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Carnet de vadrouilleurs

20 mai 2005

A la mode de chez nous....

Quand le ras-le-bol des cheveux crépus devient l'occasion de passer un moment de pur bonheur...

Scène typique d'un dimanche après-midi. A l'ombre d'un palmier dans un jardin ou sur le trottoir au bord de la route, devant leur maison, les unes et les autres sortent nattes pour s'assoir à même le sol. La tresseuse reste la plupart du temps debout, opérant sur une tête avec souplesse et fermeté ! Celle qui se fait coiffer reste assis immobile, des heures durant, en supportant des tiraillements du cuir chevelu. Dès que les cheveux font suffisamment touffes, tous les âges passent par cette expérience transmise de génération en génération, depuis l'Afrique ! Pour les plus petites, ce sera l'occasion de l'apprentissage de la patience. Pour les plus grandes, c'est l'acceptation de la souffrance pour se faire belle, tout en papotant de tout et de rien, des derniers potins, de la mode, de l'amour, des soucis quotidiens, etc... Pour moi personnellement, ces longues heures représentent énormément !! Ne serait-ce que dans les échanges culturels... Autour, sur des chaises, quelques "spectatrices" tiennent compagnie et participent à la conversation : la cousine venue faire un tour dans le quartier, la voisine d'en face, les autres soeurs qui habitent sous le même toit, etc... Les petits en bas-âges sont aussi toujours de la partie. Ils s'occupent en se roulant dans l'herbe ou la poussière, jouent avec une sandalette ou un morceau de bois quelconque. Une mama corpulente fait des aller-retour vers la cuisine, d'où elle crie parfois pour donner son avis. La langue parlée est très rarement le français. C'est dans ce contexte que je puise un des meilleurs moments de bonheur partagé avec les gens d'ici !!

Résultat :

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8 mai 2005

tranquille tranquille

Voilà deux mois qu’on n’a rien écrit sur nos week-end !! Deux mois entrecoupés de deux vacances de quinze jours ! Ce qui explique en partie que pendant cette période, par moment nous préférions plutôt rester un peu chez nous, profiter de la maison… Sans parler de la saison des pluies qui est par moment « terrible » !! L’occasion de goûter pleinement aux grasses mat’ interminables ou de se prélasser paresseusement au lit sous la couette (enfin… euh, pour nous la couette, c’est un simple drap, quand même !!) (de quoi se remémorer les longues journées d’hiver picard à ne rien faire), à bouquiner à longueur de journée ou regarder des dvd…

 

Au moindre éclairci, par contre, on sort de notre trou pour respirer la nature ! Petite marche et baignade à la plage, si le temps guète encore. Et si c’est dégagé, pique-nique, canoë, bivouac ou carbet…

 

 

26 avril 2005

Dernière ligne droite avant les grandes vacances 2005

Pas vraiment grand chose de neuf... "tonta mivadibadika" comme on dit chez nous (que des vieilleries, quoi !!). Petites anecdotes par-ci par là dans notre quotidien et nos week-ends, les vacances de Pâques en Martinique, et surtout le boulot !!!

Nous avons passé nos dernières vacances de l’année scolaire il y a trois semaines, et reste neuf longues semaines de boulot non stop avant les grandes vacances (mmhhhh… on rêve déjà…) !!! Ce qui est drôle c’est que tout le monde en a déjà plus que marre !! Lassitude et fatigue sont les mots qui reviennent le plus à la bouche dans le milieu de l’enseignement, chez les profs, comme chez les élèves (sans parler des répercussions chez les parents et dans le milieu extra-scolaire) (ça concerne tout le monde en fait)… C’est vrai que tous se sont plutôt bien habitués depuis le mois de décembre à avoir 15jours de vacances tous les mois !!! Dur, dur jusqu’à fin juin !!

Dans le milieu artistique, c’est aussi une période agitée : la dernière ligne droite de l’année (on suit le calendrier scolaire) rime avec préparation de la méga exposition de fin d’année de tous les élèves de l’atelier, de 3 à 72 ans !! Et en gros, ça veut dire… réserver une salle, préparer des affiches et des invitations, sélectionner trier les travaux depuis le début de l’année, résoudre l’équation effectifs des élèves / nombre d’œuvres / surface du mur, se réunir entre intervenants pour des coordinations et des mises au points, puis au final, accrocher, disposer…. rdv le 3 juin pour le vernissage ! On attendant, on bosse très dur !

A côté de ça, une exposition personnelle est aussi en train de se mijoter pour l’artiste !! Quant au prof, lui aussi mijote des petites choses importantes, projet « jeux d’échecs pour lutter contre l’échec scolaire », projet d’échanges avec le Surinam… et… et… et… Chut !! on a aussi un secret, dont on vous parlera peut-être un jour… à suivre !!

Voilà en gros l’actualité (sérieuse) qui nous préoccupe tous les deux ces derniers temps ! On n’écrit pas trop, mais on pense bien à vous. Bises à tous.

23 février 2005

Pluie et grisaille tropicale...

Ca y est c'est le calme plat. Depuis les vacances de noël, ça n'a pas arrêté de bouger, et ce jusqu'à la fin de ces vacances de février !! Il y a eu les fêtes de fin d'années, aussitôt enchaînées par le long mois de carnaval, qui, lui, a terminé en beauté en pleines vacances de Février !! Maintenant, fini les bûches de noël, les défilés carnavalesques, les longs week-ends festifs, les galettes des rois... même les journées à lézarder à la plage se font de plus en plus rare : d'abord, parce que ce n'est plus les vacances, mais surtout parce que le soleil est lui aussi parti avec cette période effervescente...

Depuis la rentrée, seuls la pluie et le ciel gris nous accompagnent. Un peu tristounet ? Non, pas vraiment ! Comme d’habitude, on essaye de voir et percevoir les choses différemment ! Ici, pas de gouttelettes comme en France, glaciales et fines, qu’on ne remarque que sur les duvets mal camouflés, et qui ne donnent pas du tout envie de mettre le nez dehors. Ici, comme des mains en transe toute une nuit sur la peau d’une bête tirée d’un tambour, la pluie, des heures durant, frappe toits en tôles et gifle routes goudronnées. Les feuilles des arbres ondulent sous le rythme de ce battement. Concert visuel et auditif magique. Les gouttes, tièdes, énormes et lourdes, picotent nos peaux nues. Avez-vous déjà imaginé un massage de pluie revigorant en maillot de bain dans votre jardin ?! Essayez quand les températures vous le permettront, ce n’est que du bonheur !!

Mise à part les rêveries, avec du recul, la saison des pluies en Guyane est quand même parfois impressionnante car il peut pleuvoir une semaine entière (voire plus) sans s’arrêter. Mais ce n’est pas ce qui nous empêche de vivre notre quotidien habituel, car heureusement, les températures restent douces. Avec un parapluie, en short et en tongue, on va donc chez le chinois faire nos petites courses... de même pour aller bosser (heu, à quelques détails vestimentaires près, quand même !). Les week-end, même s’il est vrai qu’on ne sort plus systématiquement tout le temps, on s’évade de temps à autres, pluie ou pas pluie, en forêt ou sur les fleuves. Et au moindre éclairci, avec joie nous foulons de nos pieds nus le sable mouillé de la plage.

Pour vous donner une idée des pluies Guyanaises... quand ça pleut vraiment !!

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Une piscine le jardin... Ca rappelle l'enfance... bah ouai, à tamatave (mada) c'était dans le même esprit...

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Le déluge...

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12 février 2005

Petite balade dans le ciel....

12 février 2005 : journée historique pour kourou : la plus puissante des fusées Ariane a été lancée du fameux Centre Spatial Européen, dont le siège, je le rappelle est à Kourou même (oui, oui, ce petit bled où nous vivons, nous, titine et xav…)!! Vous en avez sûrement entendu parler ces derniers temps, et peut-être même vu des images à la télé ! Nous, nous avons participé à cet événement, en direct.

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Symbole de la puissance humaine, le vol d’une fusée est toujours spectaculaire.

Il y a tout d’abord l’attente. Des jours, des semaines, des mois. Des ingénieurs s’acharnent. Des touristes programment leur séjour en Guyane. Certains ont même réussi à reculer leur billet d’avion. Sur place, les locaux croisent les doigts car les enjeux économiques de la réussite d’un vol spatial sont importants pour le département (Pour notre cas, par exemple, pas de honte à dire que si jamais ce tir est un échec, notre maison perdra de sa valeur…). Attente pour tous, donc. Le décollage est prévu à partir de 16h49. Nous programmons de nous « poster » à la plage pour le « spectacle ». Nous partons de la maison avec notre ami Nico, vers 16h45, avec un petit pincement aux fesses car point de vue timing, c’est un peu juste : le dégoût si la fusée décolle alors qu’on est en voiture… De ça, de là, des gens sont déjà en train d’attendre. La méga hallucination, c’est en s’approchant de l’avenue des roches (c’est la route qui longe la plage) : embouteillage, voitures garées de partout sur les trottoirs, les places des parkings sont toutes pleines… Sur la plage, du jamais vu ! Une foule comme pas possible !!! A croire que toute la Guyane blanche (car, il faut le dire, le public pour la fusée est largement à majorité blanche…) s’est déplacée pour l’occasion dans la ville spatial . On se croirait à Deauville un week-end d’août !! A part le décor, on n’a plus l’impression d’être à kourou. Il fait beau. Les touristes blanchis par l’hiver d’où ils viennent font bronzette et causette. Ca pue la crème. Certains, surtout les enfants, se baignent. Les appareils photos mitraillent déjà (il faut dire que c’est tellement exceptionnel de voir la plage comme ça… les comiques diront qu’on pourrait même se passer du décollage…) ! On s’attroupe autour de la camionnette-bar pour se rafraîchir et suivre en direct à la télé ce qui se passe dans le centre spatial. Ambiance sympathique. Papotage. Pourquoi c’est si long ? encore une mise au point ? blablabla… Dire que tous attendent un événement qui ne va peut-être même pas avoir lieu. D’ailleurs, à 17h15, toujours rien !! Deux fausses alertes « c’est dans 5mn il paraît, vite, vite ! »… La belle se fait vraiment désirer.

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Attroupement général. Après le spectacle de l’attente, vient le spectacle, le vrai, celui du décollage. Tout va aller très vite. Des centaines de paires d’yeux fixent la même direction, là bas, à l’horizon, ce qu’on pourrait croire être l’extrémité de la plage. De la verdure de la forêt amazonienne se dégage une touffe énorme de fumée grise foncée. Les enfants crient en chœur 5-4-3-2-1…. Quelques minutes de silence magique ouvrent le rideau imaginaire de la scène à un crachat de feu. Expulsion de la fusée. Des « ho ! » et des « waw ! » accompagnent des clics d’appareils photos. Balancement de têtes et léger pivotement des corps en parallèle, telle une chorégraphie longuement préparée, suivent la trajectoire de la chose métallique de dix tonnes. Danse cosmique pour Ariane. Plusieurs doigts, au bout de bras bien allongés et parallèles eux aussi, pointent vers une traînée de fumée géante blanche impressionnante qui se détache du ciel bleu, derrière la queue de feu de la fusée. C’est beau. C’est puissant. Vraiment spectaculaire. Au bout de quelques minutes, alors que la chose n’est plus qu’un point qui disparaît derrière les nuages, enfin, le bruit du décollage, l’énorme boum à retardement, celui-là même qu’on entend jusqu’à une cinquantaine de km de kourou et qu’il faut vraiment entendre au moins une fois dans sa vie !!  Un spectacle auditif mémorable qui ne dure que quelques secondes.

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Cris de joie et applaudissements, avant même qu’on ne sache si la mission est un succès ou non. Parce que le décollage est une chose, le détachement et la pose des satellites est autre chose. Commentaires des émotions. Agitation dans la foule. Le spectacle est terminé. Déjà certains reprennent le chemin du retour. D’autres ont encore le nez vers le ciel. Non pas pour scruter la fusée dans l’univers, mais pour admirer ses traces dans le bleu. Voilà que la fumée épaisse blanche qu’elle a laissée derrière elle, doucement s’évapore et  forme des images qui font vagabonder l’imagination…. Nous repartons, pire qu’en venant, dans un embouteillage monstre. L’occasion de se brancher sur rfo pour écouter la suite, plus sérieuse, du déroulement du vol. Décollage réussie, mission réussie. Derniers applaudissements en direct. Un succès total pour Ariane 5 !! Une belle après-midi pour nous.

Ci-dessous, quelques illustrations à cliquer pour voir de plus près...

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12 février 2005

On se fait tit carbet !

Quand on a du temps, en vacances ou non, pour profiter de la Guyane, on se retrouve forcément à un moment ou à un autre dans la forêt et sur un fleuve (c’est vrai qu’il n'y a pas beaucoup d'autres choix...) ! Même ceux qui n'ont pas d'embarcation trouvent toujours le moyen pour s'enfoncer plus ou moins dans la jungle... Pour notre part, en cette dizaine sans bouger de la Guyane, une tite virée verte est évidemment incontournable.

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Nous avions deux jours devant nous (jeudi 10 et vendredi 11) : avant ça, on a fêté le carnaval à fond (on va y venir dans nos prochains récits, histoire de garder le meilleur pour la fin...), et après ça, un repas avec des amis est programmé... pour la semaine prochaine, on verra bien !! Deux jours, c'est l'occasion idéale pour notre escapade rituelle dans les profondeurs des charmes de dame Amazonie. Avant le départ : vérification des touques (pour éviter que nos affaires ne soient mouillées, on les met dans des touques, sorte de bidons en plastique étanche), hamacs, cordes, moustiquaire, bougies, allumettes, camping-gaz, vaisselle, boîtes de conserve, effets personnels de Môsieur le chat… Puis du jardin, on hisse la pirogue, zigzague entre les plantes, on ajuste les tringles en bois sur le toit de la voiture et le sport peut commencer : on tire, on soulève, on porte, on retire, on reporte, on fixe le tout. L’agitation inquiète un peu le chat, mais le tour est joué une fois qu’il est dans la voiture. Il ne reste plus qu’à supporter pendant quelques kilomètres ses miaulements. Ca tombe mal, on n’a pas d’autoradio !!!

On a traîné un peu pour les préparations. Et on ne sait pas encore où aller. Le choix des rivières avec leurs multiples embranchements est très très très large. Et même si en gros on peut avoir l'impression que c'est toujours la même chose (y a qu'à voir les photos qui ont l'air répétitives), dans le vécu, c'est différent : chaque lieu et chaque moment a sa particularité. D'ailleurs, une même crique (petite rivière) montre d'un jour à l'autre une facette différente, toujours belle et encore plus mystérieuse. On ne peut jamais se lasser de réexplorer des endroits maintes et maintes fois parcourus. Comme il est bientôt midi, pour ne pas faire trop de route et se retrouver rapidement sur l'eau, on décide vite fait bien fait d'aller sur notre cher fleuve Kourou. Celui-là, c'est toujours soit quand on n'a pas beaucoup d'inspiration, soit quand on a peu de temps qu'on s'y retrouve !!!

Mise à l'eau habituelle. Tit chaton devenu un gros matou doit accepter quelques minutes la cage (son collier ne lui va plus, donc impossible de lui mettre la laisse) le temps d’être paré pour l’embarquement... Vous l’aurez entendu… on aurait dit un singe torturé à mort !!!! Pour la suite, pas de palabres… activités que vous devinez sympathiques autour du carbet (case en bois entièrement ouverte, où l’on pose nos hamacs et installe nos affaires) que l’on a squatté : zen, nature, baignade, rames, concert d’animaux sauvages (moment de musique intense quand dans le concert des oiseaux et des insectes, les singes hurleurs sont entrés en scène !! ) etc… que du bonheur, du pur bonheur !!

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30 janvier 2005

Rivière des cascades (suite et fin)

Place au soleil ! Ca c’est magique en Guyane ! Quelques minutes avant c’était tout gris et il a plu en trombe, quelques minutes après, le ciel est bleu et ensoleillé !

La rivière des cascades est charmante, relativement petite mais suffisamment large pour être assez dégagée et laisser les rayons du soleil nous dorer. Couloirs d’embranchements par-ci par-là. Passages (au fur et à mesure que l’on s’enfonce) d’abord noirs, puis couleur saumon, et « au bout » transparents.  Plagettes et bans de sable propice à de bonnes baignades dans les profondeurs de la forêt. Ici, aucun carbet et aucune embarcation !! Décor. Cris d’oiseaux au loin. Légers battements d’ailes bleues des papillons morphos dansantes. Froissements de verdure (des singes ?) dans les hauteurs des arbres géants de la forêt. Luxe, calme et volupté. On est bien ici !! On se demande où sont les cascades à l’origine du nom de cette rivière… Peut-être sont-ce tous ces petits écoulements d’eaux qui viennent des terres argileuses de part et d’autre de la rivière ? C’est vrai que c’est tout à fait particulier, et qu’en laissant bien planer son imagination à l’écoute du bruit que ça fait, on pourrait penser à des cascades en miniature…

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Fin d’après-midi. La marée est bien basse. Oui, oui, on ne l’a pas encore évoqué… A cause de l’immensité du fleuve Amazone, la marée, basse ou haute, est très intense dans la région, et se fait donc ressentir en profondeur des terres, jusqu’à des centaines de kilomètres de la mer, dans les fleuves et rivières au fin fond de la forêt… étrange, mais vrai ! La marée est donc bien basse. De la surface de l’eau, des troncs et des branches surgissent. A certains endroits, il n’y a presque plus d’eau. Se forment alors des îlots caillouteux colorés de quelques touffes d’herbes. Le paysage est plus ou moins similaire sur la crique Inini (pas très loin d’ici) en marée basse. On a donc l’habitude.

Mais un méga gag nous attend au dégrad où l’on a mouillé la pirogue (et où il faudra donc la remonter sur la voiture). La marée basse a retiré avec elle une bonne partie de la rivière, ne laissant à cet endroit-là que quelques bons mètres d’argile noire bien gluante et grouillant de crabes !!!!!!! Comment tirer la pirogue jusqu’au chemin sans trop patouiller dans la boue, mais surtout sans se faire pincer par les milliers de crabes qui se promènent par là ?!! Crise de fous rire pendant quelques bonnes minutes !!! On n’a que nos tongues, et pas beaucoup de choix. Je propose « un plan d’enfer » à Xavier. Lancer jusqu’au chemin une extra longue corde bien solidement attachée à la pirogue. Se débrouiller en sautant sur les restes de pirogues kapoutes parquées un peu plus loin sur le côté pour éviter au mieux la vase et les crabes… Passer dans la broussaille folle où l’on peut imaginer dix mille autres sortes de bébètes un peu plus gentilles que les crabes… Puis tirer la pirogue (une soixantaine de kilo seulement…) de la boue (ça par contre ça alourdit plus…), avec la longue corde !! J’ai vraiment vu trop de Mac Gyver dans mon enfance, d’après xav.

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Il préfère juste compter sur les herbes folles sur le côté. Crises de fous rire à nouveau !! Car au sol, sous les herbes, il n’y a rien que de la vase… et des crabes !!!! Au premier pas, il perd sa savate après un bon schhplooocht qui l’enduit de gris foncé jusqu’au genou !!! Le reste du chemin se fera pour lui sans trop réfléchir (au point où il en est) dans la boue, droit devant ! Un vrai commando !! Il atteint le chemin avec de nouvelles bottes grises assorties avec son maillot de bain, et de supers gants (drôle d’idée sous cette chaleur…) (« collé dans la boue », perdant l’équilibre, il a dû aussi y plonger la main) (sans parler des maintes tentatives de pêche des savates englouties par la vase)… La chance dans cette histoire, c’est de n’avoir pas été pincé du tout !! Une fois le sol dur atteint, il récupère la corde que je lui lance depuis la pirogue et à mon tour...

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Hésitant des minutes durant, la peur au ventre et pourtant le rire toujours aux lèvres (tellement comique la situation !!), à mes risques et périls, je bondis de tout mon élan, en plongeant sur plusieurs mètres contre les pirogues kapoutes. Si je rate, je pique le nez dans la boue, c’est sûr, et c’est une séance de beauté gratuite à l’argile noire et de laideur aux pinces de crabes à laquelle j’aurai droit !! … Ouf ! Je m’en sors avec un seul pied dans la boue jusqu’au niveau de la cheville. La suite n’est alors plus qu’un jeu d’enfant. Equilibre sur ce qui reste de deux vieilles pirogues en bois suffisamment longues à elles-deux pour atteindre sans difficulté le sol dur. Après, c’est un passage dans la broussaille folle et haute, peut-être plein de pous d’agoutis, de fourmis rouges et autres bébètes, mais en tout cas bien c’est de loin bien plus rassurant que la vase noire grouillant de crabes…

Première étape difficile mentalement mais passée plus ou moins bien. Deuxième étape plus rude physiquement. On tire avec peine la pirogue au ho-hisse… il y a le poids, il y a la boue qui ralentit tout, il y a les « gants » à xav qui noircissent et font glisser la corde, et il y a en plus le ridicule de la situation qui nous fait toujours rire. Au bout d’au moins une bonne demi-heure, la pirogue est sur le toit de la voiture. Le plan a marché. Merci Mac Gyver.

Belle exploration, belle aventure… Une journée pleine d’émotion !!

30 janvier 2005

Exploration de la rivière des cascades(première partie)

Ce dimanche est un grand jour : nous décidons d’explorer une nouvelle crique pas trop loin de Kourou !! Canoë sur le toit de la voiture, léger picnic et parapluie, et c’est parti pour une belle journée !! Le temps est chargé, mais c’est toujours un plaisir une escapade comme ça. Direction route de Montsinery. Un long « raccourci » en goudron étroit et défoncé qui va de Macouria à la route de l’Est s’entortille à travers la forêt. Quatre ou cinq criques (dont l’une de nos préférées « l’Inini ») traversent cette route. Ce qui déterminera rapidement notre choix du jour, c’est le niveau de difficulté de mise à l’eau de la pirogue. Toutes les rivières ne sont pas accessibles : pas de piste jusqu’à l’eau ou s’il y en a, la forêt y a repris ses marques !!!

En contrebas du pont de la rivière des cascades, un étroit chemin de terre rouge de quelques mètres est tout juste accessible en voiture. Le choix est fait !! On ne va pas trop loin avec la 106 car avec la pluie qui a dû tomber par ici et avec le phénomène de marais, la sol est très mou. On préfère donc porter ou pousser sur plusieurs mètres la soixantaine de kilo que fait notre ‘tite pirogue. C'est toujours avec une grande excitation qu'on mouille pour la première fois sur un dégrad (nom local qu'on donne aux embarcadères) encore inconnu. Dans la précipitation, au niveau de l’eau, voilà que nos tongues restent coincées dans cinq centimètres de vase grise bien gluante !! Moue de dégoût mais toujours sourires au visage, on saute sur le canoë, et on gratte durant quelques bonnes minutes nos semelles et nos pieds suspendus dans l’eau. Quelques coups de pagaies et on oublie déjà tout ! Le temps menace. Déchirement dans le ciel bas et lourd. On quitte à peine le bord que de grosses gouttes de pluie nous tombent dessus. Très vite c’est le seau d’eau. On rame rapidement pour s’abriter sous le pont. L’activité nous échauffe. Pluie et sueurs nous collent à la peau. Nous sommes trempés et tout émus d’être là, sous la ferraille rouillée du pont, où l’écho de la pluie résonne et vient teinter d’une note originale le brouhaha alentour de chaque goutte sur la rivière et dans la forêt de part et d’autre. Le tableau est magnifique : infinies ficelles d’eau qui tombent du ciel pour finir auréolées dans le sillon de la rivière. Mais chaque chose a son temps et ce n’est pas plus mal : la pluie cesse et on veut la découvrir cette rivière !!! 

(à suivre)

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12 décembre 2004

Avortement de "la crique des pères"

Ces derniers temps, les semaines étaient plutôt difficiles, entre les réunions, les conseils de classes, le top chrono pour la restauration des peintures, etc... vlà un week-end bien mérité ! Ce n'est pas que les autres fois on ne le mérite pas, mais là, on est vraiment saturé!! Sans parler du taux de chlorophylle dans nos sang qui a atteint un niveau très critique !

Samedi matin : la question des week-ends est souvent le « où aller ? »  !! Il y a tellement à faire ici !! Une fois de plus, la hâte nous a mené sur le fleuve Kourou : objectif : faire le moins de voiture possible et se retrouver au milieu du vert à flairer le fleuve au plus vite… mhhh… vous savez, cette odeur d’évaporation blanchâtre indescriptible qui s’émane du goudron noir brûlé par le soleil et  rafraîchi par de grosses gouttes de pluie qui commencent par tomber une à une avant de se transformer en seau d’eau… ça se rapproche de ça l’odeur du fleuve… cette odeur même mixée à une enivrante odeur de forêt… mhhhh…

Pour changer de nos petites habitudes, nous décidâmes d’aller à la "crique des pères", une ramification du fleuve Kourou. Car en effet, oui, le fleuve Kourou a beaucoup d'embranchements, ce qui le rend entre autres toujours attirant. Ca faisait un moment que nous n'y sommes pas allés. Le "chemin d'eau" qui y mène est long, il faut faire pas mal de pirogue, mais le lieu est beau ! Le rempart de forêt est large de part et d’autre. Le fleuve est donc assez dégagé,  mais le plus marquant, c’est sa couleur saumon, très clair, presque laiteuse… le tout donne une sensation d’assurance et de confiance. On est là, l’eau nous appelle pour un bain jovial, on est tout simplement bien et on ne pense même plus aux bébêtes louches et chatouilleuses qu’il pourrait avoir… De plus, aucun carbet (case en bois) n'y est implanté !! Calme et solitude garantie au fin fond de la nature !

Au PK17 de la petite route de bitume un peu cahoteuse qui pénètre dans la jungle, un bout de forêt qui s'arrête dans le fleuve a été rasé pour servir de dégrad : c'est là qu'il faut mouiller l'embarcation. La piste rouge est sèche et poussiéreuse, et des sillons tracés par la pluie et par le temps se sont creusés. Il n'y a que quelques mètres pour atteindre le fleuve de la route goudronnée, mais il faut conduire très prudemment. De tant plus que les week-end, c'est un peu la cohue au dégrad. Les grosses voitures défilent à la queue-leu-leu avec leur remorque. On rit toujours de ceux qui avec leur 4/4 tout propret patinent et ont du mal à mettre à l’eau leur coque alu au gros moteur. Avec notre petite 106 un peu pourrie, notre petite pirogue en « plastique », on les nargue en deux trois mouvements !! Une fois à l’eau, nous oublions vite cette dernière agitation au bout de la route. La ballade peut alors commencer.

On s’enfonce, bercés par le ronronnement de notre mini moteur, et ivres des caresses folles de l’air environnant. Au niveau de croisements, il faut vérifier de temps à autre « le chemin » à prendre sur une carte précieusement gardée dans une touque (bidon range-tout en plastique). Au bout d’une bonne heure de pirogue, manque de chance, on tombe en panne d’essence et notre bouteille de réserve est déjà bien entamée. Il serait fou, inconscient et irresponsable de continuer plus loin. Modification donc du plan de départ : on décide de s’accrocher à un arbre et de se poser là, au milieu de nulle part et loin du monde. On ne verra pas les eaux saumons de la « crique des pères », mais on profitera à merveille du coin. Moteur éteint. Nous voilà cette fois vraiment seuls, avec les doux chuchotements de dame nature. Baignade. On plonge et remonte de la pirogue. Il faut être très vigilent à cause du courant. Notre système débrouille pour une baignade cool, c’est une longue corde bien attachée à la pirogue et sur laquelle on se hisse et on reste bien accrochés. Après avoir bien fait les fous, on déjeune, toujours sur la pirogue. Une banquette nous sert de table, et de part et d’autre, en tête à tête, seuls dans la nature, balancés par le courant, le tableau est romantique. Dommage qu’on avait oublié les bougies, hihi ! Après une petite sieste (toujours dans notre pirogue « sert tout »), une nouvelle partie de baignade, un semblant de pêche, et la journée s’achève doucement, à nouveau dans le ronronnement du moteur direction le dégrad avec les dernières gouttes d’essence.

10 décembre 2004

Et cette restauration, me demande-t-on ?!!

Pffffffft ! Une vraie torture ce chemin de croix !! Un boulot atroce ! Intéressant mais alors… quelle souffrance !!

Les tableaux sont « minuscules » à côté de mes habituelles toiles de plus d’1m / 1m sur lesquelles je laisse complètement exploser  mon énergie créatrice ! En plus de l’exiguïté de la surface picturale, le style  est plutôt très réaliste, léché, lisse, pas vraiment mon genre, mais bon… Il faut repasser derrière l’artiste, retrouver exactement ses couleurs et sa touche, suivre trait pour trait chaque forme, essayer de se mettre à sa place et respecter à 100% son travail et son point de vue. Techniquement, c’est enrichissant et ça me fait faire un bon exercice (sauf qu’il ne s’agit pas d’entraînements…) !! 

Le plus dur, disons, c’est qu’au delà de toutes ces particularités qu’on attend d’un « restaurateur de tableaux », il y a tout un travail sur soi à faire, ne pas se laisser emporter, se contrôler sur tous les plans, multiplier à l’infini sa patience, rejeter toutes ses idées et ses manières personnelles de faire, faire abstraction aux défauts et accepter malgré soi de les reproduire… Bref, il faut s’oublier complètement et, en quelque sorte tuer l’artiste en moi le temps d’une restauration !! Ce qui est très très difficile pour moi qui ai constamment besoin de spontanéité, de liberté et d’expression !!! 

L’envie de se surpasser est fort, tant psychologiquement que techniquement, et pour ça, l’expérience vaut vraiment le coup !! Je bosse dessus tous les jours. Mais j’avoue que j’ai vraiment hâte d’en finir… et 14 tableaux, ce n’est pas rien !! 

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