Cambriolage !
On arrive à la maison tard dans la nuit, contents que tout ait l’air normal : la porte d’entrée et le portail sont comme on les avait laissés. Nous sommes fatigués. Xav se fait un dernier thé tandis que Titine s’en va s’affairer dans la salle de bain.
« Tiens, la porte de la chambre d’amis (côté couloir) est ouverte. C’est bizarre, je suis presque sûre de l’avoir fermée avant d’être parti. » L’idée d’un éventuel voleur lui traverse l’esprit, mais elle se dit : « pfft, j’arrête de délirer avec ça, il est tard. Dans la précipitation j’ai dû croire que je l’avais fermée…» Sans trop réfléchir, elle va quand même jeter un coup d’œil. En enclenchant l’interrupteur pour y voir plus clair dans la chambre, elle s’étonne de trouver les placards grand ouverts. « C’est sûrement xav qui y est allé chercher un truc avant de partir et n’a pas fermé la porte de la chambre au passage… » Elle referme vite tout, sans faire trop gaffe au désordre (ce n’est jamais hyper ordonné chez nous), et retourne dans la salle de bain. Quelques minutes plus tard, xav dans le bureau s’étonne :
« - Tu as fait exprès de mettre ton sac à dos dans le bureau ?
- Ben non, je ne mets jamais mes sacs dans le bureau. (il y a des gestes automatiques comme ça…). C’est lequel de sac ?
- Le noir et gris.
- Le noir et gris ? mais c’est mon sac de sport et ça fait quelques jours déjà que je ne m’en étais pas servi !! Tu blagues ou quoi ?
- Viens voir !! »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Effectivement, c’était bien le sac de sport à Titine qui était sur la chaise devant l’ordinateur, dans le bureau (chaise sur laquelle on ne met jamais rien car on y est souvent assis). « Ecoute, c’est louche. Ce sac, je m’en étais servie il y a deux jours et depuis, il était dans le placard de la chambre d’amis. Je ne m’en suis pas servie récemment, je n’ai rien cherché dedans, alors, si ce n’est pas toi, quelqu’un est entré ici !! » Titine raconte à xav l’histoire de la porte de la chambre d’amis, ainsi que les placards grand ouverts.
En un coup d’œil balayé dans la pièce, on remarque dans le « bordel » habituel un « bordel » qui n’est pas le notre : « que fait la clef de la voiture sur le bureau ? » (les clefs c’est comme les sacs, dès qu’on rentre, ils ont leur place…). Il reste deux pièces dans lesquelles nous ne sommes pas allés depuis notre retour : l’atelier et notre chambre. Il est 3h du matin.
On file d’abord dans notre chambre. Et là, on réalise ce qu’on ne voulait pas croire. Un gros « trou » dans la fenêtre.
Les doubles barreaux ont été « sciés ». Les vitres des persiennes retirées. Et le moustiquaire soigneusement enroulé. Du travail « propre ».
Sur le lit, un vanity-case bien épais, entaillé sur une bonne dizaine de centimètres avec un truc hyper tranchant : pas rassurant du tout !! Et si les malfaiteurs étaient encore dans les parages ? Avec un outil comme ça, il ne vaut mieux pas se trouver sur leur chemin. Les placards sont, dans notre chambre aussi, grand ouverts. Mais pas trop de bordel.
Ils sont allés à l’essentiel de nos « objets de valeur » : tous les appareils photos, et tout le matos qui va avec, le palm à Titine (qui date d’à peine deux mois), et d’autres petites choses qui valent chers (on n'a pas grand chose, mais ils avaient tout repéré)… Nous fermons à double tour notre chambre (au cas où…) et appelons les flics. Le seul service qui répond à cette heure se situe à Cayenne. Ils vont faire le nécessaire pour essayer de contacter Kourou. Nous attendons, la peur au ventre.
Vers 3h30, une voiture de gendarmes se gare devant la maison. Des pas lourds de deux grands gaillards tout vêtus de bleus résonnent dans la maison. Armés jusqu’aux dents, ils inspectent tout jusqu’au fond du jardin. Là, on découvre autour d'un de nos palmiers tous les morceaux de barreaux sciés ainsi que les vitres soigneusement entreposés.
« On reviendra dans la matinée pour établir le constat, nous disent-ils. Il n’y a rien à faire là de toute manière. Essayez de boucher un peu le trou avec un morceau de bois ou du contre plaqué en attendant la réparation définitive de l’effraction. Essayez de dormir un peu. Pour nous la nuit sera encore longue !! »
Le silence à peine revenu à la maison, nous revoilà avec la peur au ventre. Ca fait bizarre de se dire qu’il y a quelques heures, peut-être quelques minutes, des gens piétinaient et fouillaient chez nous, et portaient sur eux des outils qui auraient pu servir à nous égorger vifs... Après avoir bouché la fenêtre comme les gendarmes nous l’avaient conseillé, nous fermons toutes les pièces à clefs et attendons au salon le jour se lever. Le sommeil nous happe malgré nous.
Au réveil, on ose à peine revenir dans la chambre mais il nous faut faire une inspection en détail de ce qui manque. On attaque les paperasses. D’autres gendarmes nous rendent visite. On ne dirait pas que c’est dimanche. De jour, on se rend compte que les voleurs avaient d'abord tenté leur effraction sur la partie en bois, côté avant de la maison. Ca a dû être un peu trop long et bruyant à leur gout.
Ils ont ensuite tenté leur chance sur le côté. Mais trop proches des voisins, peut-être, ils ont laissé un "travail" en cours et fini par opter plus de "tranquillité" par l'arrière de la maison, bien au sombre, loin du bruit de la rue et des voisins.
L’après-midi, on se rend à la gendarmerie même pour déposer plainte et l’établissement du procès verbal. Il y a du monde qui fait la queue. Dur week-end pour les gendarmes. Bilan de cette fête de kourou : une dizaine de vols avec effraction… pas de chance qu’on fasse partie de cette dizaine !!
Aujourd’hui, la vie a repris pour nous. Le trou n’est toujours pas toujours pas réparé. On entend un peu moins parler de l’insécurité à kourou. Peut-être que les gens sont blasés ? A moins que, la peur au ventre, les uns et les autres préfère la garder dans le silence avec l’arrivée des fêtes de fin d’année ?!!