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Carnet de vadrouilleurs

15 novembre 2004

Choix de vie...

Comme nous étions loin de l'ambiance un peu spéciale du centre du bourg de Macouria, notre cadre de vie, le calme, la nature, nous a vraiment fait apprécier nos deux années là-bas. Mais pourquoi alors avons nous déménagé de ville au bout de deux ans vous demandez-vous ? Tout simplement parceque par rapport à notre côté "qui aime bien s'étaler", notre studio (dans l'immense villa) était devenu un peu trop étroit. Les peintures de Titine débordaient de sous le lit, Xav avait parfois du mal à retrouver les copies de ses élèves, et les fourchettes se mêlaient aux stylos !!! Il fallait avoir plus d'espace intérieure, une terrasse évidemment, un jardin, et un coin calme. Voilà nos critères pour un nouveau départ.

Notre aspiration à la jungle a failli nous faire vivre plus d'une fois dans un carbet (case en bois, avec peu voir presque pas de "mur") en pleine forêt, loin de la civilisation, avec l'électricité au panneau solaire et l'eau reccueillie de la pluie. Ca aurait été une vie qui nous aurait vraiment plue (et qui nous plait toujours à imaginer) (qui sait... peut-être un jour...). Mais les propositions que nous avons trouvé étaient beaucoup trop excentrées des villes, pour le boulot... Pas très logique de mener une vie sauvageonne roots nature et en même temps un quotidien à devoir faire des dizaines de kilomètres en voiture pour aller bosser !!

Le résultat de nos recherches nous a finalement mené à Kourou (pas d'offres intéressantes ailleurs). Après tout, du peu qu'on connaissait de Kourou, le rythme de vie y a l'air bien tranquille. Et par rapport à Macouria, même si la ville est étalée, les recoins des quartiers ont une âme. Tout en étant dans le calme, on est à proximité de tout, et autour de chacun, il n'y a peut-être pas grand chose, mais ça vit, tout simplement. Le détail important par rapport à la ville, c'est la plage !! Celle-là même qui nous faisait faire des aller-retours depuis Macouria ! La brise marine est agréable et les promenades infinissables. Pour une fille venant des îles, vous direz....

Nous avons eu un sacré coup de foudre à la vue de notre actuel chez nous. La décision a été très rapide. Une maison plutôt bon marché par rapport aux chiffres de l'immobilier à l'époque (2003). Un jardin pour patouiller la terre et avoir un coin de vert. Une grande terrasse pour passer du bon temps. Quatre chambres pour deux personnes : de quoi s'étaler sans se perdre comme dans un château ! Une pièce sert aujourd'hui de bureau, une autre d'atelier, une à coucher pour nous, et une chambre d'amis. Il y a de la place même pour les familles nombreuses qui souhaiteraient venir nous visiter. Le quartier est sympa. Xav est à trois minutes quinze secondes à pieds du collège. Titine allait bosser au début en vélo, et maintenant, plus souvent en mobylette. Nous n'utilisons que très rarement la voiture. On est heureux ! Le seul manque c'est quand même la proximité de la forêt et tout ce qui va avec (bruits, étrangetés, odeurs, bébètes, etc...), dont on était baigné à Macouria. Mais on ne peut pas tout avoir.

Pour vous donner quelques repères sur les villes dont nous parlons, voici une carte de la Guyane et de ses "villes".

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14 novembre 2004

Verte ivresse

Aux parkings, situés pourtant à quelques mètres des routes, nous sommes déjà plongés dans un autre monde, oubliant loin derrière les bruits des voitures à fond la caisse.

Un couloir végétal, d'abord assez large, nous invite à pénétrer dans la pénombre de la jungle. Au niveau d'un panneau indicateur souvent illisible, quand il y en a, on sait que la balade commence vraiment. Tous nos sens s'éveillent alors. A commencer par les narines qui s'élargissent, et nos cages thoraciques qui semblent avoir triplé de volume (de l'intérieur, je vous rassure...) ! Le couloir ne devient qu'un simple sillon de verdure. Une légère brise de fraîcheur resserre nos pores. C'est que la marche a à peine commencé. Le sol est camouflé d'un tapis de feuilles mortes, serpenté par une infinité d'entrelacs de racines, parfois énormes, dont on ne retrouve même plus l'arbre mère...

Au dessus de nos têtes, des géants percent la foufoune verte et élancent leurs ramures pour défier le ciel, dominer l'Amazonie et les milliards de vies qui y fourmillent.   Les rayons du soleil, qu'on sait pourtant bien éblouissants au delà, n'arrivent à percer que dans des trouées qui forment alors de surprenants tableaux abstraits de hachures, zébrures, et tâches, entre les jeux d'ombres et de lumière, les couleurs sobres, et les formes luxuriantes de la forêt. Nos yeux , depuis un moment habitués au sombre, ne peuvent que s'écarquiller devant un tel spectacle.

On s'enfonce dans la forêt, drue. Ce mur chlorophyllien qui paraît impénétrable nous avale dans son gouffre interminable, nous réduisant alors à un moins que rien. Nos pas sont rythmés par le monde environnant. La puissance et la vitesse de chacune de nos foulées doivent être précis. Ne pas trébucher sur une racine, écarter des torsades de lianes gênantes, enjamber des trous suspects, éviter la queue leu leu de colonies de fourmis rouges portant sur leur dos des bouts de feuilles...  Nos oreilles, tendues plus que jamais, nous arrêtent pour des remuements au dessus de nos têtes : il faut scruter... mais déjà on ne distingue plus que  les queues d'un petit groupe de singes... On profite des hasards des rencontres pour faire une pause : une odeur spéciale, douce et épicée, une bébête quelconque, inconnue ou étrange, une plante originale, et parfois de sacrées surprises !

Ca doit faire une heure qu'on marche, ou, deux, ou trois ? Nos fronts ruissellent, nos tee-shirts collent à nos peaux trempées. Notre corps entier est en symbiose avec la nature. Échanges invisibles  entre les profondeurs des veines des arbres et nos cœurs. On perd toute notion de temps. On croit que les oiseaux nous parlent. On répond à leurs cris. Et sourit au bonheur d'être là.

Mais voilà que le sentier s'élargit et s'illumine, nos yeux brusquement éblouis, nos oreilles surpris d'un vrombissement de moteur pourtant loin : la boucle est bouclée, la balade s'achève là !

13 novembre 2004

Quand mama africa frappe à la porte de nos mémoires....

Pour la première fois depuis un an et demi que nous habitons à kourou, nous sommes allés au marché du vieux bourg de la ville, qui n'a lieu que le samedi matin. Quelle surprise pour nous qui n'avions l'habitude que du marché principal du mardi et du vendredi !! On se frotte les yeux... on se frotte les narines... mais oui ! on est bien à kourou !! Les images clichées et classiques guyanaises des hmongs la plupart du temps derrière les étals colorés des fruits et légumes disparaissent ! Au lieu des yeux bridés qui ne laissent à peine entrevoir les pupilles, au lieu des corps petits et fins, au lieu des peaux pâles laiteuses, au lieu des voix discrètes à l'accent chantante... nous interpellent, avec des "Que veux-tu doudous chewi ?" fortes et franches, des mamas massives, noires aux yeux rouges, drapées d'exubérantes couleurs !!! Des odeurs qui semblent venir du continent de l’autre côté de l’Atlantique viennent remplacer les odeurs qui viennent d’habitude du côté outre-Pacifique. Exposés dans des cuvettes sur une table basse protégée grossièrement par une toile cirée, patates douces frites, bananes cuites, soanambo, achards pimentés, poissons frits, poulets boucanés, brochettes, et toutes les autres spécialités culinaires typiquement noires font oublier nems et rouleaux de printemps ou bouchées à la vapeurs habituels. Le marché est petit, mais quand on atterrit là, un seul et unique mot nous vient à l’esprit : Africa !! Spectacle magique pour une mémoire qui a connu un minimum ce continent lointain. Nos nez, complètement envoûtés, ne résistent évidemment pas, et les souvenirs continuent à bouillir dans nos cerveaux, quand, spontanément, à la maison on dévore tout ça goulûment en piochant à la main dans les mêmes assiettes !!

Cette petite évasion kouroucienne m’a tellement marquée que dimanche en fin d’après-midi, après un petit tour en canoë sur la crique Macouria, j’ai décidé de faire des mofo akondro (beignets de bananes)… un week-end gastronomiquement mémorable !!

« A la recherche du temps perdu »… une madeleine, une tasse de thé... Proust a bien raconté comment quelques odeurs ou quelques plaisirs gustatifs peuvent éveiller et refaire vivre toute une enfance….

11 novembre 2004

une journée qui a pourtant bien commencé...

Jeudi 11 novembre. 8h du mat. Ciel bleu. Le soleil commence à bien chauffer. Comme tous les jeudi matin, j'enfourche ma mob (MOBylette, et non pas tél. MOBile... euh... vous imaginez enfourcher un téléphone ?!!!) pour aller au fitness. Oui, oui, pour ceux qui ne le savaient pas encore, depuis un peu plus d'un mois j'ai troqué mon vieux vélo contre une belle mob hard-rock noire pour augmenter de vitesse pour aller bosser ! Ca me permet d'arriver le tee-shirt moins trempé et le cerveau un peu moins bouillant à l'atelier !! En plus, pour ceux qui ne connaissent pas l'ivresse du deux roues, je dois vous dire que c'est un vrai délice le petit vent qui caresse et raffraichit tout le corps baigné dans la chaleur du soleil !! De quoi rester tout sourire sous le casque !

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Avenue de France, la rue principale de Kourou, toute droite, soixante km à l'heure, le sourire rêveur sous le casque se mue en étonnement qui finit par ne laisser qu'une grimace sur mon visage. kéçako ? Douleur atroce sur la partie intérieure de ma cuisse gauche. Tellement atroce que je dois m'arrêter absolument. Avenue de France, les piétons continuent doucement leur marche sous le soleil, voitures scooters et vélos tracent une ligne droite, et sur le bas côté, la "hard-rock" tûe, je scrute ma cuisse. La douleur s'intensifie. On aurait dit un clou brûlant qui transperce la peau et qui essaye d'atteindre les os !! Au bout de longues secondes,  je distingue un point noir, puis autour ça rougit, et ça commence à enfler, à enfler, à enfler... Je dois me résoudre à faire demi-tour ! J'en oublie le fitness et le plaisir de monter une mob. Pfffff....

Aujourd'hui,  je ne peux expliquer ce qui est arrivé sur ma "hard-rock", avenue de France, ce jeudi 11 novembre vers huit heures du mat. J'ai dû m'assoir sur une guêpe... ou, une abeille coquine s'est cachée sous mon short... ou, une bébète mystérieuse a décidé de se faire embarquer en mob à mon passage... Quoique ce fut, il me reste encore, deux jours après, une méga boulette qui me démange à mort sur la partie intérieure de la cuisse, ce qui me donne d'ailleurs l'allure d'une demie footballeuse professionnelle, sic !! 

10 novembre 2004

Un crapaud au petit coin !

(mars 2003)

Urgence ? Pressés d'aller aux toilettes ?  Méfiez-vous... voilà ce qu'on a trouvé un jour ! Un gros crapaud qui fait ploc ! ploc ! Il saute, patauge, glisse sur l'émail et retombe dans le trou où il risque de passer les derniers moments de sa vie ! On tire la chasse d'eau, il se débat, un dernier ploc, puis disparaît. Pourvu qu'il ne réapparaisse pas un de ces quatre au moment où on est en pleine action sur le siège...

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6 novembre 2004

Un samedi à Cayenne

Ce premier week-end de novembre, les journées sont chaudes et propices aux balades rafraîchissantes qu'on aime bien faire en forêt. Cependant, il y a trois jours à peine, nous revenions d'une semaine sauvage sur l'inini (cf la rubrique "15jours..."). Samedi, nous décidions donc d'aller plutôt faire un tour à Cayenne. L'occasion de monter en ville et de profiter de tout ce qu'un samedi ensoleillé à la capitale peut apporter.

Grosses suées : nous cuisons comme de pauvres légumes à la vapeur dans la carrosserie de notre 106 aux fenêtres pourtant grandes ouvertes ; les tee-shirts baignent dans les bouchons aux ronds points ; et nous croyons couler dans nos propres eaux aux feux rouges toujours oranges où les voitures arrivent n'importe comment de partout.

Première halte incontournable quand on se rend à Cayenne : Mille Trésors, la caverne d'alibaba, celle qui fait rêver tous les artistes guyanais, la seule boutique du département spécialisée en art.  Ca va faire trois semaines qu'il me manque des tubes. Il me faut mes fameuses couleurs, dont le jaune de cadmium foncé et rien d'autre ! Malheureusement à chaque fois, au doux refrain "Sésame, je cherche ça", on me répond "pas encore livré, la semaine prochaine revenez ". Sniiiif !

On se rattrape dans notre deuxième caverne magique de la ville : AJC, la première librairie du département digne de ce nom !! On y traîne des heures, reniflant les pages, croquant des mots au hasard, et cette fois on en est ressorti avec ... cinq livres !!

Un samedi à Cayenne, c'est aussi et surtout, son marché aux mille vies !! Les quatre coins de la Guyane montent à la capitale lors de cette occasion hebdomadaire pour vendre ce qui est vendable, ou acheter ce qui est achetable. Les couleurs des fruits et légumes rivalisent avec ceux des humains. Ca foisonne de partout. Accompagnant des musiques qui tintamarrent, des hanches se déhanchent, les uns crient la promo de l’instant, les autres marchandent, frottement de l’osier d’un panier aux jambes dénudées, bousculades de sacs plastics blindés, on a croisé un tel, ça bise deux ou trois fois « c’est comme ça chez nous »… Sur le trottoir-terrasse d’un restau chinois au milieu de tout ça, on mate, on commente, on imagine les histoires des uns et des autres, on se marre tout en dégustant d’excellents nems avec du jus de prune de cythère rafraîchissant. Quelqu’un a lâché un pêt. L’odeur chaude de la « soupe spéciale moyenne » fait grougrouter nos ventres : c’est l’heure ! On effeuille la menthe, le citron fait shhhplicht sur les doigts quand on en met dans le bouillon, je m’applique à manger avec des baguettes !

Après ces moment de bonheur simples, changement de programme. On va rendre visite à notre cher ami Niko à l’hosto. En déambulant autour de ces gens qui ont peut-être été à deux doigts de mourir, je m’agrippe fort aux bras de xav. J’aime pô les hopitaux !! On se perd dans les couloirs, croisant par ci par là des boiteux, des pansés, de chambre en chambre défilent des corps allongés et regardant dans le vide le plafond. Enfin le service des orl. Ca fait plaisir de voir Niko, bouger et surtout se lever, sachant que la semaine dernière une main opérait dans son dos ouvert ! On discute sympathiquement autour de trois cocas et de ses radiographies, et au bout de deux heures on lui serre la pince en lui souhaitant plein plein de courage pour la rééduc en France.

Retour tranquille à kourou, vigilance au volant, et ceintures bien accrochées !

4 novembre 2004

Toussaint sauvage sur l'Inini

L'Inini ? Drôle de nom ! Un arbre ? Une plante endémique ? Un inselberg ? Un camp d'orpailleurs ? Une mission secrète ? Non, rien de tout ça ! Les spécialistes de l'histoire de la Guyane savent sûrement que c'est le nom de la partie intérieure de la Guyane avant qu'elle ne soit un département, mais de nos jours, c'est surtout le nom d'une crique, d'une petite rivière qui s'enfonce petit à petit dans la sombre forêt guyanaise habitée par des myriades d'insectes et des théories de fauves !

Pour nous, c'est surtout un de nos lieux de repos d'élection ! Nous connaissons bien cette petite crique pour y avoir souvent pagayé et pour y avoir déjà passé des nuits. Un jour, un week-end, une semaine de dispo, on ne sait comment, on finit souvent là ! Nous avons dû être ensorcelés par le génie de ces lieux... Son royaume est un havre de paix, où règne la nature. Nous y apprécions le calme : la rivière est étroite et parfois si peu profonde que les grandes embarcations ne peuvent y accéder facilement. La plupart du temps, nous y sommes donc seuls.

Sauvageons

Malgré les quelques carbets qui ont été construits, nous préférons nous installer en pleine nature entre les arbres, sur un terre plein surélevé qui domine la crique. Nous étendons notre bâche qui va nous protéger d’une bonne pluie le premier jour, accrochons nos hamacs qui nous servira de lit pendant une semaine, disposons nos touques, - grosses barriques de plastique qui permettent de ranger nos effets à l'abri de la pluie, et le tour est joué !

Les journées s’écoulent et se déroulent au rythme du soleil, au gré du temps qu’il fait et surtout de la marée, - car même si l'Inini est à l'intérieur des terres, elle est soumise au régime des marées.

Ici, à marée basse, des bancs de sable affleurent et forment des sites de baignade attractifs. Plage de petits cailloux colorés, îlots de sable ou de plantes aquatiques qui surgissent de nulle part, eaux claires et limpides, au milieu de la verdure amazonienne. Il y a bien des rabat-joie qui incitent à la méfiance : attention, des raies venimeuses se cacheraient sous ces bans de sable... Fi ! Notre plaisir est de barboter dans ces eaux transparentes à peine remuées par le courant.

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A marée haute, le génie des lieux change d’humeur et couvre l’Amazonie de sa voile mystérieuse. La crique devient si plate et si noire, qu’on se demande quel genre de monstre hante ses fonds. A ces moments là, on préfère alors pagayer. La barque glisse lentement sur un miroir interminable, d’où l’on voit défiler la majestueuse forêt dans ses moindres détails. De temps en temps des feuilles mortes décomposées en liquide blanchâtre, des nuées de moucherons, un poisson volant, le bleu profond des ailes fragiles du  fameux papillon morpho viennent éveiller notre esprit aspiré par l’Inini. 

La végétation qui borde la crique est classique : mangrove qui déploie ses racines aériennes, grands arbres qui s'éffondrent parfois et obstruent le cours. Ce n'est pas grave : notre embarcation est si légère qu'il suffit de descendre et de la soulever ! Seul le chat est inquiet lors de l'opération.

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Tarzan, Jane, et bien sûr, Chita !!

Oui, depuis que notre famille s’est agrandie avec Uyuni, le chat, nous avons pris l’habitude de partir à trois en forêt sur les fleuves de Guyane ! Pour cette expédition, il a donc évidemment été de la partie ! L’occasion pour lui de retrouver ses instincts de fauves…. de changer des poufs malgaches, pour se prélasser à la place sur des nids de fourmis… de chasser encore plus que dans le jardin, bien qu’il ne se limite qu’aux lézards et aux insectes… La nuit, il sert de fourrure à xav, qui n’a pas la chance comme titine d’avoir un sac de couchage contre les frissons de la fraîcheur sylvestre au petit matin.

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Quand la lumière baisse, assez tôt vu l'épaisseur de la forêt, on allume une bougie et nous écoutons le concert qui commence. Il y a moins de vent alors de nombreux insectes rivalisent de sonorités pour s'aérer. Ils doivent appartenir à la famille des cigales, mais il y a beaucoup de cousins ! Des milliers d’êtres minuscules dansent à la surface de nos peaux en sortant du bain frais et revigorant de la crique. Il faut lutter contre les taons qui en ont spécialement contre la chair tendre de titine, enfiler pantalons et se protéger des moustiques coriaces. Quelques chauve-souris rasent notre campement, des lucioles clignotent autour sans que le chat n'arrive à les attraper, et des centaines d'insectes viennent se tuer dans la flamme vacillante de notre bougie. Ce n'est pas un pogrom, tous les soirs il y en avait autant ! Nous pouvons alors commencer à grignoter, et préparer le dîner. Quand la bougie est finie, les singes se mettent à hurler, c'est alors signe pour nous qu'il faut rejoindre le hamac, d'autant qu'à l'est, on voit la lune veilleuse qui point à travers la canopée...

Rêveries en hamac, défilés de pages de livres, plaisirs simples de la vie et de la nature, les nuits et les jours se succèdent ainsi pendant une semaine, loin de la civilisation et du monde. De quoi bien se ressourcer avant la reprise demain !!!!

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3 novembre 2004

Faim de loup...

Ca fait bizzarre de commencer tout juste un truc et de devoir attendre un moment avant de pouvoir revenir dessus. Bouillonne alors dans le corps une sorte d'impatience et de hate, cuisson mille projets en tête, à la sauce doutes et remises en question... dans la bouche ça donne un goût un peu aigre qui fait à la fois monter la salive et serrer les fesses ! Disons surtout que ça laisse le temps de méditer sur la suite : vais-je réussir à me lancer vraiment ? vais-je réussir à pondre tout ce qui est en train de se mijoter dans ma tête ?

25 octobre 2004

Promenade sur les Marais de Yiyi

D'abord, une entrée étroite. Un couloir de végétation drue. Ca ressemble à des coeurs suspendus sur des racines mangroveux plantées collés serrés dans l'eau noire. Une légende raconte qu'un bout de coeur de chaque visiteur des lieux pousse là. L'endroit est tellement magnifique que personne ne peut en être indifférent... même pas un chaton !! (La légende, c'est Titine qui l'a inventée...)

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Derrière le couloir, un vrai paradis végétal s'ouvre dans un sillon d'eau. Se mêlent alors à toutes sortes de plantes aquatiques, les disques des nénuphares, les accrobaties de quelques poissons, les hachures d'herbes, des algues frétillantes, le marron de la mangrove, le cris des oiseaux, l'élan des palmiers, la beauté des moko-mokos...

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Puis l'espace s'assombrit. Mais cette fois, au point de ne plus voir le ciel. Le reflet bleu s'estompe. Place au noir, au marron et au vert. C'est dans la forêt qu'on pénètre. Celle-là même qui est toujours présente partout où que l'on soit, ici en Guyane...

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Et pour finir, quelques photos pour le fun... Avant le retour à la maison !

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24 octobre 2004

Notre premier canoë - la crique gabrielle.

Dans les souvenirs de nos premières années en Guyane...

10/03/2002

Ce jour est un de ces dimanches ensoleillés pendant la saison des pluies : il faut donc profiter ! Maillots, casse-croûte, fil pour pêcher, coup de tél pour la réservation d'un canoë, et hop, direction route de l'est via la nationale. Au carrefour du Galion, juste à l'angle vers la route de Montsinéry, on s'arrête au Emerald Jungle Village.

Le proprio hollandais nous explique avec son gentil accent, comment s'y prendre : "madame à l'avant, monsieur à l'arrière"  "entrer un par un"  "pas gigoter" , etc...  Après toute l'initiation au fixage de la barque sur le toit de notre petite 106, il nous conseille, comme c'est notre première fois, d'aller sur la crique Gabrielle, et surtout de faire attention au courant et au retour avant la tombée de la nuit.

L'excitation de la découverte d'une nouvelle expérience monte en nous. Mais il faut rouler prudemment. Direction donc la route de Roura. Comme tous les dimanches, au niveau du pont, de nombreuses voitures avec remorques sont garées sur le parking de l'embarcadère. Descendre le canoë de la voiture n'était pas trop compliqué, à peine un peu lourd...

A l'eau, le plastique fait très, très léger.  Et maintenant ? On bourre la touque de nos petites affaires,  et honneur à la femme ! Un pieds dedans : la barque tremblote : j'ai l'air d'un clown équilibriste ! Deuxième secousse vertigineuse quand l'autre pieds vient essayer de stabiliser l'ensemble. On ne peut s'empêcher d'éclater de rire. On en a fait de la pirogue jusque là ! Mais le canoë n'a rien à voir !!! Le réflexe, c'est évidemment de s'asseoir...

Une fois bien installés, on laisse nos instincts diriger l'engin. La pagaye commence. Allonger. Tirer. Pagayer. Pagayer. On va vers la mer. Au large, le soleil éblouit. Mais très vite, on quitte cette impression de grandeur, de vaste et de liberté pour pénétrer sur notre droite dans un couloir végétal, qui au fur et à mesure se rétrécit. Pour une première fois, on ne se débrouille pas si mal que ça !

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Les efforts deviennent plus rudes quand le courant va contre nous.  De petits tourbillons venus des profondeurs, nous font parfois dévier, ou stagner alors que nous ramons ! Là encore fous rires ! On se retrouve à zigzaguer, à tourner en rond, ou pire, coincés sur les bas-côtés, entre les racines des palétuviers, après être parti à la dérive, happé par le courant pendant 20 mètres ! Il faut alors pagayer fort.

Puis, plus rien. Le génie de l'eau fait le mort ! Calme plat. On ralentit notre rythme et glisse alors tranquillement. C'est le moment de mettre à l'eau notre fil à pêche. On s'habitue et prend goût au canoë. On fait quelques pauses, histoire de goûter au bonheur d'être là, scruter les singes dans la jungle environnante, bouquiner un peu, surveiller le bout de scoubidou bricolé qui sert de bouchon à la pêche...

La fameuse crique Gabrielle est effectivement belle. Sauvage et paisible à la fois. C'est un réel plaisir de la découvrir de cette manière. Mais... car il y en a un....

Aujourd'hui c'est dimanche, et comme la jolie crique est une des plus proches de Cayenne, des moteurs de jet-ski ou de coques alu motorisées viennent souvent  interrompre le silence de la nature sauvage, et nous compliquer la tâche en créant des vagues et des remous ! C'est que la "route" est étroite !!!

Ainsi se passe notre journée. Sportivement tranquille ! On doit parfois passer sous des troncs d'arbre tombés, mais rien de bien périlleux. On se demande où est le bout. Les plaisanciers rencontrés nous disaient que c'était encore assez loin. C'est que pour une première, on y est allé doucement ! Apparemment, on n'a pas atteint la savane inondée ! Et le temps passe. Il ne faut pas se laisser prendre par la nuit alors on décide de faire demi-tour.

Dans le sens inverse, aucune difficulté, aucun effort :  un vrai régal ! Il n'y avait qu'à se laisser emporter par le courant qui nous ramenait vers le Mahury, diriger le canoë, écouter les oiseaux et le doux clapotis de l'eau.... On y replonge en le racontant !

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