de la forêt, on allume une bougie et nous écoutons le concert qui commence. Il y a moins de vent alors de nombreux insectes rivalisent de sonorités pour s'aérer. Ils doivent appartenir à la famille des cigales, mais il y a beaucoup de cousins ! Des milliers d’êtres minuscules dansent à la surface de nos peaux en sortant du bain frais et revigorant de la crique. Il faut lutter contre les taons qui en ont spécialement contre la chair tendre de titine, enfiler pantalons et se protéger des moustiques coriaces. Quelques chauve-souris rasent notre campement, des lucioles clignotent autour sans que le chat n'arrive à les attraper, et des centaines d'insectes viennent se tuer dans la flamme vacillante de notre bougie. Ce n'est pas un pogrom, tous les soirs il y en avait autant ! Nous pouvons alors commencer à grignoter, et préparer le dîner. Quand la bougie est finie, les singes se mettent à hurler, c'est alors signe pour nous qu'il faut rejoindre le hamac, d'autant qu'à l'est, on voit la lune veilleuse qui point à travers la canopée...

Rêveries en hamac, défilés de pages de livres, plaisirs simples de la vie et de la nature, les nuits et les jours se succèdent ainsi pendant une semaine, loin de la civilisation et du monde. De quoi bien se ressourcer avant la reprise demain !!!!

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25 octobre 2004

Promenade sur les Marais de Yiyi

D'abord, une entrée étroite. Un couloir de végétation drue. Ca ressemble à des coeurs suspendus sur des racines mangroveux plantées collés serrés dans l'eau noire. Une légende raconte qu'un bout de coeur de chaque visiteur des lieux pousse là. L'endroit est tellement magnifique que personne ne peut en être indifférent... même pas un chaton !! (La légende, c'est Titine qui l'a inventée...)

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Derrière le couloir, un vrai paradis végétal s'ouvre dans un sillon d'eau. Se mêlent alors à toutes sortes de plantes aquatiques, les disques des nénuphares, les accrobaties de quelques poissons, les hachures d'herbes, des algues frétillantes, le marron de la mangrove, le cris des oiseaux, l'élan des palmiers, la beauté des moko-mokos...

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Puis l'espace s'assombrit. Mais cette fois, au point de ne plus voir le ciel. Le reflet bleu s'estompe. Place au noir, au marron et au vert. C'est dans la forêt qu'on pénètre. Celle-là même qui est toujours présente partout où que l'on soit, ici en Guyane...

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Et pour finir, quelques photos pour le fun... Avant le retour à la maison !

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24 octobre 2004

Notre premier canoë - la crique gabrielle.

Dans les souvenirs de nos premières années en Guyane...

10/03/2002

Ce jour est un de ces dimanches ensoleillés pendant la saison des pluies : il faut donc profiter ! Maillots, casse-croûte, fil pour pêcher, coup de tél pour la réservation d'un canoë, et hop, direction route de l'est via la nationale. Au carrefour du Galion, juste à l'angle vers la route de Montsinéry, on s'arrête au Emerald Jungle Village.

Le proprio hollandais nous explique avec son gentil accent, comment s'y prendre : "madame à l'avant, monsieur à l'arrière"  "entrer un par un"  "pas gigoter" , etc...  Après toute l'initiation au fixage de la barque sur le toit de notre petite 106, il nous conseille, comme c'est notre première fois, d'aller sur la crique Gabrielle, et surtout de faire attention au courant et au retour avant la tombée de la nuit.

L'excitation de la découverte d'une nouvelle expérience monte en nous. Mais il faut rouler prudemment. Direction donc la route de Roura. Comme tous les dimanches, au niveau du pont, de nombreuses voitures avec remorques sont garées sur le parking de l'embarcadère. Descendre le canoë de la voiture n'était pas trop compliqué, à peine un peu lourd...

A l'eau, le plastique fait très, très léger.  Et maintenant ? On bourre la touque de nos petites affaires,  et honneur à la femme ! Un pieds dedans : la barque tremblote : j'ai l'air d'un clown équilibriste ! Deuxième secousse vertigineuse quand l'autre pieds vient essayer de stabiliser l'ensemble. On ne peut s'empêcher d'éclater de rire. On en a fait de la pirogue jusque là ! Mais le canoë n'a rien à voir !!! Le réflexe, c'est évidemment de s'asseoir...

Une fois bien installés, on laisse nos instincts diriger l'engin. La pagaye commence. Allonger. Tirer. Pagayer. Pagayer. On va vers la mer. Au large, le soleil éblouit. Mais très vite, on quitte cette impression de grandeur, de vaste et de liberté pour pénétrer sur notre droite dans un couloir végétal, qui au fur et à mesure se rétrécit. Pour une première fois, on ne se débrouille pas si mal que ça !

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Les efforts deviennent plus rudes quand le courant va contre nous.  De petits tourbillons venus des profondeurs, nous font parfois dévier, ou stagner alors que nous ramons ! Là encore fous rires ! On se retrouve à zigzaguer, à tourner en rond, ou pire, coincés sur les bas-côtés, entre les racines des palétuviers, après être parti à la dérive, happé par le courant pendant 20 mètres ! Il faut alors pagayer fort.

Puis, plus rien. Le génie de l'eau fait le mort ! Calme plat. On ralentit notre rythme et glisse alors tranquillement. C'est le moment de mettre à l'eau notre fil à pêche. On s'habitue et prend goût au canoë. On fait quelques pauses, histoire de goûter au bonheur d'être là, scruter les singes dans la jungle environnante, bouquiner un peu, surveiller le bout de scoubidou bricolé qui sert de bouchon à la pêche...

La fameuse crique Gabrielle est effectivement belle. Sauvage et paisible à la fois. C'est un réel plaisir de la découvrir de cette manière. Mais... car il y en a un....

Aujourd'hui c'est dimanche, et comme la jolie crique est une des plus proches de Cayenne, des moteurs de jet-ski ou de coques alu motorisées viennent souvent  interrompre le silence de la nature sauvage, et nous compliquer la tâche en créant des vagues et des remous ! C'est que la "route" est étroite !!!

Ainsi se passe notre journée. Sportivement tranquille ! On doit parfois passer sous des troncs d'arbre tombés, mais rien de bien périlleux. On se demande où est le bout. Les plaisanciers rencontrés nous disaient que c'était encore assez loin. C'est que pour une première, on y est allé doucement ! Apparemment, on n'a pas atteint la savane inondée ! Et le temps passe. Il ne faut pas se laisser prendre par la nuit alors on décide de faire demi-tour.

Dans le sens inverse, aucune difficulté, aucun effort :  un vrai régal ! Il n'y avait qu'à se laisser emporter par le courant qui nous ramenait vers le Mahury, diriger le canoë, écouter les oiseaux et le doux clapotis de l'eau.... On y replonge en le racontant !

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