Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnet de vadrouilleurs
13 novembre 2004

Quand mama africa frappe à la porte de nos mémoires....

Pour la première fois depuis un an et demi que nous habitons à kourou, nous sommes allés au marché du vieux bourg de la ville, qui n'a lieu que le samedi matin. Quelle surprise pour nous qui n'avions l'habitude que du marché principal du mardi et du vendredi !! On se frotte les yeux... on se frotte les narines... mais oui ! on est bien à kourou !! Les images clichées et classiques guyanaises des hmongs la plupart du temps derrière les étals colorés des fruits et légumes disparaissent ! Au lieu des yeux bridés qui ne laissent à peine entrevoir les pupilles, au lieu des corps petits et fins, au lieu des peaux pâles laiteuses, au lieu des voix discrètes à l'accent chantante... nous interpellent, avec des "Que veux-tu doudous chewi ?" fortes et franches, des mamas massives, noires aux yeux rouges, drapées d'exubérantes couleurs !!! Des odeurs qui semblent venir du continent de l’autre côté de l’Atlantique viennent remplacer les odeurs qui viennent d’habitude du côté outre-Pacifique. Exposés dans des cuvettes sur une table basse protégée grossièrement par une toile cirée, patates douces frites, bananes cuites, soanambo, achards pimentés, poissons frits, poulets boucanés, brochettes, et toutes les autres spécialités culinaires typiquement noires font oublier nems et rouleaux de printemps ou bouchées à la vapeurs habituels. Le marché est petit, mais quand on atterrit là, un seul et unique mot nous vient à l’esprit : Africa !! Spectacle magique pour une mémoire qui a connu un minimum ce continent lointain. Nos nez, complètement envoûtés, ne résistent évidemment pas, et les souvenirs continuent à bouillir dans nos cerveaux, quand, spontanément, à la maison on dévore tout ça goulûment en piochant à la main dans les mêmes assiettes !!

Cette petite évasion kouroucienne m’a tellement marquée que dimanche en fin d’après-midi, après un petit tour en canoë sur la crique Macouria, j’ai décidé de faire des mofo akondro (beignets de bananes)… un week-end gastronomiquement mémorable !!

« A la recherche du temps perdu »… une madeleine, une tasse de thé... Proust a bien raconté comment quelques odeurs ou quelques plaisirs gustatifs peuvent éveiller et refaire vivre toute une enfance….

Publicité
Publicité
11 novembre 2004

une journée qui a pourtant bien commencé...

Jeudi 11 novembre. 8h du mat. Ciel bleu. Le soleil commence à bien chauffer. Comme tous les jeudi matin, j'enfourche ma mob (MOBylette, et non pas tél. MOBile... euh... vous imaginez enfourcher un téléphone ?!!!) pour aller au fitness. Oui, oui, pour ceux qui ne le savaient pas encore, depuis un peu plus d'un mois j'ai troqué mon vieux vélo contre une belle mob hard-rock noire pour augmenter de vitesse pour aller bosser ! Ca me permet d'arriver le tee-shirt moins trempé et le cerveau un peu moins bouillant à l'atelier !! En plus, pour ceux qui ne connaissent pas l'ivresse du deux roues, je dois vous dire que c'est un vrai délice le petit vent qui caresse et raffraichit tout le corps baigné dans la chaleur du soleil !! De quoi rester tout sourire sous le casque !

a2

Avenue de France, la rue principale de Kourou, toute droite, soixante km à l'heure, le sourire rêveur sous le casque se mue en étonnement qui finit par ne laisser qu'une grimace sur mon visage. kéçako ? Douleur atroce sur la partie intérieure de ma cuisse gauche. Tellement atroce que je dois m'arrêter absolument. Avenue de France, les piétons continuent doucement leur marche sous le soleil, voitures scooters et vélos tracent une ligne droite, et sur le bas côté, la "hard-rock" tûe, je scrute ma cuisse. La douleur s'intensifie. On aurait dit un clou brûlant qui transperce la peau et qui essaye d'atteindre les os !! Au bout de longues secondes,  je distingue un point noir, puis autour ça rougit, et ça commence à enfler, à enfler, à enfler... Je dois me résoudre à faire demi-tour ! J'en oublie le fitness et le plaisir de monter une mob. Pfffff....

Aujourd'hui,  je ne peux expliquer ce qui est arrivé sur ma "hard-rock", avenue de France, ce jeudi 11 novembre vers huit heures du mat. J'ai dû m'assoir sur une guêpe... ou, une abeille coquine s'est cachée sous mon short... ou, une bébète mystérieuse a décidé de se faire embarquer en mob à mon passage... Quoique ce fut, il me reste encore, deux jours après, une méga boulette qui me démange à mort sur la partie intérieure de la cuisse, ce qui me donne d'ailleurs l'allure d'une demie footballeuse professionnelle, sic !! 

10 novembre 2004

Un crapaud au petit coin !

(mars 2003)

Urgence ? Pressés d'aller aux toilettes ?  Méfiez-vous... voilà ce qu'on a trouvé un jour ! Un gros crapaud qui fait ploc ! ploc ! Il saute, patauge, glisse sur l'émail et retombe dans le trou où il risque de passer les derniers moments de sa vie ! On tire la chasse d'eau, il se débat, un dernier ploc, puis disparaît. Pourvu qu'il ne réapparaisse pas un de ces quatre au moment où on est en pleine action sur le siège...

cra11 cra

6 novembre 2004

Un samedi à Cayenne

Ce premier week-end de novembre, les journées sont chaudes et propices aux balades rafraîchissantes qu'on aime bien faire en forêt. Cependant, il y a trois jours à peine, nous revenions d'une semaine sauvage sur l'inini (cf la rubrique "15jours..."). Samedi, nous décidions donc d'aller plutôt faire un tour à Cayenne. L'occasion de monter en ville et de profiter de tout ce qu'un samedi ensoleillé à la capitale peut apporter.

Grosses suées : nous cuisons comme de pauvres légumes à la vapeur dans la carrosserie de notre 106 aux fenêtres pourtant grandes ouvertes ; les tee-shirts baignent dans les bouchons aux ronds points ; et nous croyons couler dans nos propres eaux aux feux rouges toujours oranges où les voitures arrivent n'importe comment de partout.

Première halte incontournable quand on se rend à Cayenne : Mille Trésors, la caverne d'alibaba, celle qui fait rêver tous les artistes guyanais, la seule boutique du département spécialisée en art.  Ca va faire trois semaines qu'il me manque des tubes. Il me faut mes fameuses couleurs, dont le jaune de cadmium foncé et rien d'autre ! Malheureusement à chaque fois, au doux refrain "Sésame, je cherche ça", on me répond "pas encore livré, la semaine prochaine revenez ". Sniiiif !

On se rattrape dans notre deuxième caverne magique de la ville : AJC, la première librairie du département digne de ce nom !! On y traîne des heures, reniflant les pages, croquant des mots au hasard, et cette fois on en est ressorti avec ... cinq livres !!

Un samedi à Cayenne, c'est aussi et surtout, son marché aux mille vies !! Les quatre coins de la Guyane montent à la capitale lors de cette occasion hebdomadaire pour vendre ce qui est vendable, ou acheter ce qui est achetable. Les couleurs des fruits et légumes rivalisent avec ceux des humains. Ca foisonne de partout. Accompagnant des musiques qui tintamarrent, des hanches se déhanchent, les uns crient la promo de l’instant, les autres marchandent, frottement de l’osier d’un panier aux jambes dénudées, bousculades de sacs plastics blindés, on a croisé un tel, ça bise deux ou trois fois « c’est comme ça chez nous »… Sur le trottoir-terrasse d’un restau chinois au milieu de tout ça, on mate, on commente, on imagine les histoires des uns et des autres, on se marre tout en dégustant d’excellents nems avec du jus de prune de cythère rafraîchissant. Quelqu’un a lâché un pêt. L’odeur chaude de la « soupe spéciale moyenne » fait grougrouter nos ventres : c’est l’heure ! On effeuille la menthe, le citron fait shhhplicht sur les doigts quand on en met dans le bouillon, je m’applique à manger avec des baguettes !

Après ces moment de bonheur simples, changement de programme. On va rendre visite à notre cher ami Niko à l’hosto. En déambulant autour de ces gens qui ont peut-être été à deux doigts de mourir, je m’agrippe fort aux bras de xav. J’aime pô les hopitaux !! On se perd dans les couloirs, croisant par ci par là des boiteux, des pansés, de chambre en chambre défilent des corps allongés et regardant dans le vide le plafond. Enfin le service des orl. Ca fait plaisir de voir Niko, bouger et surtout se lever, sachant que la semaine dernière une main opérait dans son dos ouvert ! On discute sympathiquement autour de trois cocas et de ses radiographies, et au bout de deux heures on lui serre la pince en lui souhaitant plein plein de courage pour la rééduc en France.

Retour tranquille à kourou, vigilance au volant, et ceintures bien accrochées !

4 novembre 2004

Toussaint sauvage sur l'Inini

L'Inini ? Drôle de nom ! Un arbre ? Une plante endémique ? Un inselberg ? Un camp d'orpailleurs ? Une mission secrète ? Non, rien de tout ça ! Les spécialistes de l'histoire de la Guyane savent sûrement que c'est le nom de la partie intérieure de la Guyane avant qu'elle ne soit un département, mais de nos jours, c'est surtout le nom d'une crique, d'une petite rivière qui s'enfonce petit à petit dans la sombre forêt guyanaise habitée par des myriades d'insectes et des théories de fauves !

Pour nous, c'est surtout un de nos lieux de repos d'élection ! Nous connaissons bien cette petite crique pour y avoir souvent pagayé et pour y avoir déjà passé des nuits. Un jour, un week-end, une semaine de dispo, on ne sait comment, on finit souvent là ! Nous avons dû être ensorcelés par le génie de ces lieux... Son royaume est un havre de paix, où règne la nature. Nous y apprécions le calme : la rivière est étroite et parfois si peu profonde que les grandes embarcations ne peuvent y accéder facilement. La plupart du temps, nous y sommes donc seuls.

Sauvageons

Malgré les quelques carbets qui ont été construits, nous préférons nous installer en pleine nature entre les arbres, sur un terre plein surélevé qui domine la crique. Nous étendons notre bâche qui va nous protéger d’une bonne pluie le premier jour, accrochons nos hamacs qui nous servira de lit pendant une semaine, disposons nos touques, - grosses barriques de plastique qui permettent de ranger nos effets à l'abri de la pluie, et le tour est joué !

Les journées s’écoulent et se déroulent au rythme du soleil, au gré du temps qu’il fait et surtout de la marée, - car même si l'Inini est à l'intérieur des terres, elle est soumise au régime des marées.

Ici, à marée basse, des bancs de sable affleurent et forment des sites de baignade attractifs. Plage de petits cailloux colorés, îlots de sable ou de plantes aquatiques qui surgissent de nulle part, eaux claires et limpides, au milieu de la verdure amazonienne. Il y a bien des rabat-joie qui incitent à la méfiance : attention, des raies venimeuses se cacheraient sous ces bans de sable... Fi ! Notre plaisir est de barboter dans ces eaux transparentes à peine remuées par le courant.

6ebb 205f e433

A marée haute, le génie des lieux change d’humeur et couvre l’Amazonie de sa voile mystérieuse. La crique devient si plate et si noire, qu’on se demande quel genre de monstre hante ses fonds. A ces moments là, on préfère alors pagayer. La barque glisse lentement sur un miroir interminable, d’où l’on voit défiler la majestueuse forêt dans ses moindres détails. De temps en temps des feuilles mortes décomposées en liquide blanchâtre, des nuées de moucherons, un poisson volant, le bleu profond des ailes fragiles du  fameux papillon morpho viennent éveiller notre esprit aspiré par l’Inini. 

La végétation qui borde la crique est classique : mangrove qui déploie ses racines aériennes, grands arbres qui s'éffondrent parfois et obstruent le cours. Ce n'est pas grave : notre embarcation est si légère qu'il suffit de descendre et de la soulever ! Seul le chat est inquiet lors de l'opération.

8881 276f

Tarzan, Jane, et bien sûr, Chita !!

Oui, depuis que notre famille s’est agrandie avec Uyuni, le chat, nous avons pris l’habitude de partir à trois en forêt sur les fleuves de Guyane ! Pour cette expédition, il a donc évidemment été de la partie ! L’occasion pour lui de retrouver ses instincts de fauves…. de changer des poufs malgaches, pour se prélasser à la place sur des nids de fourmis… de chasser encore plus que dans le jardin, bien qu’il ne se limite qu’aux lézards et aux insectes… La nuit, il sert de fourrure à xav, qui n’a pas la chance comme titine d’avoir un sac de couchage contre les frissons de la fraîcheur sylvestre au petit matin.

img_28671

Quand la lumière baisse, assez tôt vu l'épaisseur de la forêt, on allume une bougie et nous écoutons le concert qui commence. Il y a moins de vent alors de nombreux insectes rivalisent de sonorités pour s'aérer. Ils doivent appartenir à la famille des cigales, mais il y a beaucoup de cousins ! Des milliers d’êtres minuscules dansent à la surface de nos peaux en sortant du bain frais et revigorant de la crique. Il faut lutter contre les taons qui en ont spécialement contre la chair tendre de titine, enfiler pantalons et se protéger des moustiques coriaces. Quelques chauve-souris rasent notre campement, des lucioles clignotent autour sans que le chat n'arrive à les attraper, et des centaines d'insectes viennent se tuer dans la flamme vacillante de notre bougie. Ce n'est pas un pogrom, tous les soirs il y en avait autant ! Nous pouvons alors commencer à grignoter, et préparer le dîner. Quand la bougie est finie, les singes se mettent à hurler, c'est alors signe pour nous qu'il faut rejoindre le hamac, d'autant qu'à l'est, on voit la lune veilleuse qui point à travers la canopée...

Rêveries en hamac, défilés de pages de livres, plaisirs simples de la vie et de la nature, les nuits et les jours se succèdent ainsi pendant une semaine, loin de la civilisation et du monde. De quoi bien se ressourcer avant la reprise demain !!!!

fa5f 15cd 2983 bb7b 9ef5

Publicité
Publicité
3 novembre 2004

Faim de loup...

Ca fait bizzarre de commencer tout juste un truc et de devoir attendre un moment avant de pouvoir revenir dessus. Bouillonne alors dans le corps une sorte d'impatience et de hate, cuisson mille projets en tête, à la sauce doutes et remises en question... dans la bouche ça donne un goût un peu aigre qui fait à la fois monter la salive et serrer les fesses ! Disons surtout que ça laisse le temps de méditer sur la suite : vais-je réussir à me lancer vraiment ? vais-je réussir à pondre tout ce qui est en train de se mijoter dans ma tête ?

Publicité
Publicité
<< < 1 2
Carnet de vadrouilleurs
Publicité
Publicité