Pour notre séjour sur l'île de Vancouver, nous avons voulu consacrer un moment au parc national du Pacific Rim avec ses célèbres plages et sa nature paradisiaque, et une autre étape au parc national de Strathcona, l'un des plus sauvage de l'île avec ses glaciers, ses lacs et les plus hautes chutes du canada accessible uniquement à plusieurs jours de marche... Nous sommes donc partis pour Tofino en premier lieu, avec une halte le temps d'un soir et de quelques photos (ci dessous) dans un camping aux alentours de Parcksville (on est parti un peu tard de Victoria).

Rien que la route pour Tofino vaut le voyage : criques, plages de lacs, forêt (quelques photos ci-dessous)... mais une fois sur place, le parc du Pacific Rim est splendide ! Une nature qui règne en toute puissance et en toute beauté ! On s'y est tellement plû qu'on a décidé d'y rester plus longtemps que prévu en laissant tomber Strathcona. Et puis, réflexion faite depuis notre arrivée au Canada, il nous faut absolument revenir sur l'île de Vancouver qui mériterait bien plus que ce qu'on a pu faire... Il faut le vivre pour le comprendre !

De la naissance à 20 mois à peu près, Meva a grandi suspendue à sa maman, dans son odeur, dans sa chaleur, au dos, contre sa poitrine, pour allaiter, pour s'endormir, pour se rassurer, pour rester à ses côtés... En vadrouille, en forêt, à la plage, en ville, au marché, en montagne, tout partout, en canoë, en vélo, en taxi brousse, en bateau, en moto. En Guyane, au Brésil, en France, en Angleterre, en Serbie, à Madagascar, Meva a découvert le monde accrochée dans une écharpe.

(si j'en ai le courage, je ferai ultérieurement une retrospective de quelques photos inédites de tout ce parcours en écharpe dans les bras de maman...)

Puis, Meva devenant de plus en plus lourde et surtout de plus en plus autonome, l'écharpe a de moins en moins été utile au quotidien. A partir de ses 20 mois, elle n'a servi que pour le portage en randonnée : dans le massif de l'andringitra dans le sud malgache pour une soixantaine de kilomètres à pieds sur le dos de maman, et quelques longs sentiers dans la forêt primaire sur la cote nord-est aux alentours de Mananara vers ses 22 mois.

Quand nous partons pour notre grand trip au Canada, Meva a 24 mois, pèse presque 13 kilos, et sa maman est enceinte... Pas question de renoncer aux randonnées, mais par contre, plus question que maman porte son Petit Coeur à l'écharpe.

Papa devait prendre le relais, il était temps de passer à autre chose ! D'ailleurs, l'écharpe était rangée au fin fond d'un placard depuis belle lurette : son époque était définitivement révolue. L'exploration du monde se ferait désormais dans un "kitapo rando" (comme meva aime bien dire), sur le dos de papoun' après un méga calin à maman ! Confortable même pour les siestes, pratique pour tout voir, Petit Coeur en est toute contente... et Papoun' bien évidemment tout fier de porter son petit bijou. 

Comme Meva marche, court, galope depuis un bon bout de temps maintenant, on lui propose assez régulièrement de randonner elle-même (sur des sentiers courts, ou alors le temps de détendre un peu le dos de papoun' sur de longs sentiers), ce qu'elle accepte de temps en temps bien volontiers (mais parfois, elle paresse grave, et ce n'est pas plus mal quand il nous faut être à tel ou tel endroit avant la tombée de la nuit !)... En tout cas, c'est au Canada qu'elle aurait fait ses premiers sentiers de rando entiers : des petites boucles jusqu'à 3 kilomètres pas portée une seule fois (oui, oui, à deux ans, elle nous a plus qu'épatée...) !!! Les sentiers qu'elle ne refuse jamais sont ceux en lattes de bois, légèrement surélevés (très courant sur l'île de Vancouver), et bien évidemment, on marche alors à son rythme... ce qui veut dire qu'il faut prendre le temps d'observer certaines feuilles, un papillon qui vole, etc...

Pour revenir au "kitapo rando" (sac de rando pour ceux qui n'ont pas compris) Bébé globe trotteuse adoooore vraiment la chose ! A tel point que même quand on ne marche pas, parfois, elle grimpe dans le sac elle-même et reste dedans pour jouer avec les attaches (au moment de pique niquer par exemple)... ou encore, pour les jours où on ne randonne pas, elle tire le sac de la voiture, essaye de "monter" dedans en disant "andao andeha rando hééééé..." ! 

Meva a découvert les parcs de jeux cet été, en France tout d'abord, puis au Canada. Tous les jours, on essayait de lui caser un moment au parc, cétait son moment à elle. Elle y prenait énormément plaisir ! La joie d'être avec des enfants d'abord (même si concrètement avec les enfants de son âge ils jouent les uns à côté des autres, et non les uns avec les autres), et les jeux en eux-même bien évidemment... toboggans, balançoires, parcours divers, petits animaux à bascule, manèges et autres... Pour nous, c'était de drôles d'occasions de voir ses comportements en société... c'est vrai qu'à Tamatave, il n'y a pas d'espace à proprement parler dédié à la rencontre des tout petits, et comme elle ne va ni en crèches ni chez une nourrice, c'était assez marrant...

On a pu par exemple remarquer à quel point Meva est super timide, toujours en train de mandefitra, de céder, laisser son tour passer alors que les autres de plus ou moins son âge avaient tendance à se bousculer pour passer en premier ! Avec sa gentillesse, sa courtoisie, elle semblait venir d'un autre monde ! Au tout début, même avec nous à ses côtés, c'était à un point où sur les marches du toboggan elle était capable de redescendre quand un enfant arrivait derrière elle !

Ca nous a fait marrer aussi au tout début de la voir un peu gauche et pourtant "si grande" à côté des tout petits qui commençaient à peine à marcher et qui savaient exactement comment il fallait faire (sur les toboggans ou les petits trucs à bascules par exemple). Après deux mois d'entraînements, ouf, elle s'est rattrappée et est même devenue une sacrée pro des parcs (concernant la motricité) : juste avant notre retour à mada, elle grimpait sans aucun problème les murs d'escalades, montait sur les grilles / échelles à cordes quand des bien plus grands y rencontraient des difficultés... les toboggans de grands (ceux qui tournent, ceux qui gondolent, ceux qui sont hyper hauts) bien évidemment elle y va sans le moindre souci... et les balançoires, elle se faisait pousser bien haut même sur ceux qui n'ont pas de "protection"...

Grandiose !

Un tapis de fougère dessine le sol en dentelle. Et sans transition aucune, les géants s'élancent à la poursuite de la lumière. Ce sont les plus grands et les plus vieux arbres du Canada (les douglas fir et les western red cedar) (jusqu'à plus de 800ans). Certains sont suspendus dans le ciel par des racines aux doigts monstrueux qui s'aggrippent à la terre et soutiennent en hauteur les immenses troncs... De chaque branche pendouillent des filaments de lichens aux mille reflets de vert d'ombre et de lumières, filtrant les rayons du soleil strates après strates du haut vers le bas. Ce sont les vitraux des cathédrales de végétation sauvage. Nous marchons. Sans but. Parcourons des dizaines de kilomètres par jour dans un décor digne de films fantastiques. Les yeux les narines la peau tous les sens lacérés par la beauté de chaque rencontre. Le coeur palpitant de bonheur. A moins que ce ne soient à cause des efforts de la marche.   

Ici, l'homme a épargné. La nature intacte donne à voir son spectacle. Magie de l'écosystème. Mais aussi sa puissance. Les géants arrachés par des tempêtes. La forêt y est aussi impressionnante qu'en amazonie, mais complètement différente. Nous y avons retrouvé la même ivresse d'y être. Des sentiers dénués d'humains menant parfois à des petites criques sauvages et perdues, des plages vierges, des falaises aux vues époustoufflantes... Encore du beau pour la récompense de certains efforts ! 

Première partie des photos : la forêt aux alentours de Port Renfrew, au sud de l'île. Deuxième partie des photos : la forêt aux alentours de Port Alberni, de Tofino et de Ucluelet, sur la partie centrale de l'île. 

Meva s'est super plûe dans l'agréable ville de Papy Ro' ! Il y a du beau gazon tout partout pour s'étaler, des cafés tout partout pour déguster des glaces, et pour dire à quel point notre merveille était bien dans cette ville, elle "naka plaizy" (prit plaisir) en s'asseyant n'importe où !

Et un grand classique de son comportement quand elle était là-bas : mamzelle aime jouer à la sauvage en ville : elle refuse de mettre des sandales et se trimballe pieds nus partout ! Les gens la regardaient comme si elle débarquait d'une autre planète ! Avec son teint mat, les couleurs trashy de sa maman et ses boucles de plumes, ça faisait effet grave !!!

Après une semaine de remise en forme et de premier contact avec le canada, à Victoria (au sud de l'île de Vancouver), il était temps pour nous de bouger, de passer à autre chose, d'explorer... Nous n'avions aucun véritable planning pour le mois et demi qui restait à passer dans le pays, nous savions juste que nous voulions essentiellement nous consacrer aux Rocheuses et profiter de cette visite incontournable chez papy Ro' pour une escapade découverte de l'île de Vancouver.  Le détail s'organiserait au felling, au jour le jour... Après s'être équipés pour camper, on s'est loué une bagnole, et zou... en vadrouille, on the road !

Première étape : sillonner le sud de l'île, les alentours de Sooke et de Port Renfrew... Les routes sont sinueuses, étroites, et mal indiqué, mais quel bonheur que de se perdre dans ce si beau paysage ... Au détour d'une côte, quelques vues époustoufflantes ; au détour d'un virage, des cerfs ; sur des kilomètres, un épais tunnel végétal ; à perte de vue, des champs de fleurs sauvages ; en arrière plan, chaines de montagnes enneignées... L'air est pur, frais, le ciel d'un bleu éclatant. Il dégage ici quelque chose de très ennivrant dont il est impossible de rester indifférent...

Ce qu'on a découvert sur l'île de Vancouver était bien au delà de ce qu'on avait imaginé. Immensités sauvages. Nature intacte, inexploitée. Faune abondante. Tout ici est encore bien différent de ce qu'on a pu voir de part le monde...

Pas terrible d'en arriver à parler de magazin, sachant que nous ne sommes pas du tout adepte du shopping... Mais impossible de vous parler de notre expérience du canada sans toucher un mot sur les "Mountain & equipment", les magazins par excellence des vadrouilleurs assoiffés de nature, désireux ou non d'y associer sport et aventure. On y dégote par exemple tout le matos pour l'escalade, le rafting, le cyclisme, ou encore toute la panoplie autour du camping et de la randonnée pour ne citer que ça. Pour nous, venant de Mada, avec notre style of life toujours sur les routes et toujours plus proche de la nature, impossible de résister ! A chaque fois qu'on voyait un "mountain & equipment", on pouvait y rester des heures et on ne repartait jamais les mains vides ! Pour vous donner une idée, nous sommes arrivés au Canada avec deux sacs à dos et un total de 15kg à peine (on avait prévu notre coup), nous en sommes repartis avec une soixantaine de kilos, le tout venant de Mountain & Equipment. Si c'était possible, on serait même rentré avec des canoës !!

Premier gros investissement : un sac à dos de randonnée multipoche (de quoi y mettre bouffe, pull, eau, etc...) et qui fait porte bébé à la fois ... Bébé pouvant peser jusqu'à 25 kilos : il nous fallait prévoir large, car si Meva est déjà à fond dans l'esprit rando, même à l'âge de 4 ans ça risque d'être difficile de lui faire faire 25 km à pieds par jour... Bref, avec tous les kilomètres de marche qu'on veut parcourir de part le monde avec notre Petit Coeur globe trotteur qui ne cesse de grandir, il nous fallait passer à quelque chose de sérieux pour pouvoir continuer à tracer notre route sans trop peiner !

Deuxième gros investissement : une tente solide et étenche à toute sorte d'intempéries (on a vécu trop d'expériences de fous avec les tentes... du style se faire tremper jusqu'aux os à 0° sous une tente - qu'on a abandonnée soit dit en passant sur un parking - ou encore celle qui a craqué à la première utilisation...) ! Et tout le matos qui va avec (tapis matelassé, sacs de couchage utilisable de 30° à -5°C) avec comme priorité le côté compact et la légèreté (pour pouvoir camper en pleine nature... et donc marcher avec tout le matos, en s'encombrant le moins possible) !

Et pis, des bricoles de campeurs randonneurs (nos options : poids plume, volumes poussin, qualité éléphantesque) : du style camping gaz pliable, petit pack de casseroles/poele/assiettes/couverts pliables, lampes de poches à molette (pas besoin de piles), etc...

Bref, tout un programme pour la suite de nos aventures au canada d'abord, et bien plus loin plus tard ! Merci donc aux "mountain & equipment" canadiens, car maintenant, on est des nomades jamais aussi bien équipés ! 

Je disais au début du post précédent qu'après les quelques semaines passées dans la région parisienne, l'arrivée au Canada pour Meva, était une sorte de renaissance. Dans la ville de Victoria, la princesse de l'océan indien a pu s'ennivrer à nouveau de l'odeur de la mer... le pacifique nord... si la baignade était innenvisageable, les promenades, pieds nus sur le sable, l'air salé, l'infini horizon bleu, tout lui donnait la fièvre. Non pas une fièvre maladive, mais une douce fièvre de bien-être résultant d'un shoot au bonheur.

Et quand ce n'est pas à la plage que nous marchions, Meva profitait des parcs et forêts de la ville de Victoria : un shoot à la nature pour parfaire cette renaissance !

Décidément, elle a tout pour nous plaire cette ville : un centre sympathiquement animé, tranquillité des quartiers, omniprésence de la nature, et des kilomètres et des kilomètres de bord de mer ! Des montagnes aux sommets enneigés se détachent de l'horizon également parsemé d'îlots... Que du beau !  Malheureusement, malgré le micro climat qui nous dit-on  règne à Victoria toute l'année, l'hiver reste l'hiver pour nous qui venons de l'hémisphère sud !! Ca bloque dans l'idée de venir vivre un jour par ici...

Un autre truc qui nous a drôlement interpelé à Victoria, c'était le fait de pouvoir respirer la nature à plein poumon en pleine ville : il y a des parcs partout ! En deux jours à peine arrivés au pays, on a vu des biches qui se promenaient sauvagement dans un des fameux parcs en plein centre ville, et dans la mer (du centre toujours) on a pu voir aussi des sortes de loutres géantes... Sans parler des écureuils courent ici les rues comme les chiens dans nos pays : ça nous a trop fait delirer !

Toutes les photos qui suivent se trouvent à deux trois kilomètres à peine de chez Papy Ro', à Victoria même... 

(Au centre de la dernière photo, en plein centre de Victoria toujours - incroyable, mais vrai !, au bord de l'eau un peu à l'ombre tout près des buissons, il y a deux biches !)