Vers la fin de mes cinq mois, maman me fait découvrir le vélo. Un truc qui me permet d'avoir un angle de vue du délire sur le monde ! Elle m'accroche sur son dos, comme j'adore, et hop, on est parti pour des heures de ballade. Les roues qui tournent tournent tournent m'envoutent. Les cailloux au sol, les batonnets d'herbe, le sable défilent vertigineusement sans s'arrêter. Le vent souffle à travers mes cheveux. Je sens le coeur de maman battre au rythme de l'effort du pédalage. J'aime sa chaleur. La plage est à nous seules. Grandeur et liberté. Parfois maman accélère pour me faire participer au décollage théatral des charognards. Parfois elle s'arrête, juste pour regarder un chien passer. On va beaucoup plus loin que lors de nos promenades à pieds, tout en ayant la possibilité d'apprécier et observer attentivement ce que l'on rencontre et parcourt. En une sortie, on peut faire un peu de plage, un peu de vert, un tour de quartiers divers, avec une halte au coucher du soleil... j'adore, j'adore, j'adore !

Meva, c'est celle qui sourit à tout le monde et s'attire camarades sur camarades de tous âges ! Mais ceux qui l'intéressent le plus ce sont les enfants... Elle les hèle de toutes ses forces, tout en s'agitant d'excitation, leur faisant comprendre clairement qu'elle veut se taper un brin de causette ! Et comme par hasard les enfants qui la croisent dans la rue, à la plage, ou en ballade, ne manquent pas de lui faire des coucous, des caresses, des bisous, des "je peux la porter ?", etc... Dommage que les photos souvenirs de ces moments mémorables sont rares...

"Alors, lui, en haut, c'est Stephane. Il a deux/trois mois de moins que moi. J'adore babiller avec lui, même s'il ne sort que des sons incompréhensibles.... ce qui m'épate le plus chez lui, c'est sa capacité à s'endormir en moins de deux dès qu'on l'allonge quelque part... moi, c'est vraiment pas mon truc !"

"En bas à droite, c'est le club des "grandes", toujours en train de se chuchoter des secrets et toujours en train de s'inventer dix mille jeux auquels j'aimerai bien participer un jour... en bas à gauche, c'est la terrible-girl-piplette-coquinette qui me fait toujours plier en quatre... je me demande comment maman a pu me laisser dans ses bras même si ce n'était que pour les quelques secondes de photo !! "

"Après, il y a aussi les topains de la plage, ceux de la marche des roches, ceux de la promenade du golf, ceux qu'on croise un jour dans la rue et qu'on ne revoit plus jamais.... dommage que papa et maman ne pensent pas toujours à avoir sur eux leur appareil !"

Elle fascine Meva. Elle est belle comme elle. Elles se voient plusieurs fois par jour. Gazouillent ensemble. Font tout pareil. Se touchent. Mais pourquoi c'est froid ?

C'était histoire de marquer la fin de l'année de naissance de Meva. Et c'est à Awala-yalimapo, en terre amérindienne, qu'on décide de lui faire vivre cette première nuit en dehors de chez elle. Une première expérience aussi pour nous, qui partons souvent sans organisation quelconque, un peu à l'improviste et le plus léger possible ! C'est du sérieux : on réserve une chambre chez l'habitant, s'attarde longuement pour amasser tout le matos nécessaire, et on décolle enfin après encore des heures de revérification : la cuvette pour le bain, les couches, le savon, le gilet, l'anti-moustique, le chapeau, le doudou etc...

Les autres avaient en partie raison : rien n'est plus pareil quand on a un enfant. On avait prévu partir tôt le matin, on ne décolle que tard vers midi (ceci dit, avant bébé on serait parti tard vers 11h !). Pause au restau à Sinnamary. Comme Meva attrappe tout ce qu'elle peut, on mange chacun à notre tour, l'autre évitant aux plats de s'envoler... Ouf ! On s'en sort avec uniquement un tit' punch renversé (sur la nappe en papier qu'elle a réussi à ne déchirer qu'à moitié !)...

Une fois à Awala, pas de chance, on est arrivé un peu tard dans l'après-midi, ils ont donné notre chambre à d'autres... c'est ça la guyane ! Des situations similaires aux quatre coins du globe, à vagabonder d'hotels en hotels overbookés ou qui n'existent plus, on connait ça ! On reste cool. Bébé suspendu aux hanches de sa maman, on part vaillamment à la recherche d'un endroit où passer cette fameuse première nuit en dehors de la maison. Finalement, un grand carbet commun au coeur du village nous offre un lit (plus pratique que les hamacs pour s'affairer avec bébé).

C'est dans une case en paillote mi-traditionnelle amérindienne que Meva va donc passer sa première nuit en dehors de chez elle : au dessus de nos têtes, du végétal savamment tressé, plongeant, sur les côtés, jusqu'à mi buste environ ; des briques empilées grossièrement font office de muret ; sol cimenté... D'énormes blattes s'affairent sur les poutres autour de la lumière. Et malgré les moustiquaires "muraux" et les mosquitos en spirals qu'on a allumés, de monstrueuses moustiques coriaces et avides de sang ont animé notre nuit... On ne pouvait pas "mieux" pour notre merveille, comme entrée en matière de "vadrouille à la titine et xav".

A part les moustiques, tout s'est bien passé. Les cafards volants ne nous ont pas chatouillés les oreilles. Meva a été heureuse de son expérience. Les soins dont elle a contamment besoin ont été effectués sans aucun problèmes. Elle a fait de bonnes siestes. S'est bien amusée. Son garde manger - à savoir les toutounes de sa mômon - était toujours bien garni. Et malgré tout, elle a bien dormi la nuit.

Evidemment, une fois les changes, repas, besoins de dodo accomplis, nous partons faire de longues marches dans les environs : mer, embouchure, frontière surinamaise, villages...

Sur la route du retour, un petit détour à Javouhey nous réserve une sympatique surprise : les hmongs fêtaient leur nouvel an et c'est la deuxième fois en ces 5 mois de vie que Meva assiste à cette fête haute en couleur !

En ce moment, tout le monde s'empifre de chocolat et d'extra choses originales. Pour Meva la période de noël correspond au début de la diversification alimentaire ! Petit pincement au coeur (de joie et d'émotion) pour sa maman qui lui sert pour la première fois autre chose que le sein... C'est une compote de pêche proposée à la cuiller. Quelle expérience ! Notre merveille veut se servir aussi, toute seule comme une grande (déjà !), saisir le boulgui-boulga à la main, tirer sur la cuiller, tirer la langue aussi, et c'est tellement bon qu'elle en met jusque dans le nez !

Noël 2006, c'est le premier noël que l'on passe avec Meva. Alors que nous avons l'habitude de vadrouiller aux quatre coins du globe pendant les vacances de fin d'année, nous avons décidé de passer notre premier noël en famille, à la maison. Que d'émotions... Nous avons dîné à la chandelle... Et nous avons même fait un sapin, chose que nous n'avions jamais faite depuis que l'on se connait... Les lumières ont éblouie la petite ; les boules et les guirlandes l'ont beaucoup amusée, mais elle n'a pas encore pu voir le père noël... et comme Uyuni le chat, elle a été effrayée par les pétards et feux d'artifice !

Une fin de l'année 2006 qui s'est mémorablement déroulée ! 

Depuis qu'elle s'assied, sa grande mode c'est de vouloir s'asseoir dès qu'elle ouvre les yeux après une sieste... sans transition aucune, elle fait la coquine !

Meva s'est amusée de nos longues déambulations entre les centaines de cartons de mégachauss. On passe, on regarde, on repasse, on s'arrête, on touche, on s'accroupit, on s'aggrandit, on palpe, on teste...  pas facile de tester ! La puce plie les doigts des pieds : "mais pourquoi papa et maman tiennent tant à cacher mes orteils ?"

Quelques heures plus tard, elle chausse, et "explore la chose". Ca a l'air très intéressant !

Non, ça ne prend pas du temps ! Non, ce n'est pas dégueulasse !

Titine a connu l'époque des langes (à Mada) , ayant eu maintes occasions de s'occuper de plusieurs petites cousines (on s'initie tôt au maternage chez nous !!). Elle sait de quoi elle parle : mettre les mains dans un "truc" tout dégoulinant... et les différents plis et techniques d'attaches pour la mise en place sur bébé (à faire dès que la couche est mouillée)... Sans parler du boulot que ça représente : les x étapes de trempage, le lavage à la main (car les lave-linge sont inaccessibles pour les malgaches de base), étendre le tout pour le séchage, le repassage inévitable pour adoucir au mieux le lange, etc... Bref, rien de très motivant, présenté comme ça... Mais l'idée trottait quand même dans la tête têtue de Titine. Question culturelle. Question écologique. Question économique.

Le hasard de nos recherches sur internet et nos différents centres d'intérêts nous ont mené sur le site de "bébé au naturel", où l'on a découvert l'existence de plusieurs types de couches lavables : une vraie jungle ! Titine n'en croit pas ses yeux : elle s'acharne, parcourt des sites et des sites pour plus de renseignements, de témoignages, des pour et des contre. Tout concourt aux réponses à ses préoccupations culturelles, écolo et écono... Après plusieurs mois, c'est décidé, on fait des essais sur trois modèles différents du point de vue textile (bambou, chanvre, coton/polaire) et dans la manière de faire (la technique "couche qui absorbe + culotte imperméable à part" et la technique "tout en un") .

Notre choix final a été rapide : les Fuzzi Bunz : pratique comme une couche jetable (c'est "couche et culotte intégrée" tout en un) (il n'y a pas plein de manip à faire), simple d'utilisation (il y a juste un insert - tissu absorbant - à glisser dans la poche prévue pour), ça sèche très vite (il n'y a pas besoin d'investir des masses) (on peut "trainer" un peu point de vue lavage), effet sec pour bébé avec le tissu polaire (et ça ne fait dégoulinant et dégueu...), pas de problèmes de rougeurs et d'irritation du siège, ça ne fait pas encombrant et grosses fesses comme d'autres couches lavables !

Notre seule hésitation, c'était le tissu polaire : doux et "effet au sec" pour bébé, certes, mais pour nous c'est un tissu chaud dont on se sert quand il fait froid... or on habite en Guyane, où il fait toujours chaud et où l'on sue beaucoup... on avait donc un peu peur que le polaire chauffe trop les fesses de bébé... après les essais, aucun problème : pas de signes de malaises, pas de réactions qui pourraient supposer le "trop chaud", elle a l'air de se sentir bien et de n'avoir aucune gène !

Résultat actuellement, on tourne avec environ 16 couches qu'on lave en gros deux à trois fois par semaine... Pour les inserts (tissu absorbant qu'il faut glisser dans la poche prévue pour), on en a testé plusieurs : ceux qu'on préfère sont les classiques triple épaisseurs (grand format).

En ce qui concerne le temps que ça prend, tout est une question d'organisation. Et avec la machine à laver, franchement, ce n'est pas compliqué...

Ca donne concrètement (maintenant qu'on a trouvé notre rythme, on est content de partager notre expérience avec ceux qui voudraient s'y mettre et qui se posent des questions) :

- une fois les couches lavées et séchées, on met les inserts dans la poche prévue pour (les inserts sont obligatoires, sinon, ça n'absorbe pas) et pose les couches prêtes à être utilisées dans la salle de bain de bébé

- si pipi : on enlève la couche sale, retire l'insert et met le tout de côté. Si gros paquet (dès que bébé commence la diversification alimentaire) : on enlève le paquet avec du papier toilette (avec le tissus polaire, ça se détache aussitôt sans le moindre effort), on met de côté le paquet, puis on retire l'insert et met le tout de côté.

- on nettoie et change bébé qui patiente ensuite un peu

- on rince couche et insert souillés qu'on laisse ensuite tremper dans un seau/poubelle où l'on a mis de l'eau avec trois ou quatre gouttes d'huile essentiel d'arbre à thé. On referme le seau (qui se trouve sous le lavabo).

- enfin, si c'était un paquet, on prend bébé d'un bras (avec un gros bisous parcequ'il a patienté le temps de rincer la couche), de l'autre main, le paquet (enveloppé dans du papier toilette donc) que l'on emmène jeter direct aux toilettes. Chasse d'eau (qui impressionne toujours bébé). On se lave les mains et le tour est joué.

- quand le seau est plein (ou plutôt quand on a épuisé la moitié de toutes les couches) (en gros en deux/trois jours), on emmène le seau rempli là où se trouve la machine à laver le linge. On essort grossièrement les couches et inserts qu'on met ensuite dans la machine. Lessive bio (ulrich) très économique (ultra concentré). Et hop, ça tourne !

- On jette enfin l'eau où tout a macéré, et on remet le seau (rincé) dans la salle de bain, sous le lavabo, avec une nouvelle eau et les gouttes d'huile. Et c'est reparti...

- Quand la lessive est faite, on étend le tout en plein air mais à l'abri de la pluie tout de même, et en quelques heures à peine (en Guyane), c'est sec. Pas besoin de repasser.

Voilà !

Bilan : super pratique et économique ! On est très fiers... et on ne peut qu'encourager les personnes qui hésitent encore !!! Un geste pour la planète, c'est un geste pour vos arrières-petits-enfants !

Résumé du matos qu'il nous a fallu : les couches fuzzi, les inserts triple épaisseur grande taille (au même nombre que les couches), de l'huile essentiel d'arbre à thé, une lessive bio, et un seau/poubelle qui ferme.

Pour les Guyanais intéressés, "Bébé au Naturel" livre en Guyane, mais ça met énormément de temps (ça traine dans les bureaux de douane ici) et on a des frais d'octroi de mer en plus à payer... le mieux c'est de se faire livrer chez quelqu'un en France qui vous l'enverrait comme cadeau.

Depuis que je m'assieds, on veut tout me faire essayer... l'autre fois c'était sur la chaise de géants, aujourd'hui, c'est par terre ! C'est froid , dur, et pas toujours rassurant, mais bon... je veux bien poser pour mes parents capricieux ! Qu'est-ce que je ne ferai pas pour eux, d'ailleurs !? Quand je pense que j'étais à deux doigts de tomber en faisant le clown !!